Le président russe Vladimir Poutine est la «principale cible» des «Panama Papers», a dénoncé hier le Kremlin, évoquant une enquête journalistique pleine d’«inventions» et de «falsifications» dont le but de «déstabiliser» le pays.
«Poutine, la Russie, notre pays, notre stabilité, les prochaines élections sont la cible principale. Il s’agit de déstabiliser» le pays, a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à des journalistes. «Je sais qu’il y a d’autres noms (incriminés dans l’enquête), mais il est clair que la cible principale de ces attaques est notre pays et son président», a-t-il noté.
«Il n’y a rien de concret ou de nouveau sur Poutine, il n’y a pas de détails, et tout le reste se fonde sur des spéculations», a encore estimé M. Peskov, en ajoutant que Moscou n’avait pas l’intention de déposer plainte contre les auteurs de l’enquête.
«Nous connaissons bien cette soi-disant communauté journalistique. Il y en a de nombreux parmi eux dont le journalisme n’est pas l’activité principale. Beaucoup sont d’anciens employés du Département d’Etat, de la CIA, d’autres services secrets», a-t-il affirmé.
D’après les révélations des «Panama Papers», enquête réalisée par une centaine de journaux dont le russe Novaïa Gazeta, des associés du président russe auraient détourné jusqu’à deux milliards de dollars avec l’aide de banques et de sociétés écrans, obtenant ainsi de l’influence auprès des médias et de l’industrie automobile.
L’un des amis d’enfance de Vladimir Poutine incriminé par l’enquête, Sergueï Roldouguine, dont les sociétés auraient racheté d’immenses pans de l’économie russe à travers d’autres compagnies offshore, est incriminé dans cette affaire.
«Roldouguine et de nombreuses autres personnes font toujours partie des amis de Poutine. Poutine a énormément d’amis en Russie et à l’étranger», a indiqué M. Peskov, interrogé sur les liens entre le violoncelliste et le président russe.
«Il est évident que le niveau de poutinophobie a atteint un tel niveau qu’il est impossible de dire quoi que ce soit de positif à propos de la Russie», a-t-il indiqué, cité par l’AFP.
«La récente fuite de données sur les avoirs cachés de leaders politiques mondiaux, qui a provoqué une onde de choc médiatique, ne concerne curieusement aucun responsable américain», écrit l’agence de presse russe Sputnik. Les données de l’enquête en question, baptisée Panama Papers, qui ont été obtenues par le journal allemand Süddeutsche Zeitung grâce à une source anonyme, proviennent du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca.
D’après les médias occidentaux, ce cabinet aurait créé entre 1977 et 2015 plus de 214 000 entités offshores permettant de masquer l’identité de leurs propriétaires dans 21 paradis fiscaux différents. Au total, 140 responsables politiques, dont douze chefs d’Etat et de gouvernement anciens ou actuels, sont cités dans les documents.
Absence des Américains
«Il est quand même à souligner qu’aucun responsable américain ne figure parmi les personnes citées dans l’enquête, ce qui semble bizarre compte tenu de l’ampleur des révélations qui concernent, selon certaines informations, des individus provenant de deux centaines de pays du monde», d’après cette agence de presse.
L’absence de noms de citoyens américains dans la liste s’explique peut-être par le fait que les Américains sont peu disposés à conserver leurs gains acquis illégalement à Panama après la conclusion en 2010 d’un accord entre les deux Etats qui a mis fin aux tentatives de riches Américains de trouver un refuge fiscal dans ce pays. Cette agence de presse russe s’interroge sur la raison pour laquelle les photos de Poutine illustrent des articles évoquant ces documents, alors qu’il n’est pas éclaboussé dans ce «scandale».