Il est primordial que le juge ne soit soumis qu’à la loi et qu’il applique le principe de l’égalité entre les citoyens. Ahmed Ouyahia, ministre d’Etat et directeur de cabinet de la présidence de la République, a reçu, hier, à Alger, Tahar Zbiri et Saïd Bouchaïr avec lesquels il s’est entretenu autour du projet de révision constitutionnelle. Tahar Zbiri, l’ex-chef de la wilaya I historique et non moins sénateur au tiers présidentiel a mis l’accent sur la nécessité de préserver les valeurs de la révolution de Novembre dans la future mouture de la Constitution.
Saïd Bouchaïr a pour sa part insisté sur la consécration de l’indépendance de la Cour des comptes mais également sur celle du juge qu’il s’agit de protéger contre toute forme de pression. Il a estimé primordial que le juge ne soit soumis qu’à la loi et d’appliquer le principe de l’égalité entre les citoyens. Ainsi, Tahar Zbiri et dans une déclaration à la presse à l’issue de sa rencontre avec Ahmed Ouyahia, a précisé avoir mis l’accent, lors de l’entrevue, sur les valeurs de la Révolution algérienne qui doivent être «ancrées» dans la Constitution, ajoutant que sa participation aux consultations n’est qu’un «devoir national».
En homme avisé, l’ex-président du Conseil constitutionnel, Saïd Bouchaïr, a donc plaidé pour l’indépendance de la Cour des comptes, lors de sa rencontre avec Ahmed Ouyahia. Il a par la suite déclaré à la presse, à l’issue de son entretien avec ce dernier, avoir abordé avec son vis-à-vis plusieurs questions concernant tous les chapitres de la Constitution et avoir fait des propositions dont celle de l’indépendance de la Cour des comptes. Il a ajouté avoir proposé, également, de changer l’appellation du Conseil constitutionnel, qui devrait être «Cour constitutionnelle suprême».
M.Bouchaïr a indiqué, en outre, que les consultations ont porté sur les questions liées aux droits et libertés, la séparation entre les pouvoirs, le contrôle des institutions constitutionnelles et l’indépendance de la justice. Rappelons qu’auparavant, c’est-à-dire lundi dernier, Ouyahia a eu à accueillir en son cabinet Me Farouk Ksentini et M.Ziari, respectivement président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (Cncppdh) et ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans la même foulée Ahmed Ouyahia avait également reçu le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd et l’ancien vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni.
A la faveur de ce rendez-vous, Abdelaziz Belaïd avait alors appelé à élaborer une Constitution démocratique et consensuelle dont l’adoption se fera par un référendum populaire. «Nous souhaitons que la prochaine Constitution de la République algérienne soit démocratique et consensuelle et adoptée par voie référendaire après un débat entre tous les représentants de la classe politique et du peuple», avait-il indiqué en évoquant des priorités pour la loi fondamentale de la République, notamment l’indépendance de la justice à travers l’élection des présidents du Haut Conseil de la magistrature et du Conseil Constitutionnel au lieu d’être désignés, et l’instauration d’un équilibre entre les pouvoirs par un Parlement «fort».
Il a également cité la création d’une institution nationale indépendante élue qui se chargera de l’organisation et de la supervision des élections afin, a-t-il expliqué, d’ «éviter d’éventuelles fraudes, garantir une transparence du vote et mettre fin au monopole de l’administration». Belaïd a plaidé aussi pour la création d’une Cour suprême constitutionnelle dans la perspective de «débattre les questions tranchées par le Conseil constitutionnel et, par conséquent, garantir les principes de la démocratie et de la transparence face à la société algérienne».
Invité en qualité de personnalité nationale, l’ancien vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, a estimé que la future Constitution «doit s’inscrire dans la durée de manière à assurer une stabilité et des programmes de développement à long terme». selon lui, la préparation de la Constitution doit tenir compte de la «période particulière et délicate que traverse l’Algérie qui est caractérisée par beaucoup de défis et enjeux», liés essentiellement au contexte sécuritaire de la région. Il a, en outre, mis l’accent sur l’importance d’une répartition complémentaire de la gestion centralisée pour arriver, a-t-il dit, à un «contrôle effectif» des représentants de la souveraineté populaire au niveau des communes et des wilayas, ajoutant qu’il fallait penser le fonctionnement des administrations locales et confirmer leurs responsabilités.