Le risque de voir de nouveau l’école entrer dans une nouvelle zone de turbulences inquiète l’Association nationale des parents d’élèves (ANPE). Elle est montée au créneau, hier, en adressant une lettre au président de la République pour intervenir dans le but de mettre un terme à cette grève.
Convié hier à s’exprimer au Forum d’El Moudjahid, M. Ahmed Khaled, président de cette association, a, en effet, axé une bonne partie de son intervention sur la grève lancée depuis le 30 janvier dernier par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’Education (Cnapeste). Devant cet état de fait, les parents d’élèves lancent un appel au président de la République pour mettre un terme à cette situation «inquiétante». L’association en question a, ainsi, décidé d’adresser une lettre au président de la République pour intervenir dans le but de mettre un terme à «ces dépassements qui touchent nos élèves». D’autre part, Khaled Ahmed fera savoir que «son association soutient les revendications légitimes des enseignants, mais le droit de l’enfant à l’enseignement demeure prioritaire». Pour lui, au vu d’un tel contexte et afin de rassurer les membres de la communauté éducative, «nous faisons appel à l’engagement des autorités compétentes pour un école algérienne de qualité afin de mettre fin à ces dérives». Ajoutant que «notre requête est la suivante : octroyer au ministère de l’Education nationale un statut de souveraineté». Un tel statut, estime Khaled Ahmed, viendra conforter les dispositions de deux textes de référence, à savoir la Constitution algérienne qui «garantit le droit à la scolarité» (article 53) et la Convention internationale des droits de l’enfant (article 28), de l’ONU (20 novembre 1989). Tout comme il permettra au secteur de retrouver la stabilité et la sérénité nécessaires et leur traduction dans le vécu scolaire des enfants.
«Supprimer le droit à la grève»
«Le problème qui se pose, aujourd’hui, en Algérie est le manque de communication qui permet de régler facilement les conflits», a indiqué pour sa part la vice-présidente de l’Association des parents d’élèves, Mme Bacha Fatiha. «Aujourd’hui, la grève est devenue une violence à l’encontre de l’enfant. Nous appelons les autorités à supprimer carrément le droit à la grève, car ceci est devenu une menace aux droits des enfants et des élèves», a-t-elle dit, citant la suppression réussie en Allemagne du droit à la grève. Reprenant la parole, Khaled Ahmed dira : «Nous avons toujours critiqué ouvertement l’ex-ministre de tutelle Aboubaker Benbouzid, mais depuis l’arrivée de la ministre actuelle le dialogue a été instauré. La ministre de l’Education nationale n’a jamais fermé les portes du dialogue avec le partenaire social et depuis son installation à la tête du ministère, elle a engagé de larges concertations. Tout ce qu’elle demande, c’est de lui accorder du temps pour pouvoir étudier et trouver des solutions aux préoccupations des enseignants.» il affirmera avoir eu «plusieurs contacts avec les différents syndicats pour leur demander d’arrêter la grève pour finir le programme dans de bonnes conditions». Khaled Ahmed a indiqué que la démarche de son association a eu de «bons résultats» dans plusieurs wilayas, y compris à Blida, où «beaucoup d’enseignants ont choisi de reprendre leur poste».
Les élèves dans la tourmente
Poursuivant son allocution, il soulignera que les «enfants scolarisés vivent une situation permanente d’angoisse à chaque rentrée scolaire. Et ce, depuis la création des onze syndicats activant dans le secteur de l’Education».
En plus, les études diligentées par le ministère de l’Education nationale, dont les résultats ont été signalés lors de la conférence nationale d’évaluation de la réforme du 16 juillet 2015, situent à deux ans et demi le déficit en leçons que l’élève algérien traîne une fois sa scolarité terminée. A ce retard s’ajoutent des traumatismes en tous genres, tels que le décrochage scolaire, le redoublement, la violence et l’oisiveté, source d’addiction à des fléaux sociaux, estime Khaled Ahmed. Il dira que «cette déstabilisation permanente est récurrente malgré les efforts de redressement déployés par la tutelle ces dernières années». Selon lui, «leurs revendications (les enseignants ndlr) légitimes ont de tout temps été satisfaites par l’Etat algérien», mais «certains d’entre eux avancent des revendications étrangères au contexte scolaire et éducatif, ce qui a pour conséquence l’apparition de conflits locaux souvent violents», a-t-il ajouté.