Les raids sont les plus violents menés sur la capitale depuis le début de l’intervention d’une coalition internationale en Libye le 19 mars.
L’Otan a déversé hier à l’aube un déluge de feu sur Tripoli, faisant trois morts et quelques 150 de blessés, selon le régime, au moment où la France et la Grande-Bretagne se préparent à déployer des hélicoptères contre les forces du colonel Mouamar El Gueddafi. Plus d’une quinzaine de puissantes détonations ont secoué le centre de Tripoli. Les raids, qui ont commencé vers 01h00 locales (23h00 GMT), ont duré plus d’une demi-heure et sont les plus violents menés sur la capitale depuis le début de l’intervention d’une coalition internationale en Libye le 19 mars, selon un journaliste de l’AFP. Boules rouges éclairant le ciel, sifflements de bombes, vrombissement des avions de chasse volant à basse altitude, puis deux à trois explosions assourdissantes. La même succession s’est répétée à cinq ou six reprises durant l’attaque d’une trentaine de minutes.
A l’hôtel Rixos hébergeant les correspondants de la presse internationale, construit en grande partie en bois, les explosions ont fait trembler tout le bâtiment. Plusieurs journalistes ont quitté leur chambre vers l’extérieur ou vers le toit de l’hôtel pour filmer la scène et s’éloigner des vitres. «Selon les informations dont nous disposons il y a trois morts et 150 blessés», a déclaré le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim à bord du bus conduisant les journalistes vers l’hôpital de l’avenue Zawiya, pas loin de l’hôtel. Il a ajouté que l’Otan avait mené son attaque contre une caserne de la garde populaire, des unités de volontaires qui épaulent l’armée, pas loin de la résidence de Mouamar El Gueddafi. L’Otan a affirmé mardi de son côté avoir frappé un entrepôt de véhicules militaires. La majorité des victimes sont des civils habitant à proximité, selon M. Ibrahim.
Dans la morgue de l’hôpital, un journaliste de l’AFP a vu trois corps gisant sur des brancards. Les trois jeunes ont été touchés gravement à la tête probablement par des éclats de bombes. Selon des témoins à l’hôpital, il s’agit de deux frères et d’un cousin. Ils habitaient l’avenue Essoug, pas très loin de la caserne visée dans le secteur de Bab Al-Aziziya, résidence du colonel
El Gueddafi. «Ils étaient sortis après les premiers raids pour voir ce qui se passait. Mais ils ont été gravement touchés par les bombardements qui ont suivi», a indiqué un témoin affirmant être leur voisin. Dans les autres salles de l’hôpital, des infirmiers s’affairaient autour d’une dizaine de blessés, la plupart aux jambes ou aux bras. «D’autres blessés ont été envoyés dans d’autres hôpitaux», a expliqué M.Ibrahim. «A Tripoli, nos maisons sont à proximité des casernes. Vous pouvez imaginer notre terreur et celle de nos famille à chaque fois qu’il y a des bombardements», a lancé Fathallah Salem, un habitant de l’avenue essoug. L’Otan a intensifié ses raids quelques heures après l’annonce de Paris et Londres de l’envoi d’hélicoptères pour des frappes au sol «plus précises» dans le cadre des opérations de la coalition internationale», a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. «Les Britanniques, qui ont des moyens comparables aux nôtres, vont aussi s’engager» dans cette voie, a indiqué à Bruxelles le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. Jusqu’à présent, seuls des avions -avec ou sans pilotes- ont mené les attaques de la coalition, mais ils ne parviennent plus à viser de nombreux chars ou troupes, car trop proches de populations civiles. Paris avait déjà dépêché la semaine dernière un navire de guerre français de type Mistral combinant notamment les fonctions de porte-hélicoptères, de transport de troupes et de mise en oeuvre de moyens d’assaut amphibie et de commandement.