Parents et médecins en Algérie s’inquiètent du poids des cartables

Parents et médecins en Algérie s’inquiètent du poids des cartables

Les élèves et leurs parents sont peu satisfaits du poids des cartables, alors que des études médicales montrent leurs impacts négatifs sur la santé des enfants.

Malgré les assurances données par le ministre de l’Education Boubekeur Benbouzid d’alléger les programmes scolaires, ce qui permettrait aux élèves de se débarrasser de livres et de cahiers supplémentaires, rien n’a changé.

Le président de l’Association des parents d’élèves Saleh Amer Yahia a convoqué une conférence de presse le 22 septembre pour sensibiliser à la question.

« Les élèves du primaire doivent porter des cartables lourds, qui dans certains cas peuvent peser jusqu’à 11 kilos », a-t-il expliqué.

Le président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves, Ahmed Khaled, a demandé que soit « approuvé le projet « Pupitre » qui permettra aux élèves de conserver leurs fournitures et de n’emporter chez eux que ce dont ils auront besoin ».

La fédération envisage de soumettre une proposition au ministère de l’Education visant à réduire la taille des manuels scolaires de 50 pour cent, notamment durant les premières années de l’école primaire « lors desquelles les élèves n’ont qu’à apprendre à lire, à écrire et à compter, conformément à ce que prévoient les programmes d’éducation internationaux. »

« Ma femme est souvent forcée d’accompagner mon fils et de porter son sac parce qu’il pèse trop lourd », a expliqué à Magharebia Lakhdar Aoudi, un père de deux enfants. « Puis elle retourne à l’école le soir et l’attend pour lui éviter encore de porter son sac. »

Même son de cloche chez Kaouther Hamlil, une mère de quatre enfants, dont trois vont à l’école. « Mon plus jeune fils se plaint toujours de son dos et est tout le temps essoufflé, et il préfère même ne pas aller en classe. »

Les enseignants sont conscients du problème, et certains ont même mis en place des solutions créatives.

« Nous avons essayé de réduire le poids des cartables parce que nous savons que cela affecte leur santé et leur concentration », a expliqué Asia, enseignante en école primaire à Magharebia. « Nous avons établi une liste des affaires du matin et une autre des affaires de l’après-midi, pour permettre aux enfants de les remplacer avant de venir à l’école. »

Les experts médicaux reconnaissent que ce problème du poids des sacs est sérieux.

« Le poids des cartables et les longues distances entre l’école et la maison dans les régions rurales entraînent des scolioses », explique le Dr Mohamed Feraoucene à Magharebia. « Les dangers de cet état résident dans le fait que ses symptômes ne se limitent pas au mal de dos, mais entraînent la fatigue et l’épuisement par suite du rétrécissement de la cavité thoracique pour contrebalancer le poids, entraînant une pression sur les poumons. S’y ajoute les déformations du corps et l’apparition de bosses. »

Il souligne que certains de ces problèmes de santé ont commencé à apparaître en grands nombres chez les élèves du primaire, et que ces symptômes sont une déformation de la colonne vers la droite ou la gauche.

« Certains élèves sont forcés de porter toutes leurs affaires scolaires le matin, parce qu’ils habitent loin de l’école et ont 6 ou 7 classes différentes durant la journée », explique le Dr Feraoucene.

« Le poids qu’ils portent peut donc être de l’ordre de 15 kilos, alors que le poids d’un enfant de 9 ans ne dépasse pas 30 kilos. Cela signifie que les élèves sont forcés de porter la moitié de leur poids sur les épaules, ce qui les obligent à se pencher en avant pour garder leur équilibre. Et sur la durée, ils finissent par souffrir de scolioses. »

Il souligne que « le poids des sacs ne devrait pas dépasser 10 pour cent du poids des élèves ».

« Un sac lourd a un impact néfaste sur la psychologie des enfants, et affecte leurs résultats éducatifs et cognitifs », ajoute Samia Hamdi, spécialiste en psychologie scolaire.

Elle explique que plusieurs pays fournissent aujourd’hui des pupitres aux élèves pour résoudre le problème des cartables. Elle ajoute qu’en Algérie, le problème tient à des programmes éducatifs surchargés. « Leur réduction aiderait grandement à résoudre le problème. »