Le désormais ex-secrétaire général du RND a tenté d’obtenir le soutien de Abdelaziz Bouteflika pour rester à son poste. Les contestataires refusent d’accorder à Ahmed Ouyahia la possibilité de convoquer et de préparer la prochaine session ordinaire du conseil national.
L’annonce du retrait d’Ahmed Ouyahia du poste de secrétaire général du Rassemblement national démocratique a été fulgurante. Plus rapide que prévu. Au-delà des fortes pressions exercées par les membres du Mouvement de sauvegarde du RND, il semblerait que c’est Ouyahia en personne qui ait décidé de précipiter les choses. Une manœuvre purement tactique. En fait, le désormais ex-secrétaire général du RND a rédigé sa «lettre aux militants» mardi (soit 48 heures avant de la rendre publique) puis l’a envoyée au président de la République pour l’informer de sa décision.
«En agissant ainsi, Ahmed Ouyahia a tenté d’obtenir le soutien de Abdelaziz Bouteflika. Il espérait rééditer le scénario de juin 2002, lorsqu’il avait été sauvé in extremis par le chef de l’Etat face à l’offensive du groupe de Chérif Rahmani», explique une source sûre. Peine perdue. Cette fois-ci, Ouyahia n’a obtenu aucune réponse. Donc, jeudi, il décide d’annoncer officiellement sa démission à travers cette lettre.
ependant, selon des cadres du parti, Ouyahia a rédigé non pas une, mais deux lettres. La seconde était destinée aux coordinateurs de wilaya. Dans cette correspondance, il demande aux représentants locaux du RND de participer activement à la prochaine session du conseil national. «Voyant que l’appel du pied à l’adresse de Bouteflika n’avait donné aucun résultat, Ouyahia a décidé de passer lui-même à l’offensive.
Il annonce aux militants et aux sympathisants sa démission et en parallèle exige des coordinateurs de wilaya, qu’il a lui-même nommés, de se préparer à toute éventualité lors de la session du conseil national. En agissant ainsi, Ouyahia espère que son départ créera des convoitises et mettra à mal la cohésion qui existe entre les leaders du mouvement de redressement. ’un autre côté, il tente de casser toute initiative de jonction entre les contestataires et les membres du conseil national.
Et dans l’ensemble, Ouyahia applique la stratégie de Mohamed Chérif Hannachi : il annonce sa démission, fait le vide autour de lui, se présente comme la seule et unique alternative et finit par être plébiscité », explique notre source. La tactique du président de la JSK sera-t-elle efficace ? Pas évident. Les échos en provenance de Ben-Aknoun font déjà état de «lâchages» parmi les personnalités les plus proches d’Ahmed Ouyahia. Pour leur part, les contestataires restent attachés au principe d’un départ pur et simple de l’ex-secrétaire général. En d’autres termes, ils refusent de lui accorder la possibilité d’organiser la session ordinaire du conseil national et même d’en arrêter la date. «Ahmed Ouyahia n’est plus habilité à gérer le parti.
L’organisation de la session du conseil national est du ressort exclusif des cadres du parti. Il n’est pas question qu’il reste jusqu’au 15 janvier comme annoncé dans sa lettre», a indiqué, hier, un des responsables du Mouvement de sauvegarde du RND. Selon lui, la priorité dans les prochains jours consistera à récupérer les commandes du parti. Après avoir démissionné, Ahmed Ouyahia devrait très vite remettre les clés du siège des Asphodèles à la coordination de Yahia Guidoum.
T. H.