Paix sociale Le logement et la stabilité

Paix sociale Le logement et la stabilité
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Le problème du logement a reconnu mardi le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, constitue «un danger pour la stabilité du pays». Voilà une confession qui mérite qu’on s’y arrête. On peut se demander pourquoi le gouvernement ne s’en est rendu compte que maintenant ?

Les pouvoirs publics n’ont-ils pas perdu la boussole en décidant de mettre à l’arrêt le programme AADL qui avait à son époque suscité beaucoup d’espoir ? Comment on en est venu à réprimer une association réunissant les souscripteurs de l’AADL dont les dossiers non pas été pris en charge ?

Si le motif invoqué pour la mise en hibernation de la location-vente, a consisté dans la volonté affichée de ne plus permettre le trafic sur ces logements dont l’Etat a fourni les assiettes foncières gratuitement, est-ce pour autant qu’il faille faire la même chose pour les autres formules de logement étant donné que la transparence dans la distribution n’est pas le fort de l’administration algérienne qui est régulièrement mise à l’index par les nombreuses émeutes qui éclatent à l’occasion de chaque distribution ?

S’abstenir de poursuivre des programmes pour soi -disant éviter la corruption et les passe-droits, revient en fait à pénaliser le plus grand nombre de citoyens, c’est-à-dire, tous ceux qui sont dans le besoin. On en vient ainsi à cette situation absurde où c’est l’administration elle-même qui par ses atermoiements organise la pénurie de logements.

Ne s’agit-il pas de maintenir le cap sur la réalisation tout azimut des logements tout en luttant grâce à une gestion plus rationnelle contre les postulants n’y ouvrant pas le droit au sens de la loi ? Quoi qu’il en soit, lorsqu’on soumet à l’analyse l’offre en logements en Algérie, on se rend compte qu’elle est organisée selon 6 formules. Le locatif, le social, la location-vente, le participatif, le rural et l’auto-construction.

Ce choix qui parait varié est un trompe-l’œil. Quand on exclut les franges de la population au bas revenu auxquelles sont destinées les logements de type social, l’offre se réduit pour le plus grand nombre à un choix entre deux principales solutions, l’achat ou la location chez les particuliers car le logement n’est conçu dans la majorité des cas qu’à être vendu.

(vendu au citoyen) C’est le principe du logement locatif participatif (LSP), de l’auto-construction et du logement rural. Le logement locatif public, appelé communément social est absorbé par les petites bourses et son incidence sur la location est quasi nulle, considérant que le parc qui le constitue est en partie détourné au profit du marché noir, les occupants n’ayant pas d’acte de propriété pour pouvoir louer.

Il s’ensuit que le marché locatif est le ventre mou du marché de l’immobilier. Les particuliers exigent le versement de 12 loyers à l’avance, car on va chez le notaire déclarer un loyer 15 ou 20 fois moins cher que la somme réelle, histoire d’éviter aux propriétaires de payer chèrement les impôts.

Pour remédier à cette situation, des parties ont demandé à ce qu’on défiscalise totalement l’IRG et la TVA frappant les revenus locatifs. Même des sociétés étrangères qui recourent souvent à la location ont déclaré que la location de l’immobilier en Algérie revient excessivement cher. Puisque c’est la stabilité du pays qui est en jeu, pourquoi l’Etat ne planche-t-il pas sur le marché locatif privé ?

Du reste, beaucoup de logements d’après les analyses demeurent inoccupés, leur nombre avoisinerait le million d’unités. Nabni avait proposé pour protéger les propriétaires et les locataires, la mise en place d’un produit bancaire qui prend en charge le financement des avances de loyer et de la caution du locataire. Mais peut-être que ce ne sont pas les idées qui manquent…

Larbi Graïne