En réaction à l’incarcération de Mahieddine Tahkout et des membres de sa famille, tous les bus de transport universitaire et urbain étaient à l’arrêt hier. La décision d’arrêt de travail de ces moyens de transport a été prise par la direction de l’entreprise. Cette grève surprise de toute une flotte de bus utilisée dans le secteur du transport universitaire et urbain a engendré une grande pagaille.
Le débrayage a touché le transport universitaire dans plusieurs wilayas dont Alger, Blida, Sétif, Oran et Tlemcen…etc. Ce blocage coïncide avec la période des examens et la reprise des cours décidés par plusieurs universités après une grève qui a duré plus de deux mois.
A ce propos, il faut noter que la direction du centre universitaire Morsli -Abdellah de Tipasa a décidé le report des examens du 2ème semestre, prévus à partir d’hier, à cause d’un manque dans le transport universitaire. Un arrêt total des bus de transport des étudiants a été enregistré, hier, au niveau du centre universitaire de ladite wilaya. On ne sait pas si ce genre de décision sera généralisé au niveau d’autres wilayas comme Alger où l’activité était quasiment à l’arrêt, a-t-on constaté. Des travailleurs auraient organisé des sit-in de protestation un peu partout à travers le pays, pour dénoncer la mise à l’arrêt des bus destinés au transport des étudiants. Sur les réseaux sociaux, des travailleurs ont dénoncé une décision « unilatérale » de la direction de l’entreprise. A Sétif, les travailleurs dénoncent une instruction les empêchant de sortir du parc. Dans le sillage de cette vive tension, la direction générale de l’ Onou a déposé plainte en référé au tribunal de Bir Mourad Rais à Alger, contre le Groupe Tahkout, accusé d’avoir paralysé sciemment le transport estudiantin au niveau de plusieurs wilayas du pays. En tout état de cause, le blocage était prévisible étant donné que le quasi-monopole du transport universitaire relève de Tahkout.
D’ores et déjà, cette affaire et ses divers litiges et implications suscitent beaucoup d’interrogations. L’homme d’affaires Mahieddine Tahkout et deux de ses frères Rachid et Hamid ainsi que son fils Bilal ont été placés hier sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed. Le groupe Tahkout emploie plus de 14.000 travailleurs, d’après son collectif d’avocats. Mahieddine Tahkout, son fils et deux de ses frères ont été incarcérés hier. « On lui reproche des faits de détournement, de blanchiment d’argent et d’accès à des privilèges», a déclaré son avocat Me Khaled Bourayou. Les anciens directeurs de l’Etusa et de l’Office national des œuvres universitaires (Onou) ont été également placés sous mandat de dépôt.

Officiellement, les membres de la famille Tahkout sont poursuivis dans des affaires liées à l’obtention d’indus privilèges par des cadres de l’Office national des œuvres universitaires (Onou) et du ministère des Transports dans l’affaire liée aux œuvres universitaires ainsi que par des cadres du ministère de l’Industrie et de l’Agence nationale de développement et de l’investissement (Andi), dans une autre affaire liée à la société Cima Motors. Pour rappel, Mahieddine Tahkout, 56 ans, ancien petit commerçant, a fait fortune en obtenant des marchés publics dans le secteur du transport universitaire et urbain.
Le groupe Tahkout possède aussi l’un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie, Cima Motors, qui distribue notamment les marques Hyundai, Opel, Chevrolet, Suzuki, Fiat, Jeep et Alfa Romeo. Depuis 2016, la Tahkout Manufacturing Company (TMC), autre filiale, assemble plusieurs modèles de Hyundai dans son usine de Tiaret. Tahkout a également racheté en 2015 la chaîne de télévision Numidia TV. Enfin, plusieurs richissimes et puissants hommes d’affaires algériens ont été placés en détention provisoire depuis le départ du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, sous la pression d’un mouvement de contestation inédit. Ils sont soupçonnés d’avoir profité de leurs liens avec l’entourage de Bouteflika pour obtenir des marchés publics et divers avantages.