David Rohde, un journaliste du New York Times kidnappé en novembre par des insurgés afghans et retenu en otage dans les montagnes du Pakistan, a réussi à s’échapper avec un collègue et à regagner la liberté, a annoncé, samedi 21 juin, le quotidien américain sur son site.
Rohde avait été pris en otage avec un journaliste local, Tahir Ludin et leur chauffeur Asadullah Mangalle, 10 novembre, alors qu’ils se rendaient dans la province de Logar pour interviewer un commandant taliban.
Rohde et Ludin ont réussi à s’échapper tout simplement en franchissant le mur de la propriété où ils étaient maintenus prisonniers, dans la région pakistanaise du Nord-Waziristan, a raconté l’épouse du journaliste américain.
Les deux hommes ont alors rencontré une patrouille de l’armée pakistanaise, qui les a déposés sur une base de l’armée toute proche, avant qu’ils ne soient acheminés par voie aérienne vers une base américaine en Afghanistan.
Les deux hommes étaient en bonne santé à leur arrivé, mais sans nouvelle de leur chauffeur qui n’a pas pu s’échapper.
Black-out médiatique
Pendant plus de huit mois, la presse n’a pas couvert le kidnapping de David Rohde à la demande du New York Times, afin de ne pas compromettre la vie du journaliste qui travaillait sur un livre sur l’histoire de l’engagement américain en Afghanistan.
« Dès les premiers jours de cette épreuve, l’opinion dominante au sein de la famille de David et parmi les experts des enlèvements et les responsables de plusieurs gouvernements consultés consistait à penser que rendre l’affaire publique pourrait accroître le danger pour David et les autres otages », a résume le rédacteur en chef du journal, Bill Keller, qui affirme qu’aucune rançon n’a été payée et aucun prisonnier taliban libéré en échange.
L’identité des kidnappeurs est encore inconnue, le New York Times ayant refusé de donner des précisions.
La province de Logar est connue pour être loyale aux talibans, et particulièrement au mollah Mohammad Omar, même si Sirhajuddin Haqqani, fils du haut responsable taliban Jajaluddin Haqqani, y a une influence grandissante.
L’armée américaine affirme pour sa part n’avoir joué aucun rôle dans cette affaire.
De retour aux Etats-Unis, David Rhode, qui compte plusieurs prix Pulitzer à son actif, compte bien terminer son livre, et passer du temps avec sa femme Kristen, avec qui il s’était marié deux mois seulement avant son enlèvement.
A son arrivé à l’aéroport, Rhode a pu s’apercevoir de la ferveur médiatique qui entoure sa libération, et qu’il cherche désormais à fuir. « La dernière chose qu’il veut est de faire partie de l’histoire, raconte son frère Lee.
Son rôle est de raconter l’histoire ».