Ouyahia a procédé à la rétrospective des secteurs en tirant un satisfecit de l’évolution économique et sociale du pays durant la dernière décennie, hier, devant le Conseil de la nation lors de la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement.
Surfant sur les sujets marquants, à l’exemple de la situation sécuritaire, du logement, de l’enseignement et de la santé, le Premier ministre s’attardera sur la question économique dont il fera son fer de lance. L’heure est à gagner le temps perdu à la suite de la tragédie nationale et encouragée par une double crise financière et économique.
L’embellie doit être exploitée pour sortir de l’ornière et s’imposer comme un leader régional et partir à l’assaut du marché mondial. Il dévoile l’ambition de son gouvernement à soutenir le développement économique et social tout en affichant sa préférence nationale en déclarant que « l’Algérie dispose d’une importante base industrielle ayant besoin de relance et de savoir-faire ».
Faire redémarrer la machine industrielle et acquérir le savoir technologique auquel aspire notre pays à travers le jeu de partenariat. En fait, le Premier ministre a tenu à signifier aux uns et aux autres que « l’Algérie n’est pas aussi dans l’attente des investissements directs étrangers pour consolider sa balance des paiements. Par contre, elle est en quête de l’apport extérieur, dans le cadre de partenariats, pour satisfaire ses besoins en technologies, en savoir faire, en gestion de qualité, et en ouverture de marché à l’étranger ».
Ahmed Ouyahia qui rassure toutefois à propos des « difficultés de notre outil industriel (qui) ne sont pas une fatalité » soutient, cependant, que « le devenir économique de l’Algérie ne saurait se construire dans le secteur des services seulement, surtout lorsque ces derniers s’avèrent être pour l’essentiel le fruit de l’activité d’importation sous une forme ou sous une autre, des importations financées dans leur quasi-totalité par la rente des hydrocarbures ».
Le message est clair, l’Algérie refuse d’être à peine un « comptoir ». Notre pays, qui est déterminé à « insérer son économie dans celle du monde, ne saurait servir de passage pour transformer notre pays en comptoir commercial. Elle ne devrait pas également servir d’alibi pour cantonner le capital et l’initiative privés dans la spéculation et les activités parasitaires, par crainte de ne pouvoir survivre face à la compétition avec les productions étrangères sur le marché national ».
En 2008 « le poids des importations de biens et de services avait atteint près de 50 milliards de dollars », il faut, pour cela « faire pour démultiplier la participation de l’activité économique à une croissance solide et continue », dira M. Ouyahia. Ce qui imposera de « recycler davantage localement, l’importante dépense publique d’investissements, en créant des emplois et des salaires, mais aussi procurer au Trésor plus de recettes pour que l’Etat puisse soutenir le poids de ses dépenses ». Le chef de l’exécutif reconnaîtra que « notre croissance économique hors hydrocarbures a été substantielle et constante tout au long de ces dernières années », mais, demeure « fragile » car « alimentée par une forte dépense publique d’investissement ».
Il avertira que cette dépense « ne sera pas toujours récurrente », comme s’il aurait voulu dire que l’Etat sera là pour « contrôler et réguler ». D’ailleurs, le Premier ministre pavoisera en faisant l’annonce que « l’Etat a, désormais, restauré ses fonctions de contrôle et de régulation et conforté son autorité régalienne ». L’Etat a finalement réussi son pari de restituer son rôle de contrôleur et de régulateur après avoir pu mettre sur rails les mécanismes et outils nécessaires à une économie, « l’Etat a consenti beaucoup d’efforts pour tirer la croissance économique, hors hydrocarbures, vers le haut » l’Algérie « ne peut pas continuer à investir 3.000 à 4.000 milliards de DA dans des programmes d’investissements publics pluriannuels ».
Déplorant le manque d’engouement des investisseurs étrangers en hors hydrocarbures, Ouyahia fera remarquer que « l’investissement étranger envers lequel l’Algérie ne cesse pas de multiplier ses appels, et qu’elle a tant revendiqué en contrepartie d’une très large ouverture de son marché, n’a pas encore été au rendez-vous sensiblement hors du secteur des hydrocarbures ».
Il mettra l’accent sur les potentialités de l’Algérie qui « dispose d’atouts importants pour réaliser elle-même son développement économique », soulignant que notre pays « n’a pas besoin de privatiser pour assurer les équilibres de ses finances publiques » mais, expliquera-t-il « cette privatisation dont la mise en œuvre sera suivie de plus près par l’Etat doit permettre une plus grande valorisation de toute entreprise transférée de la propriété publique vers celle de privés nationaux ».
Azzedine Belferag