Pacte de l’ONU sur l’immigration: Le double profil de l’Algérie

Pacte de l’ONU sur l’immigration: Le double profil de l’Algérie

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L’ONU voudra surtout débattre du malheur de ces migrants qui mettent leurs vies en danger. Le pacte, qui repose sur 23 objectifs, est «un guide des bonnes pratiques et un catalogue de solutions.

L’ONU s’est accordé un pacte mondial sur les migrants. Une telle résolution divise pas mal de pays qui ne sont pas d’accord, car cela donne plus de droits aux migrants. Même si au fond on reconnaît la nécessité d’une coopération à ce sujet qui a pris de l’ampleur, il n’en demeure pas moins que certains pays, notamment Européens, restent sceptiques.

Le quotidien Le Monde note dans une de ses publications. «Au total, 192 Etats membres des Nations unies -excepté les Etats-Unis, qui se sont retirés des négociations, ont entériné l’idée d’un ‘pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulée », qui doit encore être formellement adopté à Marrakech les 10 et 11 décembre prochains», en précisant: Le pacte, qui repose sur 23 objectifs, est «un guide des bonnes pratiques et un catalogue de solutions».

Il rappelle tous les grands principes tels que la défense des droits de l’homme et de l’enfant et couvre tout le spectre de la migration, que ce soit la compilation de données pour mieux appréhender le phénomène migratoire ou les questions liées au départ, au transit, à l’accueil, au travail, à l’accès aux services sociaux, au retour et à la réintégration,explique-t-elle. «Les Etats membres ont accepté de négocier, car ils ont compris que ce pacte ne forçait en rien l’adoption de politiques nationales.»

A ce jour, l’Union européenne reste profondément divisée et tente de renégocier toutes les règles du droit d’asile européen. L’Algérie dans tout ça est considérée comme un pays doublement touché. D’abord, en tant que pays d’accueil et ensuite comme pays pourvoyeur de migrants. Quel impact aura donc cette résolution sur l’Algérie? Les 10 et 11 décembre, 193 membres des Nations unies trouveront à Marrakech l’occasion de débattre le sujet, l’ONU souhaite par son pacte aboutir à une migration plus maîtrisée et orientée pour relever le défi face aux pays refusant de signer, à l’image de la Hongrie, de l’Autriche, de la Pologne, de la République tchèque, de la Bulgarie, de la Slovaquie, de l’Italie, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Suisse, de l’Australie et de la République dominicaine.

L’ONU voudra surtout débattre du malheur de ces migrants qui mettent leurs vies en danger. Certains n’atteindront pas la rive quand c’est par voie maritime qu’ils veulent fuir, soit les guerres, soit la mal -vie. Un drame que l’Algérie vit pratiquement au quotidien. Des jeunes qui, pour une vie plus décente qu’ils croient embrasser en Europe, s’acquittent d’une somme d’argent pour se faire embarquer pour l’autre terre.

L’Algérie est bien imprégnée de ce phénomène qui prend de l’ampleur. Ses enfants ne fuient pas la guerre, mais partent à bord de barques de fortunes depuis les plages de Annaba, Oran, et Tipasa à la recherche d’une vie meilleure, juste et décente.

Des dizaines de ces jeunes sont revenus, mais hélas pour y être enterrés. Un malheur qui frappe l’Algérie. En 2017 «plus de 17.500 harraga, ont réussi à traverser la Méditerranée, et sont détenus en Europe», a indiqué la Ligue algérienne des droits de l’homme dans un communiqué diffusé en janvier 2018.

Le même communiqué rapporte: «Le nombre de ceux qui ont été interceptés par les autorités tunisiennes et marocaines et mis en prison reste imprécis.» Cela est d’autant plus valable pour ceux détenus en Europe. Selon le Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés «8500 arrivées irrégulières d’Algériens sont signalées sur l’ensemble des côtes européennes».

La même source souligne que «les chiffres doivent être dans les mêmes proportions en 2018». Si l’Algérie est fournisseur de migrants, elle est aussi une terre d’accueil.

Le flux migratoire en Algérie est presque incontrôlable. L’on compte plus de 27 000 migrants subsahariens, chaque année, 165.000 réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf et 4000 Palestiniens, ainsi qu’environ 40.000 Libyens et 16.000 Syriens.

L’option préventive adoptée par l’Algérie ne suffit plus. L’Algérie qui va participer à l’Assemblée de Marrakech devrait défendre son principe de coopération pour mettre en place une approche et s’investir aux côtés de l’ONU. Cela dit, le pacte de l’ONU va encourager ou décourager les migrants à s’adonner à l’aventure?