Ouyahia tenu d’exécuter l’engagement d’élever le Smig

Ouyahia tenu d’exécuter l’engagement d’élever le Smig

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia est tenu de négocier à partir d’aujourd’hui avec les partenaires de la tripartite (Patronat et UGTA) l’augmentation du salaire minimum garanti, en exécution de l’engagement du Président Bouteflika pris lors de la campagne électorale de la présidentielle en avril dernier.

Et pourtant, il y a trois ans, M. Ouyahia, en qualité de Chef du gouvernement, avait refusé l’augmentation du Smig ; un refus justifié à l’époque par le fait que les indices macro-économiques n’étaient pas favorables à une telle hausse, notamment l’instabilité de l’inflation et le faible taux de productivité.



D’ailleurs, ce n’est qu’après la désignation de Abdelaziz Belkhadem à la tête du gouvernement que le Smig a été augmenté à 12 000 DA lors de la douzième tripartite. Qu’est-ce qui a changé ?

Il faut dire qu’en matière de données économiques, les indices cités par le passé ne sont pas favorables à une augmentation, mais en matière de prérogatives beaucoup de choses ont changé depuis la révision de la Constitution en 2008. Car avec la suppression du poste de Chef du gouvernement, remplacé par celui de Premier ministre, la mission principale de ce dernier est d’exécuter le programme du président de la République.

Ce qui veut dire que Ouyahia est tenu d’exécuter la décision de Bouteflika portant augmentation du Smig. Toutefois, le Premier ministre a son mot à dire dans les négociations pour décider du seuil de l’augmentation qui n’a jamais dépassé les 2 000 DA.

Sachant que les arguments qui justifient le fait de ne pas aller au-delà de 3 000 DA sont notamment l’inflation qui est en hausse, le recul des exportations en hydrocarbures, donc le recul des réserves de change, la faible productivité hors hydrocarbures, la santé financière du secteur économique public et celle des PME représentées par le Patronat qui n’a pas caché vouloir décrocher la contrepartie d’une éventuelle augmentation des salaires.

En tout cas, dans le projet de loi de finances 2010, les dépenses réservées à l’augmentation du Smig et le régime indemnitaire sont fixées à 230 milliards de dinars. Même si l’argentier du pays, Karim Djoudi a expliqué que ce seuil n’est pas fixe et dépend de la décision qui sera prise lors de la tripartite, le gouvernement aura la mission de se limiter à cette somme.

A rappeler que le Smig a été augmenté plusieurs fois. En 1991, le Smig a été relevé dans des circonstances politiques très difficiles, avec notamment les injonctions de la Banque mondiale et du FMI qui avaient obligé le Chef du gouvernement de l’époque à procéder à la dévaluation du dinar et à adopter un programme d’austérité.

En avril 1992, le gouvernement de Ghozali avait décidé d’augmenter le Smig à 2 500 dinars ; puis en janvier 2004, le gouvernement de Réda Malek l’a relevé à 4 000 dinars. En mai 1997, le Smig a été augmenté à 4 800 dinars et 5 400 dinars au mois de janvier 1998, et a atteint 6 000 dinars au mois de septembre 1998.

Pouvoir d’achat qui se détériore

D’autre part, les années 2000 ont enregistré trois augmentations successives en 2001, 2004 et 2006 avec 2 000 DA à chaque augmentation, à savoir que la situation financière était favorable grâce aux recettes des hydrocarbures.

Cependant, ces différentes augmentations n’ont pas eu d’incidences sur l’amélioration du pouvoir d’achat, puisque les 2 000 DA de plus ne peuvent subvenir aux besoins d’une famille, notamment face aux prix des produits de large consommation qui ne cessent d’augmenter.

La question est de savoir s’il ne faut pas aller vers une vraie politique salariale au lieu d’avoir recours à des augmentations du Smig sans conséquence.

Dans ce cadre, les syndicats autonomes exigent un Smig à 33 000 dinars, le Parti des travailleurs demande 35 000 et la Centrale syndicale espère une augmentation au-delà de 2 000 DA ; pourtant en 2005, son étude sur le pouvoir d’achat avait recommandé un Smig à 25 000 DA.

A souligner qu’à la tripartite le patronat est représenté par six organisations patronales alors que les travailleurs sont représentés uniquement par la Centrale syndicale qui est un choix justifié par le gouvernement du fait de sa représentativité.

Pourtant, il y a quelques jours, ce sont les syndicats autonomes de l’Education qui ont pu décrocher suite à une grève de trois semaines, la satisfaction des revendications des travailleurs, notamment celles relatives à la rétroactivité du régime indemnitaire à partir de janvier 2008 ; et hier, c’était au tour des syndicats autonomes de décrocher la régularisation des indemnités des médecins généralistes avec effet rétroactif à partir de janvier 2008.

Mais le gouvernement n’a toujours pas pris la décision d’associer les syndicats autonomes à la tripartite ; par conséquent, ces syndicats ont décidé de protester aujourd’hui devant la résidence El Mithak où se tient la tripartite. Il s’agit de dénoncer la marginalisation.

N. C.