par Ghania Oukazi

Et à ceux qui pensent, dit-il, que «le gouvernement gère les affaires courantes ou les affaires stratégiques, ce sont des commentaires, on respecte tout le monde, majorité et opposition». Y a-t-il crise entre la présidence de la République et le gouvernement ? «Le 1er ministre est nommé par le président, si ça ne marche pas, la solution est très simple, il l’enlève !», répond-il.
Ouyahia va au fond de sa pensée en soutenant que «plus on s’approche de 2019, plus la fièvre politique monte». A ceux qui veulent qu’il parte, il dit «parfois certains intérêts dérangent, comme la décision de la hausse du budget de l’Etat, la guerre menée contre certains milieux aussi »
«Un problème sensible»

Il affirme à propos du soutien des prix des produits de large consommation que «la politique des subventions a évoluée, nos moyens ne sont plus ceux d’hier, elle est à corriger, il faut définitivement clarifier que les couches défavorisées n’en seront pas victimes, les pouvoirs publics feront tout leur possible pour épargner la classe moyenne (colonne vertébrale d’un pays)». Il annonce l’existence de «deux chantiers, le premier au ministère des Finances en coordination avec la Banque mondiale pour profiter de l’expertise de certains pays et le second au niveau du ministère de l’Intérieur parce qu’il a bien avancé en informatique, on va faire un recensement économique de tous les Algériens sur cette base, il y aura des lacunes au début mais on avancera, on saura qui est qui, qui en a besoin, de quel niveau de subventions ?» Il promet que «durant cette année, il n’y aura aucun changement dans les subventions».
Le partenariat du complexe d’El Hadjar avec un groupe émirati (51/49) lui permettra, selon lui, de construire 118 hectares, de produire des nouveautés, d’ici à 2020, on aura 13 000 tonnes de produits sidérurgiques (Oran avec les Turcs, Djedjen avec les Qataris et El Hadjar les Emiratis)». Interrogé sur les prix des véhicules importés par les concessionnaires, le 1er ministre affirme que «ce n’est pas le gouvernement qui a apporté les prix de vente mais a évalué les frais de montage d’un véhicule( ), 60 000 voitures étaient importées par an, l’Etat l’a arrêté, on a 6 ateliers de montage, 2 ou 3 marques produisent, d’ici 2 ans, on arrivera à 250 000 véhicules, c’est un tournant dans le marché de véhicules, ça va s’organiser».
«C’est une lourde facture»
Ouyahia se prononcera sur la situation sécuritaire du pays «en général» en indiquant qu’«au sud du pays en particulier, la reconnaissance de nos partenaires internationaux, la situation sécuritaire interne, le savoir-faire en matière de lutte antiterroriste grâce à nos services de sécurité et à notre armée, grâce à la concorde et la réconciliation décidée par le chef de l’Etat, nous fait plaisir, mais demandons-nous à contrario quel en est le coût ? C’est une lourde facture, c’est un combat terrible, la bataille continue à ce jour, tout autant que la vigilance, au Sud, des milliers de militaires sont déployés, si nous avons gagné la bataille à l’intérieur, nous sommes au niveau d’un volcan aux frontières ( ), les quantités hebdomadaires d’armes interceptées par l’ANP aux frontières sud du pays sont énormes »
A propos de la réaction «tardive» de certains Etats après la catastrophe aérienne, le 1er ministre fait savoir que «les autorités françaises de différents niveaux, y compris le président Macron, nous ont adressé leurs condoléances, on ne compte pas les choses à ce niveau, notre rôle est de construire des relations, améliorer nos relations avec la France, c’est positif pour les deux pays».
Cependant, «les Marocains veulent faire de nous une partie prenante dans le conflit du Sahara Occidental, doit-on glisser dans cette position ?» interroge-t-il. Il évoquera dans cet ordre d’idées «la sagesse du président dans la résolution des problèmes et pour construire des relations».
Interrogé sur les récentes déclarations de l’ambassadeur de France regrettées par l’Algérie, Ouyahia répond «les relations avec la France sont importantes, enregistrent une évolution positive depuis 2012, année de la signature de la déclaration par les deux présidents». Le rapport de Human Rights lui fait dire que «l’organisation ne s’est jamais distinguée par une déclaration positive à l’égard de l’Algérie, elle-même parle de migrants illégaux, celui qui est illégal l’est en Algérie, en Asie et ailleurs, l’Algérie est destinataire de flux migratoires par les régions subsahariennes, elle n’a aucune gêne à les traiter, les migrants illégaux seront renvoyés chez eux, il y va de la sécurité du pays». Il note que «nous continuons à organiser les rapatriements et ceux qui nous traitent de racistes, nous démentons cette affabulation en disant que l’Algérie continue de recevoir ses amis africains, il y a 10 000 étudiants africains dans les universités algériennes pour un flux moyen d’un millier par an». Il estime alors que «je crois qu’on n’est pas un tableau où il n’y a que de mauvaises choses à relever».