Ouyahia reconnaît les défaillances devant les sénateurs «Je demande une trêve pour l’Algérie»

Ouyahia reconnaît les défaillances devant les sénateurs «Je demande une trêve pour l’Algérie»

Après deux jours de débats sur la déclaration de politique générale présentée dimanche dernier au Conseil de la nation, c’était hier au tour des réponses aux préoccupations des sénateurs.

Le Premier ministre, a voulu avant d’entamer les réponses de s’excuser d’avance sur son intervention tout en affirmant que le gouvernement n’a jamais parlé d’une satisfaction. Ahmed Ouyahia a reconnu qu’il y a des défaillances et des retards dans différents secteurs et chantiers avant de demander une trêve



«non pour le gouvernement mais pour l’Algérie» dans le processus de la construction. Ainsi, il a justifié indirectement ces retards sans définir les responsabilités. Alors que c’est le gouvernement qui est le premier à exécuter des différentes politiques adoptées notamment, économiques, développement humain et autres. Toutefois, il dira : «On n’est pas un gouvernement qui se félicite» avant d’affirmer qu’il va essayer d’apporter de l’espoir aux Algériens pour leur avenir dans leur pays. D’autre part, il a affirmé qu’il ne veut pas entrer en polémique avec les sénateurs et qu’il va répondre par écrit avant janvier prochain sur quelques questions de chaque sénateur.

Dans ses réponses, Ouyahia est revenu sur la santé, l’éducation, la corruption, le logement, l’agriculture, les énergies renouvelables, les dépenses publiques, les collectivités locales et le développement économique, tous des chantiers qui restent ouverts. Et il a voulu laisser vers la fin, la prise en charge de la jeunesse.

Pas de légitimité à «la harga»

A ce propos, il dira : «Il ne faut pas attendre que le gouvernement légitime l’acte de la harga.» Sans apporter une solution bien claire à ce phénomène qui s’intensifie. Pour Ouyahia, c’est la responsabilité des plus vieux de planter la fierté du pays chez les jeunes pour qu’ils restent dans leur pays. A ce titre, il a ajouté que le suicide est un péché en Islam et dans la logique les jeunes harraga sont ou bien tenus comme détenus ou bien exercent des sots métiers alors que dans leur pays, ils sont libres. Dans ce cadre, il a jouté que la jeunesse qui est «l’âge de la révolte doit être orientée et non d’allumer le feu». Toutefois, il a souligné que le taux de chômage est de 21% chez les jeunes de 20 à 35 ans avant de défen-dre le chiffre de 10% donné par l’ONS. Il a aussi remis en cause le discours religieux qui doit, selon lui, s’occuper de plusieurs questions liées à la société.

Evoquant le secteur de la santé dans lequel il a reconnu le manque des médecins spécialistes, il a affirmé que 10 000 médecins spécialistes sortiront de l’université à l’horizon 2014, soit le double des spécialistes diplômés formés durant les cinq dernières années.

S’agissant de la question du logement, Ouyahia a soutenu que personne «ne peut dire qu’il n’ y a pas de logement» en rappelant la construction de plus de 2 millions de logements entre 1999 et 2009 et la réalisation de 1,160 million de logements durant le plan quinquennal 2005-2009. Dans ce cadre, il a souligné qu’il est prévu la construction de plus de 2 millions de logements durant le plan quinquennal 2010-2014 dont 700 000 ruraux, 500 000 sociaux, 300 000 dans le cadre du programme d’éradication des constructions précaires et 500 000 promotionnels. Mais, il reconnaît qu’il y a des cas où celui qui a un habitat précaire passe avant le demandeur de logement social.

Abordant , la qualité de l’éducation et de l’enseignement en Algérie, il dira que le niveau de l’éducation et de l’enseignement en Algérie qui a évolué de façon considérable du point de vue quantitatif, connaît également une importante amélioration du point de vue qualité. Toutefois, il a reconnu que ces secteurs nécessitent toujours davantage de développement et n’ont pas encore atteint le niveau escompté. Selon lu «l’école ne peut remplacer les parents et la société en matière d’éducation, sa première mission étant l’enseignement». Il a rappelé que l’Etat consacre 16 milliards de dollars par an aux secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation.

«La commune qui n’a pas de ressources financières n’a pas le droit d’exister»

Concernant les collectivités locales, Ouyahia a évoqué trois points : le faible encadrement, les moyens et les pouvoirs des élus. Pour l’encadrement, il a annoncé le recyclage de 5 000 cadres et le recrutement de 10 000 universitaires au niveau des collectivités locales. S’agissant de moyens, Ouyahia dira : «Je suis d’accord sur le peu des moyens mais la commune qui n’a pas de sources financières n’a pas le droit d’exister.» Dans ce cadre, il a rappelé que l’Etat avait effacé les dettes des communes à deux reprises durant les dix dernières années.

A ce titre, il a ajouté que le cahier des charges des communes devait prévoir à l’avenir le drainage des investissements et des programmes de développement local. Il a parlé aussi du financement de développement dans le cadre des PCD avec 60 milliards de dinars ajoutant que 111 milliards de dinars n’ont pas été dépensés de l’exercice de 2009.

Il a affirmé que «Sonelgaz, sans le soutien de l’Etat, aurait fait faillite, ce qui ne veut nullement signifier qu’une augmentation dans les prix de l’électricité et du gaz sera pratiquée prochainement».

Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, la rationalisation des dépenses publiques et la question de la réévaluation, il a rappelé les différentes mesures prises dans ce cadre tout en affirmant que le crime économique en s’intensifiant deviendra une menace pour la sécurité nationale avant de dire qu’il y a l’argent sale qu’il faut suivre et il y a aussi «la politique sale».

A ce titre, il a ajouté que le crédit documentaire est venu pour réduire l’argent sale. En outre, il a affirmé que la subvention du blé et de l’orge ne sera pas remise en cause. S’adressant au patronat qui pense aux allocations familiales, il a rappelé que le gouvernement a pris des mesures pour les PME. Selon Ouyahia, ce n’est pas à l’Etat de créer des usines, il faut aller vers une économie productive. Il a affirmé que pour le tourisme, des mesures incitatives pourraient être prises à l’avenir.

Par Nacera Chenafi