Partage de l’iftar dans un barrage de police à Béjaia, Un « déjeuner » avec la police « dyalna »

Partage de l’iftar dans un barrage de police à Béjaia, Un « déjeuner » avec la police « dyalna »
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Plus de 50 passagers ont accepté l’invitation des policiers

L’opération «Iftar» de la Dgsn se renouvellera chaque vendredi et ce jusqu’à la fin du mois sacré.

La Police nationale qui, durant la décennie noire, était obligée de fermer la route pour rompre le jeûne, en est arrivée aujourd’hui à partager le ftour avec les usagers de la route. C’est l’agréable constat que nous avons fait en cette soirée de vendredi à l’entrée sud de la ville de Béjaïa. Au barrage fixe de Bir Slam, il régnait une ambiance de fête.

Contrairement aux jours ordinaires, marqués par des contrôles divers, la police accostait les usagers pour les inviter à partager le ftour et prodiguer des conseils pour la bonne tenue sur la route. Dans ce reportage, il ne sera pas question d’arrestations sensationnelles ou de filatures et autres saisies. C’est une histoire ordinaire, celle de la rupture du jeûne dans un barrage de police pour en savoir plus sur la teneur d’une action entreprise chaque vendredi de ce mois sacré par la direction générale de la Sûreté nationale.

Vendredi 27 juin, à 19h 30. 9ème jour du mois de Ramadhan: barrage fixe de police de Bir Slam à Béjaïa. C’est la commissaire principale Ati Krenfla, qui nous a accueillis à notre arrivée. Elle, qui devait à ce moment précis être dans sa cuisine, se trouvait au barrage fixe pour accueillir, conseiller, informer et inviter les retardataires sur la route à rompre le jeûne. Avec le commissaire principal Sadek Athmaniou et les agents de police, elle s’affaire dans une mission spéciale, qui n’a de valeur que de confirmer la proximité de ce corps de sécurité avec le citoyen. Les visages ne sont pas crispés, malgré l’inéluctable fatigue d’une fin de journée de travail dans les conditions ramadhanesques. Une ambiance plutôt décontractée règne. A 30 mn de la rupture du jeûne, la commissaire principale Krenfla,

50 ans, supervise. Elle arbore une mine sereine, un sourire contagieux et une disponibilité sans faille, elle sera notre hôte pour ce reportage.

«Cette initiative du directeur général de la Police nationale, le général-major Hamel vise à rapprocher davantage la police du citoyen concrétisant le principe de la police de proximité. Elle passe par la prévention», rassure-t-elle. Elle se dirige vers le chef du barrage et lui donne des instructions. Le commissaire principal Athmaniou en fait autant de l’autre côté de la voie, «nous profitons de cette occasion pour conseiller et encore conseiller aux usagers de rouler doucement», explique-t-il. Statistiquement, la période qui précède la rupture du jeûne est celle qui est la plus marquée par les accidents. «Les gens roulent vite pour arriver à temps chez eux pour rompre le jeûne et c’est là que les catastrophes surviennent», complète la commissaire principale Krenfla.

C’est dans le fourgon de police garé en amont du barrage que se trouve le précieux f’tour, qui sera servi dans un instant. Plus de 50 passagers ont déjà accepté l’invitation des policiers qui, pour une fois, s’adressent aux automobilistes pour une invitation au partage au lieu du contrôle routinier. Un repas composé de viande, de la purée, une chorba, un yaourt, du pain, de la galette et une bouteille d’eau, une autre de jus, des dattes, de la zlabia, tout ça préparé à l’unité URS de Oued Ghir. Les invités de la police n’ont pas manqué d’exprimer leurs remerciements pour le geste qui, à leurs yeux, est d’une importance capitale. «C’est une initiative louable» estime ce voyageur qui se rend à Sétif.

La même appréciation est partagée par tous. «Avec ce geste, la police aura réussi peut-être à éviter des accidents», estime ce passager de Tichy. «Maintenant, je peux repartir tranquille chez moi», dit-il comme pour illustrer la réussite de l’opération de la police. La Dgsn aura initié une campagne de communication plus globale? D’une part, dans un souci de prévention routière, comme le cite le commissaire plus haut; d’autre part, pour redorer l’image de la police… La stratégie de communication de la Dgsn a changé depuis l’accession du général-major Hamel à la tête de la Dgsn. «Aujourd’hui, on admet volontiers qu’on se sent plus en sécurité quand un policier est dans les environs ou en faction sur la route.»

A l’image de dizaines d’autres témoignages similaires recueillis sur place, l’Algérien semble respecter plus l’homme en tenue bleue qui le lui rend si bien à travers ce partage de l’iftar.

Derrière leurs uniformes, les hommes et femmes en bleu n’échappent pas aux lois de la nature, ni aux joies de l’iftar. Une ambiance bon enfant planait encore sous tente, lorsque nous quittâmes le barrage Bir Slam pour nous rendre vers celui de Skala où l’inspecteur principal de police Mokrane Boulegane, chargé de communication au niveau de la sûreté de la wilaya de Béjaïa, nous a informés qu’«une quarantaine d’usagers de la route avaient partagé un repas avec les policiers au niveau de ce barrage fixe à l’entrée Est de la ville». Il en a été de même au niveau du barrage d’Ighil El Bordj à l’entrée Ouest de la ville.

Une initiative fort louable. Un policier qui sert le citoyen attablé. N’est-ce pas un cas inédit? Le travail du policier continue, allant inlassablement dans le sens des besoins d’un citoyen en quête de considération légitime d’une police désormais à son service. Et si, et si seulement ce moment pouvait s’extrapoler et s’étendre au-delà d’une campagne ramadhanesque!

L’espoir demeure, devrions-nous conclure. Nous quittons le barrage de Skala en direction du commissariat central pour saluer nos compagnons du reportage. L’opération «Iftar» de la Dgsn se renouvellera chaque vendredi et ce jusqu’à la fin du mois sacré. Après les opérations de collecte de sang, qui ont toujours singularisé ce corps de sécurité, la police innove pour la deuxième année de suite dans une autre opération de partage cette fois-ci, démontrant à qui veut le constater que «la police dyalna» a aussi du coeur et sait se faire aimer par les citoyens.