Pur la première fois depuis l’arrivée au poste de premier ministre de Benyamin Nétanyahou, en mars, une rencontre a réuni, mercredi 2 septembre, à Jérusalem, le ministre israélien du développement, Silvan Shalom, et le ministre palestinien de l’économie, Bassem Khoury.
Cette rencontre avait pour objectif l’amélioration de la circulation des biens et des personnes dans les territoires palestiniens, et entre Israël et ces territoires, soumis à un quadrillage très strict par l’armée israélienne depuis la deuxième Intifada.
Ce quadrillage est le principal obstacle auquel se heurte l’économie palestinienne, qui a enregistré au cours des dernières années une récession sans précédent.
Cette rencontre intervient à quelques semaines de l’inauguration officielle d’un parc industriel à Bethléem, en Cisjordanie, signe ténu mais réel d’une amélioration de l’économie, qui contraste avec le blocus imperméable de la bande de Gaza, maintenue dans une situation inquiétante.
Lancé par le président français Nicolas Sarkozy en juin 2008, le projet de Bethléem a vu le jour avant des initiatives similaires mais plus anciennes soutenues par le Japon, l’Allemagne et la Turquie.
Une rapidité relative qui s’explique principalement par le choix de situer ce parc en zone A, c’est-à-dire dans la petite partie des territoires contrôlés exclusivement par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, et non en zone B et C, où Israël continue d’être le seul responsable en matière de sécurité.
Le parc est un projet entièrement franco-palestinien, financé à parts égales par les deux parties.
L’Agence française de développement (AFD) s’est impliquée pour 10 % des 50 % de la partie française, les 40 % restants ont été apportés par une fondation présidée par la philanthrope belge Corinne Evens.
Côté palestinien, 40 % des fonds appartiennent au privé, soutenu par la Chambre de commerce de Bethléem. Le projet doit permettre, selon Bassem Khoury, « la création de 500 emplois par an pendant cinq ans ».
« LA PAIX ÉCONOMIQUE »…
Pour obtenir des Israéliens les autorisations nécessaires, la partie française a choisi de confier une mission de bons offices à une conseillère UMP de Paris, Valérie Hoffenberg, par ailleurs directrice pour la France de l’American Jewish Committee.
« Je crois à ce projet, il doit non seulement redonner l’espoir à toute une région, mais aussi constituer une bonne affaire », estime-t-elle.
En août, cette conseillère a d’ailleurs été nommée « représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient ».
Cette nomination a été contestée par l’association France-Palestine Solidarité, arguant du soutien apporté à Israël par l’American Jewish Committee.
Le projet de parc de Bethléem a fait l’objet d’un rare consensus entre Israéliens et Palestiniens.
Alors que les discussions politiques sont au point mort depuis plus d’un an, l’initiative s’insère dans le concept de « paix économique » développé par M. Nétanyahou à l’occasion des élections de février.
M. Khoury et Mme Hoffenberg divergent sur certains aspects de la situation propre à Bethléem, notamment le tracé de la « clôture de sécurité » érigée en Cisjordanie par Israël pour prévenir officiellement les infiltrations, et dénoncée par les Palestiniens.
Mme Hoffenberg juge ainsi qu’elle est « bienvenue si elle a permis de ramener la confiance » entre Israéliens et Palestiniens. Mais l’un et l’autre se disent convaincus que des mesures d’assouplissement ne peuvent permettre de faire l’économie de négociations politiques. « La paix économique, c’est une farce », assure M. Khoury.