Paris – Emmanuel Macron est prĂŞt Ă remettre Ă l’AlgĂ©rie une copie des archives de la pĂ©riode coloniale française (1830-1962), rĂ©clamĂ©e depuis des annĂ©es par Alger, a annoncĂ© jeudi Ă Paris le Premier ministre algĂ©rien Ahmed Ouyahia en saluant une “percĂ©e”.
Au lendemain de la visite du prĂ©sident français en AlgĂ©rie, M. Ouyahia Ă©tait reçu jeudi Ă Matignon par son homologue Édouard Philippe dans le cadre d’un “comitĂ© intergouvernemental de haut niveau” organisĂ© rĂ©gulièrement par les deux pays.
Mercredi, Ă Alger, Emmanuel Macron s’est dit “prĂŞt” Ă ce que Paris restitue les crânes d’insurgĂ©s algĂ©riens tuĂ©s au XIXe siècle par l’armĂ©e française et conservĂ©s au MusĂ©e de l’Homme Ă Paris, un geste attendu par l’AlgĂ©rie.
Selon M. Ouyahia, le prĂ©sident français a Ă©galement dit la “disponibilitĂ©” de la France Ă remettre une “duplication” des archives de la pĂ©riode coloniale (1830-1962), un sujet que M. Macron n’a pas Ă©voquĂ© mercredi devant la presse Ă Alger.
“Sur la question des archives, nous avons Ă©galement fait une bonne percĂ©e, puisque Emmanuel Macron nous a annoncĂ© hier (mercredi), au nom de la France, la disponibilitĂ© de notre partenaire Ă nous remettre une duplication de toutes les archives, ce qui permettra de gĂ©rer plusieurs affaires de la vie courante en AlgĂ©rie”, s’est rĂ©joui le Premier ministre algĂ©rien, lors d’une confĂ©rence de presse avec M. Philippe.
Quant Ă la question d’une “restitution” graduelle de ces archives, les deux pays vont “continuer Ă discuter”, a-t-il ajoutĂ©.
“Le dossier du passĂ©, l’AlgĂ©rie ne le soulève pas pour enfermer les relations algĂ©ro-françaises dans le passĂ© mais pour allĂ©ger la dĂ©marche commune vers l’avenir, donner plus d’entrain, en prenant en charge quelques soucis que nous avons”, a affirmĂ© M. Ouyahia.
Édouard Philippe a pour sa part dit sa volontĂ© de dĂ©velopper la relation bilatĂ©rale “en regardant notre passĂ© droit dans les yeux, dans ses zones d’ombre, dans ses Ă©lĂ©ments de lumière aussi”.
Concernant la remise des crânes des insurgĂ©s algĂ©riens, “la partie algĂ©rienne va terminer le dossier procĂ©dural, la partie française va prĂ©parer la loi puisqu’il en faut une”, a indiquĂ© le Premier ministre algĂ©rien.
Après une demande officielle de l’AlgĂ©rie, une “loi de dĂ©classification” doit ĂŞtre adoptĂ©e par le Parlement français pour autoriser la restitution, a confirmĂ© Matignon.
Une procĂ©dure, obligatoire du fait du principe d’inaliĂ©nabilitĂ© des collections publiques, dĂ©jĂ suivie en 2010 pour restituer des tĂŞtes maories momifiĂ©es.
Des universitaires français et algĂ©riens demandent depuis plusieurs annĂ©es que soient rapatriĂ©s en AlgĂ©rie 37 crânes d’AlgĂ©riens, rĂ©voltĂ©s durant la deuxième moitiĂ© du XIXe siècle contre la colonisation française, et entreposĂ©s depuis la fin du XIXe siècle au MusĂ©e de l’Homme Ă Paris.
Si M. Macron a fait ce geste mercredi, il a parallèlement demandĂ© des “efforts” aux autoritĂ©s algĂ©riennes sur les questions de “mĂ©moire et de reconnaissance”.
M. Ouyahia n’a pas Ă©voquĂ© de geste de rĂ©ciprocitĂ© jeudi, se contentant d’Ă©voquer une “volontĂ© partagĂ©e de trouver des pistes et des solutions Ă mĂŞme de satisfaire les deux peuples”.