A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, placée cette année sous le slogan «Vaincre le paludisme : le compte à rebours est lancé vers la couverture universelle», la DSP de Annaba a organisé hier une demi-journée d’information destinée au personnel de la santé.
Une conférence sur cette maladie mortelle a été présentée par le Dr Boumaza, chef de service de la prévention avec pour objectif premier la sensibilisation de tous les intervenants en matière de santé publique à la nécessité de rester vigilants malgré tous les dispositifs mis en place. Le paludisme, qui touche 40% de la population mondiale avec 500 millions de personnes atteintes chaque année, tuant 1 million d’individus, est classé seconde cause de mort par maladie infectieuse après le sida. 91% des décès ont lieu en Afrique subsaharienne, les enfants en sont les premières victimes avec 85% (1 enfant meurt du paludisme toutes les 30 secondes !).
En moyenne, chaque année, il y a entre 189 et 327 millions de cas de paludisme à travers le monde, son élimination nécessite des dépenses qui se chiffrent en milliards de dollars, selon l’OMS, un plan mondial a été élaboré et vise l’éradication totale de cette maladie en 2015, il prévoit la mise en place de 700 millions de moustiquaires imprégnées, dont la moitié en Afrique, et
200 millions de pulvérisations intra-domiciliaires d’habitations. Les coûts estimés pour tout le dispositif sont de l’ordre de 5,3 milliards de dollars. L’histoire du paludisme remonte à 1886 lorsque deux scientifiques, Laveran à Constantine et Ronald Ross en Inde ont découvert la véritable cause de cette maladie : un parasite unicellulaire appelé plasmodium vivax, malariae,ovale et falciparum dont l’infection est la plus sévère et peut entraîner la mort.
En Algérie, la transmission du paludisme est de faible niveau mais cela ne veut pas dire que le pays est à l’abri de cette endémie surtout avec le flux des populations venues du sud, le développement des moyens de transport ; et les foyers éradiqués peuvent réapparaître. L’historique de cette maladie dans notre pays est jalonné de programmes qui, fort heureusement, ont abouti à son éradication, rassurant les structures sanitaires dont, entre-temps, le niveau de vigilance a baissé. Entre 1952 et 1968, l’endémie palustre qui avait touché la région nord du pays donnait 70 000 cas par an. Le programme mis en place avec la collaboration de l’OMS en 1968 a permis la régression de cette maladie suite à l’introduction de méthodes modernes de lutte et à la coopération entre les 3 pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc). En 1998, 256 cas de paludisme ont été recensés en Algérie dont 98% sont importés de l’extrême sud du pays (Tamanrasset), du Niger et du Mali.
Plus près, en 2008, ce sont 296 cas qui sont déclarés, 292 sont classés importés, 3 dits autochtones et 1 cas de rechute. Ces cas sont localisés dans les wilayas de Tamanrasset, Adrar, Ghardaïa, Illizi, Ouargla, Annaba, Guelma et Tizi Ouzou. Les sujets atteints sont des étudiants ou des personnes exerçant des professions libérales et donc appelées à se déplacer. 8 cas ont été notifiés par le CHU de Annaba, 2 de nationalité algérienne, 2 du Sénégal, 2 de Mauritanie, 1 du Mali et 1 du Congo. Le sentiment de sécurité qui avait suivi l’éradication presque totale du paludisme en Algérie a donné lieu à une baisse sensible de la vigilance des autorités sanitaires ; ainsi, le taux annuel d’examen hématologique (TAEH) est aujourd’hui de 0,01%, on est passé de 18 535 examens en laboratoire antipaludique en 1999 à 816 en 2008.
La situation épidémiologique du paludisme en Algérie est en relation avec l’utilisation grandissante des voies transsahariennes, le danger vient essentiellement du sud, il faudrait un contrôle plus rigoureux aux frontières des infrastructures sanitaires adéquates et un personnel qualifié, bien formé et motivé pour se protéger contre cette maladie qui fait encore des ravages.