L’offensive de l’armée semblait s’intensifier, vendredi 1er mai, dans le nord-ouest du Pakistan, où les militaires ont assuré avoir tué plus de 55 talibans, au moment où les pourparlers entre le gouvernement et les négociateurs pro-talibans reprenaient. Mais les combattants islamistes paraissaient opposer une résistance acharnée dans certains villages, selon des habitants, et ont même pu, dans la nuit, capturer brièvement dix membres des forces paramilitaires. Ils détenaient encore vendredi soir 52 policiers et soldats capturés depuis dimanche.
Dans des bilans successifs de l’opération « Tonnerre noir », lancée dimanche dans le district du Lower Dir et mardi dans celui de Buner, l’armée a assuré avoir tué près de 190 talibans et perdu onze hommes. Ces chiffres sont cependant invérifiables. L’armée avait annoncé en début de semaine avoir « nettoyé » le Lower Dir et mercredi avoir repris le contrôle du chef-lieu de Buner, Dagar, à environ 100 km au nord-ouest d’Islamabad. Mais la police, des sources militaires et des habitants ont assuré que les islamistes s’étaient emparés de postes de police dans ces districts. Vendredi, l’armée continuait de pilonner des repaires des talibans sur les hauteurs de Maidan et Chakdara, dans le Lower Dir, selon des habitants.
LES NÉGOCIATIONS REPRENNENT ENTRE LES TALIBANS ET LE GOUVERNEMENT
Ces combats sont les premiers depuis la signature, mi-février, de l’accord de la vallée de Swat négocié par le religieux Sufi Mohammad, au terme duquel les talibans avaient accepté un cessez-le-feu en échange de l’instauration de tribunaux islamiques. Depuis, à la faveur du retrait de l’armée, les talibans, qui devaient déposer les armes, ont au contraire profité de l’accord pour pousser leur avantage sur le terrain, s’emparant notamment du Lower Dir et de Buner.
« Tonnerre noir » a été lancée alors que la pression des Etats-Unis s’intensifiait, Washington considérant l’accord de Swat comme une « abdication » d’Islamabad face aux islamistes. « Les pourparlers entre Sufi Mohammad et le gouvernement viennent de commencer ici », a déclaré vendredi le porte-parole du chef taliban. Celui-ci avait suspendu mercredi ces pourparlers sur l’application de l’accord sur les tribunaux islamiques tant que l’armée ne cesserait pas les combats.