La désignation du prochain sélectionneur national a créé une effervescence incroyable qui n’a laissé personne indifférent, y compris les politiques et à leur tête le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Il n’y a pas que chez nous que football et politique tentent de faire bon ménage, chacun ayant compris et étant convaincu qu’il a besoin de l’autre. En France par exemple, et notamment depuis l’affaire du bus de Knysna en Afrique du Sud lors du Mondial 2010, la plupart des politiques se sont tous sentis obligés de se mêler de façon directe ou indirect eau débat, commettant des impairs et des dépassements, voire des dérives que la presse a dénoncées vertement et sans ménagement. Chez nous, les politiques ont plutôt l’habitude de se prononcer à l’ombre des caméras et des micros et d’agir en coulisses, ce qui n’a pas été le cas pour le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui, à travers sa sortie médiatique de mercredi lors de l’émission Hiwar Essaâ, a, quelque part, cassé un tabou. Du coup, les commentaires vont bon train sur les déclarations du Premier ministre d’autant qu’elles vont à contre-courant de la décision de la Fédération algérienne de football (FAF) et surtout de son président de confier les rênes de la première sélection du pays à une compétence étrangère. Ahmed Ouyahia, connu pour son excès «d’algérianité» a tout simplement défendu l’option nationale et la compétence locale, rappelant – ce qui est vrai d’ailleurs – que tous les sacres ou grandes performances ont été réalisés grâce ou sous la conduite de techniciens algériens. Certains ont vite parlé de démagogie de la part d’Ouyahia. Peut-être, mais connaissant l’homme, ce serait plutôt un raccourci de le croire car au fond le Premier ministre, tout en donnant son «avis personnel» sur une question qui secoue tous les Algériens, a surtout exprimé une position.
Il est clair qu’il y a un désaccord entre le président de la FAF et le Premier ministre sur cette affaire de sélectionneur, et même sur plusieurs points que des sources indiscrètes ont juste fait de rappeler. Lorsque les membres du bureau fédéral ont vite tourné casaque pour dénoncer les limites des techniciens algériens, alors que c’est avec eux qu’ils ont réussi là où ils sont aujourd’hui, Ouyahia n’a pas hésité un instant à défendre Rabah Saâdane et à travers lui tous ses collègues du métier. D’ailleurs, à ce sujet, la FAF aurait dû, par décence et respect à tous les entraîneurs algériens, formuler autrement le fameux communiqué en évitant de tirer sur les ambulances. L’erreur stratégique de Raouraoua au lendemain du Mondial sud-africain, en ratant le passage de témoin de Saâdane à une plus grosse pointure de niveau international, ne devrait pas être imputée aux entraîneurs nationaux.
De plus, aujourd’hui la FAF, qui joue au casting en lançant un appel à candidatures internationales et en mettant en place une commission technique d’évaluation, ne fait-elle pas tout cela juste pour cautionner un choix déjà entériné depuis un bon moment ? Tous les ingrédients de la mise en scène l’indiquent et le plan communication pour juguler la colère de l’après Maroc – Algérie semble marcher à merveille. Ce qui est certain, c’est que Raouraoua joue sa dernière carte et peut-être même sa tête sur ce coup-là, sachant que le fond du problème du football algérien est vraiment ailleurs.
A. Salah-Bey