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La prochaine présidentielle aura bien lieu en avril 2019 et son report «est une pure illusion politique», a certifié le patron du RND.
Ahmed Ouyahia «lâche» Saïd Bouhadja. Le secrétaire général du RND et néanmoins Premier ministre prend position avec la centaine de députés RND qui ont signé la motion de retrait de confiance au président de l’Assemblée, et appelle ce dernier à partir sereinement. Il le fait avec beaucoup de doigté d’ailleurs en exprimant un voeu de voir la crise qui bloque la chambre basse du Parlement prendre fin «dans le calme» et que le président de l’Assemblée, «le moudjahid respectable et qui s’est acquitté d’importants rôles dans sa vie de militantisme, garde son image positive et que ce blocage au sein de l’APN soit levé, tout en tirant les enseignements du message qui lui a été adressé par 361 députés». Lors de sa conférence de presse, en marge d’un séminaire national des militantes du parti, Ahmed Ouyahia a tenu également à démonter l’argument de Saïd Bouhadja qui s’accroche à son «siège» en attendant un «coup de fil» de la présidence. Le téléphone rouge ne sonnera pas.«La présidence de la République n’a rien à voir dans ce qui se passe au sein de l’hémicycle du Parlement» a tranché le patron du RND non sans glisser subtilement que même si le retrait de confiance au président de l’Assemblée et la demande de sa démission n’étaient pas prévues dans la loi, «ses collègues députés qui l’ont élu à la tête de l’instance, se trouvent en désaccord avec lui, ceci est un fait». A bien voir, Saïd Bouhadja a eu la maladresse d’engager la responsabilité de la Présidence dans cette affaire en sollicitant son arbitrage sur le dossier alors que ses adversaires, eux, se sont montrés plus adroits politiquement en mettant en avant l’argument de la majorité parlementaire qui n’a plus confiance dans le président de l’APN.
L’APN ne sera pas dissoute
Et il est à ce demander maintenant, après les déclarations de Ouyahia, qui viennent appuyer celles du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, si le sort de Saïd Bouhadja est définitivement scellé? Ce dernier va-t-il finalement abdiquer et jeter l’éponge? L’homme qui en appelle au respect des lois de la République est certes tenace, mais dans ce bras de fer qui bloque le pouvoir législatif, il ne s’agit pas uniquement de lois. Et si Ahmed Ouyahia certifie qu’il n’y aura pas de dissolution de l’Assemblée populaire nationale, cela revient à dire que l’une des deux parties du conflit devra faire marche arrière. En affirmant que l’APN ne sera pas dissoute, le patron du RND a voulu dissuader Bouhadja de persévérer dans son jusqu’au-boutisme car il est plus facile pour un seul homme de reculer que pour les 361 députés de le faire. La sortie médiatique d’Ahmed Ouyahia, hier, visait non seulement d’afficher clairement la position du secrétaire général du RND vis-à-vis de la crise de l’APN, mais aussi de mettre un terme à certains «bruits» qui ont fait leur petit bout de chemin dans l’agitation actuelle de la classe politique, à savoir l’hypothèse d’un report de la présidentielle en raison de l’hypothétique dissolution de l’Assemblée. «La prochaine présidentielle aura bien lieu en avril 2019 et faire lien entre une dissolution du Parlement et des élections législatives anticipées et le report de l’élection présidentielle est une pure illusion politique», a dit Ouyahia ajoutant que «tout remaniement ministériel relève des prérogatives du président de la République, cela n’est pas nouveau». Ahmed Ouyahia qui certifie donc qu’aucun changement n’est prévu dans l’agenda électoral, ne manque pas d’appeler à nouveau le président Bouteflika à briguer un nouveau mandat tout en avançant les raisons de ce choix «certains opposent à notre analyse l’alternance démocratique. Nous plaidons pour notre part, l’exemple des pays qui ont réussi leur décollage économique et social en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud par exemple, des décollages accomplis il y a quelques décennies déjà, grâce aux mérites de la continuité».
Le RND est partie prenante du Front populaire
Le patron du RND a assuré, à l’occasion, que sa formation politique est «partie prenante» dans le Front populaire solide auquel a appelé le chef de l’Etat, de même qu’il est «un allié» dans cette même initiative, avec le parti du Front de Libération nationale. Il précise cependant que «chacun de nous a sa propre méthode et nous travaillons dans le même sens afin de concrétiser le même objectif, qui est la préservation de la paix et de la stabilité». Une réponse claire à tous ceux qui mettaient en doute l’engagement du RND dans le Front. Ahmed Ouyahia a enfin évoqué la situation socio-économique du pays résumant en quelques points les défis que l’Algérie doit relever pour continuer d’avancer sur la voie du développement et du bien-être. Il a cité l’anarchie, la violence, le populisme, la démagogie, le travail et a insisté sur la préservation de la stabilité du pays. Pour relever l’ensemble de ces défis, Ahmed Ouyahia préconise la poursuite du «Moudjahid Abdelaziz Bouteflika de son engagement et son sacrifice au service de l’Algérie (…) pour une Algérie qui avance, pour une Algérie de justice sociale, pour une Algérie d’égalité entre les hommes et les femmes devant les efforts, les sacrifices, mais aussi dans les droits, pour une Algérie fière et souveraine dans le monde».