Le vote ce jeudi de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant la décision du président américain Donald Trump de considérer la ville sainte d’El Qods comme capitale d’Israël marque une nouvelle victoire diplomatique pour les Palestiniens. Ces derniers espèrent que cette décision “historique” saluée par la communauté internationale, permettra de peser lors de la prochaine étape.
Les Palestiniens se sont félicités de l’adoption à une large majorité d’une résolution condamnant la décision des Etats-Unis de considérer El-Qods comme capitale d’Israël, qui a recueilli 128 voix pour et 9 voix contre à l’issue d’un vote écrasant qui a marqué l’isolement des Etats-Unis à l’ONU sur ce dossier. Le décompte relève également 35 abstentions.
La résolution “affirme que toute décision ou action qui visent à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la Ville sainte n’ont aucun effet juridique, sont nulles et non avenues”. Et “déplore au plus haut point les récentes décisions relatives à son statut “.
“Cette décision réaffirme que la juste cause des Palestiniens bénéficie du soutien du droit international (…) Nous allons poursuivre nos efforts à l’ONU et dans d’autres foras internationaux pour mettre fin à l’occupation (israélienne) et créer un Etat palestinien avec comme capitale El-Qods Est”, a affirmé le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le tollé contre cette décision unilatérale n’a pas tardé, et il est venu de la plupart des alliés de Washington, de l’Arabie saoudite à la Turquie en passant par la France et le Royaume-Uni.
La condamnation de la décision américaine a culminé jeudi à l’AG de l’ONU. Un “revers cinglant”, a dit l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyadh Mansour.
Selon les observateurs, Donald Trump s’est tiré une balle dans le pied. Car il se dit par ailleurs déterminé à relancer le processus de paix à l’arrêt entre Palestiniens et Israéliens. Or les Palestiniens ont fait savoir que Washington ne peut plus aspirer au rôle de médiateur.
Et leur président palestinien Mahmoud Abbas a réaffirmé hier à Paris qu’il n’accepterait “aucun plan” de paix de la part des Etats-Unis dans le conflit entre Palestiniens et Israéliens, estimant qu’ils s’étaient “discrédités” en considérant El Qods comme capitale d’Israël.
“Nous n’accepterons aucun plan de la part des Etats-Unis”, a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le président français Emmanuel Macron à l’Elysée.
Avec leur annonce, “les Etats-Unis se sont disqualifiés eux-mêmes”, et par conséquent, a-t-il dit, “ne peuvent pas prétendre au rôle de médiateur honnête dans le processus de paix” au Moyen-Orient, a ajouté M. Abbas lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le président français Emmanuel Macron.
De son côté, le président français a affirmé qu’”il n’y pas d’alternative à la solution à deux Etats au Proche-Orient”. La décision des Etats-Unis de considérer El Qods comme capitale d’Israël “les marginalise dans ce dossier”, a dit M. Macron. “Les Américains sont marginalisés, j’essaye de ne pas faire de même”, a-t-il déclaré.
Au niveau régional, le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Abou El Ghied, a dit que le résultat du vote à l’AG de l’ONU était “historique” et montre le consensus dont jouit la cause palestinienne, consolide les droits des Palestiniens, et surtout résume l’état d’isolement dans lequel se sont retrouvés les Etats-Unis”.
A la veille du vote, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a appelé à la solidarité arabe pour sauver El-Qods, chose faite désormais. “Il est urgent que s’exerce la solidarité arabe pour sauver El-Qods”, a dit M. Hariri.
Le Premier ministre libanais a dit souhaiter rendre un “hommage spécial aux frères palestiniens, au leadership palestinien et au peuple palestinien, pour leur patience et leur fermeté contre tous les complots”, y compris la décision des Etats-Unis de considérer El-Qods comme capitale d’Israël.
A la veille du scrutin, les co-auteurs de la résolution, à savoir la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et auxquelles s’est joint le groupe des Non-Alignés à l’ONU, ont multiplié les appels au vote en soutien au peuple palestinien.
Leur démarche fructueuse visait à contrer les menaces américaines dans le sillage des messages d’intimidation envoyés par la délégation américaine à New York pour forcer certains pays à rejeter la condamnation des Etats-Unis.
Peu avant le vote, le message de la quasi-majorité des délégations et des représentants des pays qui sont intervenus était unanime : Condamnation de la décision américaine et soutien indéfectible à la solution à deux Etats et au droit des Palestiniens à un Etat indépendant avec El-Qods-Est occupée comme capitale.
Rappelons que Israël a annexé la partie orientale d’El-Qods, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté en 1980 une loi faisant de la Ville sainte sa capitale. Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent El-Qods-Est comme la capitale de leur futur Etat indépendant.