Cela pour dire que la bataille du fisc qui n’est pas encore véritablement engagée, sera déterminante pour l’économie nationale.
Le gouvernement va passer à la vitesse supérieure concernant les impayés au fisc. Selon une source gouvernementale, citée par le quotidien arabophone Ennahar, un dernier délai de six mois est accordé aux entrepreneurs qui traînent une ardoise auprès du fisc. Passé ce délai, tout le contentieux sera transféré à la justice. Les instances gouvernementales, chargées de collecter l’argent des impôts, n’auront plus à discuter avec les mauvais payeurs, dont certains cumulent des dettes de plus de 10 années.
Le temps de l’échéancier et autres facilités de paiement est vraisemblablement révolu, à bien lire l’article de notre confrère arabophone qui cite le ministre des Finances Abderrahmane Benkhelfa, le ton sera désormais à la «baston», sitôt les délais expirés. Les hommes d’affaires indélicats, concernés par cette vaste opération, verront leurs comptes gelés, leurs activités suspendues et seront même interdits de quitter le territoire national. La justice décidera de leur sort et il n’est pas exclu que des dizaines de peines d’emprisonnement soient prononcées à leur encontre.
Ce n’est pas tout à fait une opération mains propres, mais il y a dans le redéploiement annoncé de l’administration fiscale une volonté de l’Exécutif de faire une démonstration de force et, au passage servir d’exemple à ceux qui pensaient que l’Etat est trops faible pour engager une bataille avec les tricheurs.

Il faut dire que l’opération de mise en conformité fiscale et le ton «conciliant» qui l’a accompagnée a fait dire à certains barons de l’informel que l’Etat était impuissant. Ce ne sera visiblement pas le cas après les six mois de délai, à en croire Ennahar. Il reste que le gouvernement n’a toujours pas communiqué officiellement sur le sujet. Pour l’heure, le discours officiel est encore «doux», mais il est évident qu’après la carotte, l’Exécutif brandira certainement le bâton. Cela étant dit, il n’est pas exclu que les tenants de l’informel réagissent, comme ils ont l’habitude en «organisant» le chaos sur le marché local. Il ne faut pas oublier que l’économie parallèle pèse pour plus de 40% et constitue, à cet effet, un important réservoir de main-d’oeuvre.
Même si celle-ci n’est pas déclarée, il n’en demeure pas moins qu’elle fait vivre des dizaines de milliers de familles algériennes. C’est peut-être cet aspect des choses qui nourrit la confiance des patrons tricheurs, se sachant assez bien représentés dans le tissu économique national pour subir les «affres» d’un gouvernement «en colère». Au niveau du Palais du gouvernement, on n’est pas sur ce registre. La démarche jusque-là aujourd’hui s’est voulue sereine et la montée en cadence a toutes les chances de suivre la même logique.
En tout état de cause, le gouvernement Sellal est obligé de «faire quelque chose» contre une faune d’affairistes qui se croient tout permis. Il ne pourra d’ailleurs pas passer la «patate chaude» à son successeur au Palais, pour la simple raison qu’il n’a aucune autre alternative financière que de serrer les vis aux mauvais payeurs, étant entendu que le recours à l’endettement extérieur est banni du discours officiel. Il ne lui reste comme seule alternative que celle de piocher dans les «bas de laine» des tenants de la «chkara» pour parvenir à réduire un tant soit peu le déficit budgétaire pour 2016. Cela pour dire que la bataille du fisc qui n’est pas encore véritablement engagée, sera déterminante pour l’économie nationale. Pour l’heure, Sellal a à ses côtés le syndicat et le patronat. A eux trois, arriveront-ils à battre l’hydre de l’économie parallèle? On verra dans six mois, à bien lire l’article d’Ennahar.