Ouyahia incite les patrons algériens à relever le défi de l’exportation : “C’est votre combat”

Ouyahia incite les patrons algériens à relever le défi de l’exportation : “C’est votre combat”

Le Premier ministre a rappelé que «si en 1988 la bataille était de pouvoir approvisionner le marché local, la bataille en 2018 est de conquérir des marchés à l’extérieur».

L’acte d’exporter exige le double préalable d’une production suffisante en quantité et convaincante en qualité. Mais encore faut-il disposer de réseaux efficients et de marchés préexistants. Les opérateurs économiques algériens qui satisfont aux préalables de la quantité et la qualité, ont également la chance quasi «naturelle» d’avoir un vaste réseau, étendu aux quatre coins du monde et des niches intéressantes qui ne demandent qu’à être exploités. Le Premier ministre qui a présidé la cérémonie «Trophée Export 2017», a mis en exergue cet aspect du métier d’exportateur, comme pour relever qu’entre 2003, année du lancement du trophée par le World Trade Center Algiers et aujourd’hui, du chemin a été fait. Pour nombre de filières industrielles, on en est donc à voir comment faire pour s’assurer une place sur le marché international. A ce propos, le Premier ministre relèvera dans son intervention l’apport important de la communauté algérienne établie à l’étranger «qui peut être un relais pour la promotion des produits algériens».

Plus encore, Ahmed Ouyahia élargit le spectre des opportunités pour les exportateurs nationaux en y mettant la communauté des anciens de l’Algérie à l’étranger, autrement dit, les pieds-noirs qui eux aussi, à en croire le chef de l’Exécutif, «peuvent ouvrir des portes pour approcher des marchés extérieurs». Affirmant s’appuyer sur son expérience de diplomate pour avancer ces arguments, le Premier ministre ouvre là une piste, encore jamais explorée par aucun autre officiel avant lui. L’appel du pied à la communauté française qui a quitté l’Algérie en 1962, pourrait être assimilée à une volonté d’ouvrir une nouvelle page, avec en prime, un partenariat susceptible d’être fécond à l’international pour l’économie du pays. Mais pareil processus exigera certainement quelques «arrangements» juridico-historiques et suscitera à n’en pas douter une féroce résistance de la part de certains milieux à l’intérieur de la classe politique nationale.

Il est évident que beaucoup de personnages politiques ne trouveront pas innocent le propos du Premier ministre sur l’apport des pieds-noirs à l’économie nationale en matière de stimulation des exportations. Il reste, cependant, que dans la bouche de Ahmed Ouyahia, le recours aux anciens colons n’est qu’une opportunité à saisir parmi d’autres, à l’image du rôle central du World Trade Center Algérie qui, à ces yeux, «n’est pas beaucoup utilisé».

Cette «audace» dans le discours du Premier ministre peut être interprétée par ailleurs, comme une volonté affirmée de booster les exportations, mais également une alerte, annonçant l’impératif de réussir le saut de l’exportation, aujourd’hui et maintenant. Cette seconde option revient en filigrane dans le discours du Premier ministre qui a délivré un message clair aux patrons algériens. D’abord, en leur signifiant que sa présence parmi eux illustrait l’intérêt qu’accorde le chef de l’Etat à la diversification des exportations hors hydrocarbures, ensuite en soulignant, à leur adresse, que le gouvernement sera «à vos côtés pour vous accompagner dans la promotion des capacités exportatrices nationales». Un accompagnement qui saura faire la différence entre les opérateurs. «Celui qui exporte un produit 100% algérien bénéficiera du soutien le plus important, celui qui fait de l’intégration bénéficiera d’un soutien à la hauteur de son taux d’intégration, celui qui fait du simple façonnage, aura accès à un bénéfice qui reflète le niveau de sa prévalue», a expliqué Ahmed Ouyahia. Un aperçu de ce que sera la stratégie de l’exportation qui verra le jour à la fin de l’année. Le Premier ministre a rappelé que «si en 1988 la bataille était de pouvoir approvisionner le marché local, la bataille en 2018 est de conquérir des marchés à l’extérieur». C’est dire que l’Algérie a su retenir les leçons, mais il reste que l’on soit aujourd’hui devant un défi, que le Premier ministre estime largement à la portée de l’Algérie. «Quand je parle des perspectives prometteuses, j’ai tendance dans mes convictions personnelles à comparer mon pays à un géant qui ne met en valeur qu’une infime partie de ses capacités et c’est le besoin qui est en train de réveiller ce géant», a défendu le Premier ministre.

Pas encore totalement réveillé, le «géant» de Ouyahia est «nourri» par la crise financière qui devient, de fait, une réelle opportunité d’imposer le made in Algeria à l’étranger. «Les mesures de sauvegarde de l’économie nationale nous permettent de faire durer au maximum les réserves de changes du pays, mais offrent également le marché national aux opérateurs économiques nationaux pour gagner des parts à domicile et pour être plus forts à l’extérieur», a-t-il souligné, histoire de relever que cette démarche est un «deuxième apport des pouvoirs publics à l’égard du monde économique algérien en termes de soutien, après tous les soutiens mis en place et qui commencent à donner leurs fruits».

Ouyahia a dépeint un tableau assez flatteur des capacités du pays à relever le défi de l’exportation. «Il y a quelques années nous avons commencé à sortir avec des produits agroalimentaires, suivis de produits électroménagers, nous en sommes aujourd’hui au ciment, nous y serons bientôt à la sidérurgie et d’autres produits, c’est important, mais il y a une grande part dans cette bataille qui est la vôtre», a insisté à juste titre, le Premier ministre.

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