On en voit partout, des potelets reliés à des chaînes métalliques non officiels, posés par des particuliers qui protègent ainsi leur place de parking, évidemment illégale, sur le trottoir. C’est devenu une mode à Alger. Un petit clic, une main soulève le potelet, la voiture passe, on remet tout en place et le tour est joué.
«Ce sont les mêmes personne qui s’emparent des trottoirs. Parfois, des personnes se permettent de réserver des places pour leurs voisins ou amis, en posant ces fameuses chaînes sans se soucier des autres. Une personne rentre à 22h trouve où garer son véhicule alors qu’une autre qui rentre à 19h passe plus d’une heure à chercher une place, en vain», dénonce un citoyen habitant le Télemely. Les potelets ont aussi envahi les voies publiques et se postent même devant les bâtiments, cabinets médicaux…
Alors que dans la réglementation, il faut avoir une autorisation de la mairie pour s’approprier une place. Faute de parking, tous les endroits sont bons pour garer son véhicule. Des individus dressent des potelets pour réserver des places pour leurs véhicules une fois dehors, la place est gardée toute la journée. Ainsi, certains d’entre eux sont amovibles; on les actionne à l’aide d’une simple clef qui circule de main en main.
C’est fréquent à Alger. Même si le soidisant propriétaire libère sa place, cette dernière reste inoccupée toute la journée grâce à ces machins. Une attitude qui agace les citoyens. «A chaque fois que je viens au Télémly pour voir mon médecin, je galère à cause du stationnement. Et pourtant, ce ne sont pas les places qui manquent, mais elles sont occupées par ces poteaux reliés à des chaînes», témoigne Leila.
«Il faut que je gare ma voiture quelques part et remonter à pied pour voir mon médecin, pour repartir ensuite à pied afin de récupérer ma voiture alors que les trottoirs sont vides est en même temps réservés . C’est la galère au quotidien», se plaint Ahmed, la trentaine. Même partie en vacance, la majorité des citoyens ne daignent pas enlever ces chaînes ou potelets métalliques pour laisser la place aux autres. Ils restent là posés. «Mon voisin est parti en congé à l’étranger avec sa famille, mais la place de son véhicule est toujours réservée», s’étonne un autre Les potelets, apparus il y a quelques décennies, sont une solution au stationnement sauvage qui prend ses aises sur le trottoir ou tout autre espace piétonnier.
Leur usage de nos jours est parfois détourné. Pis encore, les potelets entravent la marche. Le trottoir est amputé sur toute sa longueur d’un espace d’une vingtaine de centimètres, nécessaire à la disposition de ces pièces métalliques. La situation est d’autant plus absurde que ces poteaux sont justement disposés dans des rues plutôt étroites et réservées à la circulation locale. Les automobilistes peuvent foncer, sans se soucier des piétons, puisque ces derniers demeurent confinés dans leur espace bien à eux. Enfin, ces bâtons disposés à distance régulière ont horreur du vide.
Sur cette bande de trottoir la plus proche de la rue, de facto impraticable pour le piéton, on range des poubelles, on gare des motos, … Et ainsi, traverser la rue, avec ces voitures stationnées sur les deux côtés, souvent d’une manière anarchique devient, non seulement compliqué, mais périlleux.
En l’absence des parkings légaux de stationnement, c’est l’anarchie totale qui y règne. «On est allé même déposer une plainte à la police de Chéraga sur ce phénomène qui entrave la circulation et pénalise le citoyen», dira Leila. «Si la majorité des citoyens sont d’accord pour la pose de ces chaînes, la police ne pourra pas intervenir», se fut la réponse de la police, raconte Lynda. «Depuis quand ce sont les citoyens qui imposent leur loi dans le pays. Jusqu’à quand cette anarchie ?», s’interroge-telle.
L.A.R.