par Yazid Alilat
Il a expliqué hier dimanche à la radio nationale que lorsque «les prix ne véhiculent pas les vraies valeurs, les marchés sont dans le désordre, et là la concurrence ne joue pas et l’investissement ne va pas loin». «C’est une nécessité, et la révision des subventions fait partie d’un bouquet de mesures, de développement économique de deuxième génération avec l’ouverture du champ économique et des initiatives», a-t-il souligné. Pour M. Benkhalfa, «il faut donc décélérer sur les subventions et accélérer sur l’investissement économique». Jusqu’à présent, a-t-il fait remarquer, le budget des subventions publiques a toujours oscillé entre 1.700 et 1.900 milliards de dinars, et «il y a les subventions explicites et celles implicites. Il y a plus que 1700 md de DA de subventions». «On commence par les carburants, le sucre, la semoule. On sort d’un filet qui cible 9 à 10 millions d’Algériens, les petits revenus et leur verser une compensation alimentaire, et libérer les prix à 60-70% en même temps», affirme M. Benkhalfa pour qui «l’essentiel est que la subventionn’est pas seule, elle fait partie d’un bouquet, et le ciblage est une mesure salutaire et nécessaire pour l’économie». Pour autant, il estime que «c’est un dossier sensible, c’est la solidarité sociale. On ne peut fragiliser des millions d’Algériens sur un coup. Le passage doit être graduel, et le ciblage qui doit permettre à l’Etat de gagner les deux tiers de ce qu’il dépense actuellement, doit être concrètement d’augmenter les revenus par l’augmentation de l’investissement économique». Selon M. Benkhalfa, la compensation irait «au chef de ménage, pas aux personnes», et son montant serait «entre 9.000 et 14.000 DA». Sur la hausse annoncée des prix des carburants, il a estimé qu’«on ne peut compenser les gens. Cela va toucher tout le monde, et donc difficile de mettre la compensation à ce niveau». Dès lors, «il faut, a-t-il préconisé, préparer les conditions de passer à une phase où l’ensemble des produits concernés devraient changer de prix, et en retour les gens recevront une compensation conséquente. Et là, le gaspillage, comme celui du pain, diminuera». Pour M. Benkhalfa «la méthode du big-bang, celle du passage rapide (à la fin de la subvention, Ndlr) est souhaitable, mais difficile».
Par ailleurs, il a rappelé que les subventions publiques ne vont pas seulement vers le soutien des prix des produits de large consommation, mais également au logement, à la santé. «Sur les 1.700 milliards de DA de subventions, il y a 350 md de DA pour le logement, 450 md de DA sur la santé, les subventions aux familles, à l’eau, à l’énergie. Et il faut même repenser les œuvres universitaires». M. Benkhalfa souligne qu’«il y a une mise en ordre de ce système, qui coûte entre 8 à 10% du PIB». L’ex-ministre des Finances, qui a estimé la subvention des carburants entre 20 et 30 md de DA, a relevé que «quand on cible la subvention, c’est un retour à la valeur des produits». Cependant, le passage vers la fin des subventions, selon lui, doit se faire selon certains préalables économiques. «Pour appliquer la fin des subventions, il faut également que les revenus augmentent par une hausse des investissements économiques. Le marché de l’emploi doit s’élargir, les revenus augmenter, on ne doit jamais toucher aux subventions sans toucher aux sources des revenus». En outre, le «système de subventions doit s’accompagner d’un filet social de protection». «Il faut que cela s’accompagne d’une hausse des revenus, ou un filet de protection des couches moyennes», préconise-t-il sur la fin du système des subventions. Car, pour cet expert financier proche des milieux bancaires, «il y a nécessairement des ajustements structurels à porter à l’économie, aux marchés, la valeur du travail, la valeur de la monnaie, de l’investissement. C’est une démarche excessivement complexe, mais qui nécessite moins de lois que d’ingénierie et de lieu de gestion de ce système par des centres d’intelligence». Pour M. Benkhalfa, ce dossier nécessite «un dialogue national, car c’est un dossier à caractère sensible». Sur la surévaluation de la monnaie nationale, il a expliqué que la Banque d’Algérie est «en train de faire des ajustements du dinar. Il est faible car la compétitivité de l’économie est faible». «Le marché n’est pas compétitif, et donc il ne faut pas qu’il y ait des prix subventionnés à côté de prix spéculatifs», soutient-il avant de recommander une hausse de l’investissement économique, l’élargissement du marché de l’emploi et, surtout, une réelle ouverture sur l’investissement étranger et «lever les tabous à ce niveau».