Paiement de rançon aux terroristes,Pressions des Américains sur l’Europe

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Les Etats-Unis n’apprécient plus que des pays européens payent des rançons aux groupes terroristes pour la libération des otages. Par la voix d’un haut responsable ils viennent, en effet, de réitérer cette position.

«Les gouvernements européens doivent cesser tout paiement de rançons, sans quoi ils feront face à de nombreux autres enlèvements de leurs citoyens » a, ainsi, indiqué le coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain, Daniel Benjamin, qui intervenait devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants (chambre basse du Congrès). Cette question fort sensible est un des points importants autour desquels tournent les discussions entre les deux parties. Il va sans dire que le souci premier des Américains est de priver les groupes terroristes de la manne financière qui provient du paiement de rançons. Les groupes terroristes, notamment dans la région du Sahel, ont multiplié depuis quelques années la prise d’otage de citoyens européens. De dizaines d’otages, de toutes nationalités européennes, ont été libérés grâce au paiement des rançons par leurs gouvernements.

« Le réseau d’Al Qaïda a détecté de nouvelles poches (financières) profondes, non pas à travers les riches cheikhs radicaux dans le Golfe Persique, mais par l’exploitation des riches pays occidentaux et leurs alliés » a précisé le haut responsable américain en ajoutant qu’« en procédant aux enlèvements des Européens, des Est-Asiatiques et des Nord-Américains, ces organisations terroristes ont trouvé une source de financement fiable qui vient directement des caisses des pays qui se consacrent à lutter contre Al Qaïda ». Cette manne financière permet aux terroristes de se renforcer et d’acquérir de nouvelles armes, de plus en plus sophistiquées. Cette position des Etats-Unis est similaire à celle exprimée à maintes reprises par l’Algérie. Les responsables algériens n’ont eu de cesse d’appeler de tous leurs vœux l’arrêt de cette pratique par les gouvernements européens. Mieux encore, l’Algérie a déployé des actions diplomatiques tous azimuts pour convaincre la communauté internationale de la nécessité de mettre fin à cette pratique qui ne fait que compliquer la situation puisque les groupes terroristes, en bénéficiant de dizaines de millions d’euros sonnants et trébuchants, multiplient leurs capacités de nuisance. Ce forcing algérien a été couronné de succès puisque le conseil de sécurité de l’Onu a adopté, vers la fin de l’année 2010, une résolution criminalisant le paiement des rançons. Ainsi donc il y a une totale convergence de vues entre les Etats-Unis et l’Algérie sur cette question. Une convergence qui a de nouveau été mise en évidence lors de la toute récente visite effectuée à Alger par Daniel Benjamin et au cours de laquelle il a eu des entretiens avec les plus hauts responsables algériens.

« Il est temps de bloquer ce volet de financement avant qu’il ne grossisse et renforce cette organisation » a souligné le responsable américain devant la chambre du congrès qui n’a pas aussi manqué d’attirer l’attention sur l’attitude des organisations non gouvernementales (ONG) et les entreprises privées qui « continueront probablement à payer des rançons pour obtenir la libération de leur personnel ».

Mais pour lui « si au moins les gouvernements arrêtent de payer, cela aidera à compromettre le fonctionnement des organisations terroristes qui dépendent des revenus engrangés par le biais des rançons ». Les pays européens vont-ils souscrire à cette sollicitation américaine ? Il est fort peu probable que cela soit le cas tant le poids de l’opinion publique pèse lourd dans la balance et ce, même si, officiellement, tous les pays européens, y compris la France qui vient d’ailleurs de refuser de payer 90 millions d’euros pour la libération de quatre otages français détenus au Mali, affirment qu’ils n’ont jamais payé de rançon aux terroristes.

Par : Kamal Hamed