Hier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a reproduit devant les membres du Conseil de la nation le même discours que celui prononcé il y a deux mois devant les députés de l’APN.
Sans surprise, le premier responsable de l’Exécutif, s’est étalé lors de la déclaration de politique générale du gouvernement sur les questions d’ordre économique, de souveraineté nationale et sur la sécurité. Devant des sénateurs presque acquis à sa cause, le Premier ministre n’a pas eu du pain sur la planche comme c’était le cas à l’APN. A l’APN, la déclaration de politique générale du gouvernement a provoqué une avalanche d’attaques de la part des députés RCD.
Les députés du RND, parti d’Ouyahia et ceux du RCD ont eu un bon moment d’échange d’accusations et des joutes verbales. Au sénat, le RCD n’est représenté que par deux députés. Grosso modo, la déclaration de politique générale du gouvernement n’est qu’une simple formalité. Ouyahia ne s’étalera sur les questions d’actualité nationale que lors de sa réponse aux questions des sénateurs qui interviendra le mercredi prochain. En attendant, le Premier ministre a dressé un bilan positif de l’activité du gouvernement durant les 18 mois précédents et un programme ambitieux pour les années à venir.
Le terrorisme a été défait, mais la vigilance est toujours de mise
Le Premier ministre a abordé encore une fois le volet sécuritaire, une actualité brûlante notamment avec les dernières opérations militaires qui ont eu lieu ces derniers jours en Kabylie. Dans ce chapitre, Ahmed Ouyahia a affirmé que «le rétablissement de la sécurité constitue la réalisation fondamentale du pays durant la dernière décennie». Le Chef du gouvernement n’a pas manqué de souligner que «le terrorisme a été vaincu grâce à l’engagement exemplaire de l’Armée nationale populaire, des forces de sécurité et des citoyens volontaires», un engagement qui, a-t-il dit, a été
«conforté par le choix du peuple pour la paix et la réconciliation nationale que le gouvernement s’est attelé à mettre en œuvre fidèlement». Ouyahia a également souligné que le terrorisme «fait désormais l’objet d’une condamnation unanime dans notre pays», tout en appelant la population à la vigilance et ceux qui persistent dans le terrorisme à «renoncer à la violence contre leur peuple et leur pays et à bénéficier de la clémence de la République».
La criminalité a reculé de 30% durant quatre ans
Ahmed Ouyahia a affirmé devant les sénateurs que la criminalité en Algérie a reculé de plus de 30% en quatre ans. Cette amélioration, a-t-il expliqué, a été possible grâce au doublement des effectifs de la police et de la gendarmerie et la densification de leur déploiement de façon complémentaire à travers le pays. Le Premier ministre a, en outre, mis en exergue les incidences nées des réformes du secteur de la justice, dont l’objectif essentiel est le renforcement de la protection des droits et libertés ainsi que la protection du patrimoine public et de l’intérêt général.
Ouyahia citera, dans ce contexte, le nombre sans cesse grandissant du nombre des magistrats avec en toile de fond la recherche d’une meilleure qualité de formation. «Ce sont-là, a-t-il dit, des atouts majeurs que le pouvoir politique a mobilisés à travers la directive présidentielle N° 3 de décembre dernier, pour l’intensification de la prévention et de la lutte contre la corruption».
La corruption, non à la récupération politicienne
Le Premier ministre a également axé son intervention sur le phénomène de la corruption, un autre sujet d’actualité. Dans ce sens, Ahmed Ouyahia, qui fait allusion au parti du RCD a mis en garde l’opinion nationale sur «les tentatives de récupération politique» de ce phénomène.
«La directive présidentielle N° 3, mais aussi plus particulièrement les dossiers remis à la justice et liés à la présomption de corruption ou pour atteinte au patrimoine public ont eu leur impact. En ce sens que, a-t-il précisé, ils ont retenu «l’attention de l’opinion ces derniers temps et même fait l’objet de quelques tentatives de récupération politicienne». le Chef du gouvernement a rappelé les nouvelles dispositions législatives introduites dans les lois relatives à la lutte contre la corruption, à la répression du trafic des changes, au renforcement du rôle de la Cour des comptes.
L’investissement étranger n’a pas été au rendez-vous
Dans son exposé, le Premier ministre s’est attardé sur les questions d’ordre économique. Dans ce sens, Ahmed Ouyahia, a souligné la nécessité de «démultiplier» la participation de la sphère économique pour booster la croissance, estimant que la dépense publique d’investissements «ne sera pas toujours récurrente».
Il a rappelé, dans ce contexte, que l’Etat a consenti beaucoup d’efforts pour tirer la croissance économique, hors hydrocarbures, vers le haut, soutenant, toutefois, que l’Algérie «ne peut pas continuer à investir 3 000 à 4 000 milliards de dinars» dans des programmes d’investissements publics pluriannuels.
Ahmed Ouyahia a regretté, toutefois, que l’industrie n’ait participé qu’à près de 5% de la valeur ajoutée globale en 2009, soit moins que la part des services de l’administration, qualifiant cette situation «d’inacceptable». Le Premier ministre a soutenu également que le devenir économique de l’Algérie «ne saurait se construire dans le secteur des services seulement», affirmant que l’investissement étranger «n’a pas encore été au rendez-vous sensiblement hors du secteur des hydrocarbures».
Par Hocine L.