Ouyahia intrigue les intrigants

Ouyahia intrigue les intrigants

Mode d’emploi. Les conférences de presse de Ahmed Ouyahia sont toujours des événements très attendus. D’abord par leurs contenus toujours très riches et variés. Ensuite, c’est moins ses deux fonctions de leader de la 2ème force politique du pays et Premier ministre, mais plutôt sa stature d’homme d’Etat qui lui vaut l’intérêt porté sur lui. D’un côté par ses adversaires et de l’autre par l’opinion publique qui suit de près les «attaques» et les «contre-attaques». Comme dans une compétition sportive de haut niveau. Dans sa dernière prise de parole, samedi dernier, à l’issue des travaux de la 4ème session ordinaire du conseil national du RND, et comme à son habitude, Ouyahia n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. A ceux qui ont fait courir la rumeur que «le torchon brûle» entre le chef de l’Etat et lui, Ouyahia répond en rappelant toute la confiance que lui témoigne le président de la République. En citant sa désignation au poste de directeur de cabinet du chef de l’Etat avant d’être nommé, toujours par le premier magistrat du pays, Premier ministre. C’est le 10ème gouvernement que dirige actuellement Ahmed Ouyahia. Ce qui lui donne effectivement des «écailles de crocodile» face aux attaques. Et lorsqu’on lui dit que le président de la République l’aurait «rappelé à l’ordre», il répond en toute logique que «le président n’a pas besoin de me rappeler à l’ordre. Il m’a nommé et peut me démettre». Très simplement. Pourtant, les questions continuent de tourner autour des «clans au sein du pouvoir». Ce qui l’oblige à déclarer haut et fort ce qui suit: «Je démens catégoriquement l’existence d’un quelconque rapport des services de sécurité sur la nature de mes propos et leur impact sur les citoyens…j’ai dit la vérité au peuple algérien qui a le droit d’être au fait de la situation (financière du pays, Ndlr) et cela n’était pas pour intimider». En fait, tout ceci n’était qu’une «mise en bouche» pour la grande, la plus grande des questions «Ouyahia sera-t-il candidat à la présidentielle en 2019?». Sa réponse est celle d’un orfèvre en politique. «Je ne me porterai pas candidat à la présidentielle de 2019 contre le Président et il aura tout mon appui s’il se présente pour un cinquième mandat» a-t-il dit en substance. Ouyahia en a profité pour remettre sur la table, la probabilité d’un 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika. En voulant piéger Ouyahia sur ses intentions, les intrigants n’ont obtenu de lui qu’une question supplémentaire dont ils n’auront pas la réponse de sitôt. On avait même la nette impression qu’en répondant ainsi, Ahmed Ouyahia s’adressait surtout à ceux qui s’accrochent à l’article 102 de la Constitution. Les mêmes qui étaient déjà contre le 4ème mandat qui entame sa dernière année. Au final, les intrigants sont plus intrigués qu’avant la conférence de presse. Tout en finesse!