L’entreprise et le climat des affaires ont été à l’ordre du jour des discussions qui se sont déroulées hier à la Résidence El Mithak d’Alger.
Tout le temps qu’aura duré la tripartite qui a rassemblé autour d’une même table des membres du staff gouvernemental, la Centrale syndicale ainsi que les multiples organisations patronales, l’état des lieux établi concernant l’entreprise a été partagé ; sauf que les avis sur les responsabilités des uns et des autres n’a pas fait de consensus dans la mesure où chacun essayait de s’en défendre. Ceci étant, pendant toute la journée d’hier les acteurs qui ont animé cette rencontre se sont relayés pour proposer des sorties de crise les plus adéquates à leurs yeux, à la situation au bord de l’asphyxie dans laquelle se débat l’outil essentiel de la création de l’emploi et de la richesse, à savoir l’entreprise. Au cours des discussions, ce sont surtout les constats et des vérités sur l’état lamentable de l’entreprise qui ont primé ; en attendant évidemment la mise en application des recommandations qui ressortiront de cette 14e tripartite.
A propos de l’application des décisions prises jusque-là en faveur de l’entreprise, et ce, au plus haut niveau de l’Etat et les lois y afférentes qui ont été abrogées, le président du Forum des chefs d’Entreprises (FCE), Rédha Hamiani, a volé la vedette avec ses critiques vis-à-vis des pouvoirs publics. Selon lui, il ne suffit pas de faire des lois et de prendre des mesures au profit de l’entreprise, ce qu’il y a lieu surtout de faire, d’après lui, est de les faire suivre d’application. «Le pays est doté de moyens jamais égalés de par le passé. Par contre, ce que nous constatons sur le terrain c’est que la croissance ne suit pas. Car au moment où nous devrions nous attendre à un taux de croissance à deux chiffres, il n’est cependant que de 4% à 5% seulement», a-t-il déploré en s’adressant au Premier ministre assis en face de lui. Et d’ajouter que ces «résultats mitigés, pour ne pas les qualifier de médiocres» ont été engendrés par les investissements publics.
Le patronat revendique un cadre juridique stable
Sans trop s’étaler sur le cheval de bataille que constitue pour le FCE les sujets de «la fiscalité, de la lettre de crédit et du financement de l’entreprise», Rédha Hamiani semble mettre le doigt sur la plaie en tirant à boulets rouges sur «l’instabilité du cadre juridique» qui ne rassure aucunement les investisseurs, mais les met plutôt dans une situation inconfortable «A chaque fois qu’on annonce une LFC, on tient notre ventre», pour reprendre l’adage populaire imagé. Le président du FCE va au-delà dans son réquisitoire par rapport à l’environnement général qui entoure l’entreprise. Pour ce, il s’est dit désolé du fait que les pouvoirs publics laissent faire le secteur informel, et ce, au détriment de l’entreprise honnête.
En faisant une rétrospective, Hamiani a estimé que «le mal est fait et qu’il est maintenant nécessaire de regarder vers l’avenir pour trouver des politiques consensuelles». Afin d’y remédier, Hamiani a fait comme proposition d’accorder une pause de 5 ans aux entreprises afin de leur permettre de se relancer.
Pour Ahmed Ouyahia, les doléances du patronat sont légitimes tout en promettant de les prendre en considération, soulignant que «le gouvernement tend la main à l’entreprise».
Et de rassurer que le patronat est un partenaire incontournable pour tout développement. A cet effet, il promet de mettre en œuvre les recommandations de la présente tripartite.
Prenant la parole, le patron de l’UGTA, Sidi Saïd, a lu une communication comportant 14 points susceptibles de sauver l’entreprise et améliorer l’atmosphère de l’investissement. Parmi ces points, il y a lieu de noter la valorisation et la promotion de la production nationale, la mise en place d’un observatoire du commerce, l’exploitation de nouveaux axes routiers, le rapprochement entre l’université et la formation professionnelle avec le monde du travail.
Par Hafid Mesbah