Les travaux du deuxième et ultime jour du 3e sommet Afrique-Europe de Tripoli auront incontestablement été marqués par les interventions du Président Bouteflika qui a plaidé pour la consolidation d’un partenariat qui permette aux deux ensembles de travailler de concert à relever les défis qu’imposent les problématiques liées : l’énergie, le changement climatique, l’immigration ou encore la sécurité alimentaire.
Le sommet aura été une autre opportunité pour le Président de la République, à travers des constats des plus pertinents, de porter haut la voix de l’Afrique et de faire entendre ses véritables préoccupations et aspirations et de suggérer, dans le cadre du partenariat, les mécanismes les plus à même de faire aboutir les objectifs fixés dans la quête de la paix et de la stabilité, de la démocratie et de l’Etat de droit du développement et du progrès.
Le Chef de l’Etat qui aura mis en évidence l’envergure de l’enjeu que représente l’impact du changement climatique sur le développement des pays africains, aura relevé que l’impératif qu’il y a de mobiliser les financements suffisants aux pays africains engagés dans la valorisation des sources d’énergies, entreprise très budgétivore et hors de portée de l’Union africaine. Interpellant les pays membres de l’Union européenne, le Président Bouteflika dira, en substance, « Nous estimons donc nécessaire que le partenariat euro-africain accorde davantage d’attention à ce volet afin de permettre au continent d’être en mesure de mener avec succès les processus d’adaptation aux effets des changements climatiques dont l’origine est à 96% extra-africaine. Dans ce contexte, l’Afrique devrait bénéficier de financements conséquents au titre de l’adaptation aux changements climatiques. Elle devrait bénéficier d’une partie importante des financements à court terme promis à Copenhague.
Elle restera aussi vigilante pour œuvrer à la réalisation des promesses de niveau de financement de 100 milliards/an de dollars américains à atteindre à partir de l’an 2020, et l’orientation d’une part substantielle de ces ressources à destination de notre continent. Elle considère aussi qu’il est impératif que les pays les plus pollueurs prennent des engagements précis et à la hauteur des défis climatiques pour la phase post-2012 au service des générations futures. »
Le Président est également intervenu dans « le dossier paix et sécurité » dont l’Algérie maîtrise parfaitement les différents aspects tout en se distinguant par la cohérence de sa vision. C’est en invitant l’Union européenne à s’associer aux efforts du continent africain, investi grandement dans la stabilisation de son espace et le rétablissement de la paix et la sécurité, ainsi que dans le règlement des conflits que le Chef de l’Etat fera remarquer que « Au-delà des crises locales ou régionales, les défis sécuritaires globaux devraient aussi faire l’objet d’un dialogue et d’une coopération renforcés.
Il en est ainsi des fléaux transnationaux que sont le terrorisme, le trafic de drogue et d’armes, et leurs liens réciproques. L’Europe et l’Afrique ont tout à gagner d’un dialogue plus intense et d’initiatives conjointes pour développer les échanges d’information, démanteler les bases-arrières du terrorisme, en tarir toutes les sources de financement, y compris les paiements de rançons, et coopérer davantage dans le domaine du renforcement des capacités institutionnelles et humaines. » Le Président Bouteflika ne manquera pas d’exhorter l’Union européenne de persévérer dans sa contribution dans la mise en œuvre de l’architecture africaine de paix et de sécurité bien avancée mais dont « le parachèvement est une tâche qui pourra être menée à bien dans les meilleures conditions avec la coopération continue de l’Union européenne. Ceci vaut pour compléter la mise en place de la force africaine en attente, doter le système d’alerte rapide des outils adéquats pour son fonctionnement, et renforcer les capacités en matière de formation. »
Le Chef de l’Etat plaidera dans la même logique pour l’accompagnement de l’Afrique dans l’application des programmes visant l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement vers laquelle les pays africains ont été freinés dans leur élan par les effets de la crise économique et financière. « C’est pourquoi le Plan d’action 2011-2013 doit être substantiel et ambitieux. L’initiative d’inclure l’agriculture, l’eau et l’assainissement dans le champ d’application de ce Plan lui confère une portée mieux en rapport avec la réalisation durable de la sécurité alimentaire et le recul des maladies.
Le Plan intègre aussi le renforcement de l’engagement politique et l’accroissement des engagements financiers pour accélérer les progrès vers la réalisation des OMD. » Mais au-delà, et comme l’aura souligné le Chef de l’Etat, l’Europe pourra mieux faire en levant les contraintes qui entravent l’Afrique dans le processus de booster la croissance et de diversifier sa coopération avec le continent. En matière de gouvernance et des droits de l’homme, le Président de la République notera toutes les avancées à l’actif des pays africains ayant souscrit au fait de prohiber la prise du pouvoir par la force, pour dire ce qui est attendu des pays membres de l’UE a « L’Afrique attend de l’Europe qu’elle soutienne son aspiration légitime à participer pleinement à l’élaboration et la mise en œuvre du cadre et des instruments d’une nouvelle gouvernance mondiale prenant en compte ses intérêts et ses préoccupations. », dira le Président en explicitant que « Les partenariats entre l’Europe et l’Afrique sur la paix et la sécurité, et sur la gouvernance et les droits de l’homme, ont pris un départ des plus prometteurs.
Ils auront valeur d’exemple pour les autres secteurs et thématiques et inscriront la relation Europe-Afrique dans la perspective de globalité qu’ambitionne la stratégie conjointe. » L’autre problème d’actualité, celui lié au phénomène migratoire et à la problématique de l’emploi, a été clairement posé par le Président qui plaide en faveur d’une approche concertée de nature à réguler le flux migratoire et amoindrir son impact sur les pays africains . « La volonté d’intensifier nos relations économiques et culturelles doit aussi s’accompagner d’un nouveau regard sur la question de la circulation des personnes dans la zone euro-africaine. C’est là un domaine qu’il convient de prendre en charge en vue de faciliter les courants multiformes d’échanges entre nos régions. Le Plan d’action pour la période 2011-2013 fournit un certain nombre d’opportunités pour examiner en profondeur les préoccupations que je viens d’évoquer. Il prend en charge aussi l’amélioration de modalités et la réduction du coût des transferts de fonds des travailleurs émigrés africains et la facilitation des apports de la diaspora africaine au développement du continent. » Pour le Chef de l’Etat, cette question ne peut pas rester en marge de la dynamique globale de partenariat.
S. L.