Paiement électronique : Les Algériens toujours aussi réticents

Paiement électronique : Les Algériens toujours aussi réticents

La généralisation de la monétique en Algérie est un processus qui prendra beaucoup de temps.

C’est du moins ce qui se dégage des différentes déclarations des experts qui présentent la fiabilisation des opérations comme le seul gage de toute démarche visant à la réussite de cette opération qui pourtant a porté ses fruits ailleurs.

Bien que le projet «Système de paiement interbancaire» ait vu son lancement en 2002, ce n’est qu’en 2006 qu’il a réellement démarré, alors que l’année 2007 a vu le déploiement de la carte CIB à l’échelle nationale et la généralisation du paiement interbancaire en novembre de la même année. Le constat fait sur l’évolution de la mise en place de ce système depuis son lancement à nos jours est sans nul doute peu reluisant.

Ainsi, tous les efforts déployés en vue de couvrir l’ensemble du territoire national avec un réseau de plus en plus dense de Distributeurs automatiques de banque (DAB) et de Terminaux de paiement électronique (TPE), visant à la vulgarisation de l’usage des Cartes interbancaires (CIB), ne semblent pas susciter l’engouement du citoyen, qui demeure d’ailleurs réticent à adopter le mode de paiement par carte électronique. L’exemple d’Algérie Poste, qui dispose d’une assez large bancarisation, est édifiant.

Alors que près de 6 millions de cartes magnétiques ont été confectionnées pour une clientèle de plus de 12 millions de CCP et de 4 millions de comptes Cnep, 2 millions de cartes uniquement ont été utilisées sur les 4,5 millions retirées des bureaux de poste, soit 44%. Pis encore, 1,3 million des cartes demandées par les clients n’ont pas été retirées des bureaux de poste.

La plupart des banquiers évoquent, pour expliquer cette réticence, l’aspect culturel de ce système, avançant que les Algériens, dans leur majorité, préfèrent toujours des transactions en espèces.

Ils estiment, par ailleurs que les banques sont aussi responsables de la lenteur enregistrée dans la vulgarisation de ce système. En effet, des pannes récurrentes sont signalées au niveau des 680 DAB installés. Des pannes dues essentiellement à la dégradation de la qualité des billets de banque en circulation.

Aussi les spécialistes précisent que, sur le plan marketing, la carte de retrait n’a pas bénéficié de campagne de sensibilisation et de publicité auprès des clients à même de les amener à l’utiliser, et que la conception de ces cartes n’a pas été soutenue par une bonne définition du profil du porteur.

Devant un tel constat et les exigences du marché extérieur, notamment dans le cadre des négociations pour l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, les pouvoirs publics devraient sérieusement se pencher sur la question pour que le paiement comptant soit au maximum limité, d’autant plus que la qualité des billets de banque en circulation ne cesse de se dégrader.