Paiement électronique en Algérie, Un système freiné par la fraude fiscale

Paiement électronique en Algérie, Un système freiné par la fraude fiscale

Le retard enregistré dans le développement du payement électronique s’explique par la crainte des commerçants du contrôle fiscal et la domination du «cash» dans les transactions commerciales, a expliqué, ce matin sur les ondes de la radio nationale, l’ex-délégué général de l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF), Abderahmane Benkhalfa.

En dépit du développement infrastructurel et technologique du pays, ce moyen de payement moderne reste très marginal avec seulement 3000 à 4000 TPE (terminaux de payement électronique). «Ce n’est pas normal qu’on soit à la 3G et quand on soit dans les infrastructures les plus développées, mais quelqu’un qui s’y présente avec sa carte bancaire ne peut pas la faire fonctionner», a déploré l’expert économique.

Pour remédier à cette situation, l’invité a expliqué qu’il est nécessaire que les autorités financières s’intéressent et s’impliquent davantage dans le parachèvement des réformes financières et bancaires lancées en 2011.

Selon lui, « ce n’est pas normal que le pays a connue un développement en termes d’infrastructure et en termes de création et de développement des entreprises, alors qu’il est confronté à un décalage en ce qui concerne le paiement électronique ».

Abderahmane Benkhalfa a plaidé pour la remise en fonction de l’autorité de coordination qui se chargera de réaliser une synergie entre les différents utilisateurs du système financier. « Je suis navré que cette institution n’est pas en fonction » a-t-il regretté. « Si la monétique a pu décoller, c’est grâce à l’autorité de régulation gouvernementale qui a été chargé de la régulation monétaire et financière », précise « l’Invité de la rédaction ».

L’expert a également appelle à l’achèvement de l’architecture institutionnelle de la monétique à travers notamment la mise en place d’une logistique devant assurer le bon fonctionnement du système. A ce titre il a rappelé que les nombre des distributeurs automatiques des billets (DAB) est très limité avec seulement 1000 appareils installés sur l’ensemble du territoire national pour une masse de 11 millions de porteur de carte.

Le rôle des banques dans la communication et l’incitation des clients à l’utilisation des cartes de paiement est aussi vivement souhaité par l’expert qui déplore dans la foulée l’utilisation du cash comparativement aux autres moyens de paiement tel que les chèques, d’où la crise de liquidité ressentie à chaque événement important.

Le développement de la monétique requiert une démarche volontariste, comme cela se fait dans la santé et l’éducation et une réconciliation entre le secteur formel et informel. « On ne peut pas continuer avec deux secteurs, car on risque une déchirure entre les deux» a-t-il expliqué.

Khelifa Litamine