Package politique ?

Package politique ?

On ne s’attendait pas à le voir en porte-parole de ce qu’il est convenu d’appeler “l’Alliance présidentielle”, mais il est bien le plus prolixe des “alliés” depuis la mise hors-jeu du désormais ex-secrétaire général du FLN. Et il faut peut-être s’y résoudre : depuis trois semaines, Amar Ghoul a cessé de parler au nom de son seul parti, TAJ, comme s’il avait pour mission de faire avancer les pions de ladite alliance qui compte aussi le FLN, le RND et le MPA. Ainsi, lors de ses trois ou quatre dernières sorties, dont celle d’hier, Ghoul n’a qu’un seul message : “son” appel à la tenue d’une “conférence nationale inclusive” qui regrouperait, comme son nom l’indique, les représentants du régime en place et ceux de l’opposition.

Une telle insistance suppose au moins un accord préalablement conclu avec ses trois partenaires dont aucun, par ailleurs, n’a rejeté formellement la proposition. Il y eut, certes, cette fausse note du n°2 du RND qui s’en était démarqué publiquement. Mais le 5e mandat était vraisemblablement encore en ballottage et, dans de telles conditions, “l’initiative” de Ghoul impliquait forcément un report de l’élection, hypothèse qui n’agréait pas le RND, encore moins son patron. Ni, probablement, d’autres segments du régime. Mais, depuis, Amar Ghoul a “précisé sa pensée” : ladite conférence ne remettrait pas en cause le calendrier électoral et pourrait même se tenir après l’élection présidentielle. Et c’est ce message que le chef de TAJ a rabâché hier encore, alors que l’option du 5e mandat semble plus que jamais décidée et définitivement entérinée.

Mais alors, à quoi bon une “conférence nationale inclusive” ? Elle est toujours de mise car elle est, en réalité, un élément de tout un package politique proposé, certes, de manière non assumée, à la fois à l’opposition et à l’opinion nationale et internationale : le maintien de Bouteflika au sommet de l’État serait accompagné d’un accord sur une recomposition politique qui suivrait l’élection. Un accord qui rendrait le 5e mandat plus “digeste” et une recomposition que le régime ne verrait plus d’un mauvais œil, car désormais acculé par une crise multiforme dont il serait préférable de partager le fardeau, face notamment à une contestation sociale de plus en plus probable.

Tout se ferait alors au nom d’un “consensus national” miraculeux qui comblerait toutes les faillites politiques et tous les déficits, celui de légitimité comme celui de la balance des paiements. Il faut juste espérer que l’opposition mordra à l’appât et le régime pense  lui donner ainsi des raisons de le faire. Car, en définitive, la proposition peut être perçue comme une réponse positive à ce qui a été longtemps, à quelques nuances près, une revendication de l’opposition. Abderrezak Makri, lui, a déjà mordu à l’hameçon. Peut-être en parfaite connaissance de cause.