Après les mesures prises pour le gouvernement Ouyahia dans le sens de l’encouragement de la production nationale de médicaments dans un marché dépendant jusque-là largement des importations, le cap a été mis cette fois-ci sur le secteur de la distribution, un maillon qui demeure sous l’emprise d’une certaine anarchie.
Les grossistes ne distribueront plus le médicament fabriqué ou conditionné en Algérie :
Par A. Bachiri
Après les mesures prises pour le gouvernement Ouyahia dans le sens de l’encouragement de la production nationale de médicaments dans un marché dépendant jusque-là largement des importations, le cap a été mis cette fois-ci sur le secteur de la distribution, un maillon qui demeure sous l’emprise d’une certaine anarchie.
Sensibilisés par l’ins-tabilité que connaît depuis plusieurs mois le marché du médicament, les pouvoirs publics sont visiblement décidés à mettre le holà. C’est ainsi que le gouvernement, par le biais d’une instruction signée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, vient d’interdire la distribution par les grossistes des médicaments fabriqués localement.
Cette mesure tend à obliger les producteurs locaux de médicaments à créer leur propre réseau de distribution. Les producteurs de médicaments doivent donc désormais vendre leurs produits directement aux officines pharmaceutiques.
Cette manière de faire vise en fait à extraire le marché du médicament de l’emprise des grossistes soupçonnés de faire du chantage envers les producteurs contraints de satisfaire les conditions des distributeurs.
La décision du premier ministre d’exclure les grossistes de la distribution des médicaments fabriqués ou conditionnés en Algérie vise à protéger le médicament local qui subit « le dictat des sociétés de distribution », selon un connaisseur du dossier du médicament, cité par le journal électronique « Tout sur l’Algérie ».
« Les grossistes demandent des remises exceptionnelles pour écouler le médicament local qui est moins demandé que celui importé. Les producteurs locaux sont obligés d’accorder des remises exceptionnelles allant jusqu’à 100% de leur marge bénéficiaire aux grossistes pour vendre leurs médicaments », explique la même source.
La situation est devenue intenable pour de nombreux producteurs de médicaments, obligés d’accorder des rabais aux grossistes, pour écouler leurs produits. « Aucun producteur local de médicament n’est rentable aujourd’hui. Seules les entreprises qui allient importation et production s’en sortent », ajoute la même source.
En décidant d’obliger les producteurs locaux à distribuer directement leurs produits, le gouvernement cherche aussi à agir sur les prix des médicaments afin de réduire le déficit de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS).
Toutefois, la décision du Premier ministre risque de provoquer de nouvelles perturbations sur le marché du médicament, déjà sous forte tension depuis plusieurs mois. « La création d’un réseau de distribution performant nécessite des investissements, une organisation et un savoir-faire.
Certains producteurs ont les moyens de le faire, d’autres non », ajoute la même source. Les producteurs locaux devront en effet apprendre un nouveau métier et affronter les détaillants qui exigent des facilités de payement et des remises. « Ils auront également à gérer les problèmes de recouvrement et la couverture du territoire national », explique-t-on encore.
L’Algérie n’est pas le seul pays à prendre la décision d’autoriser les producteurs à vendre directement aux détaillants. « La France, l’Espagne, deux pays où 95% des médicaments génériques ne passent pas par les grossistes, et le Maroc l’a déjà fait. Mais ces pays n’ont pas interdit aux grossistes de distribuer le médicament local », ajoute la même source
. Quoi qu’il en soit, la mesure prise par le gouvernement finira par avoir un impact positif sur le marché du médicament qui demeure sous le diktat d’une certaine maffia qui ne s’intéresse qu’au gain, quitte à prendre en otage le consommateur.