Ouyahia face au ras-le-bol du patronat

Ouyahia face au ras-le-bol du patronat
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Un sommet sera tenu le 28 mai prochain qui regroupera le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, les présidents des différents patronats activants (Cap, CNPA, CGEOA, Seve, etc) et enfin le SG de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd.

Avec l’éclatement de la crise sociale en Algérie qui a coïncidé avec une conjoncture difficile au Maghreb et dans le monde arabe, plusieurs mesures ont été prises dans le cadre de la paix sociale (adoption du nouveau régime indemnitaire), l’engagement d’aller vers des réformes politiques en particulier la révision de la Constitution, mais tout cela s’avère insuffisant face à une économie fragile dépendant des hydrocarbures et une préférence du secteur public à travers des dépenses énormes sans rendement réel. Donc, il est clair qu’il est temps de donner au privé (PME) sa chance de contribuer à une vraie relance de l’économie nationale.

Dans ce cadre, un sommet sera tenu le 28 mai prochain. Ce sommet regroupera le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, les présidents des différents patronats activants (Cap, CNPA, CGEOA, Seve, etc) et enfin le SG de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, a-t-on appris du président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem Merrakeche.

Joint hier par téléphone, M.Merrakeche nous expliquera qu’il ne s’agit pas d’une réunion comme les précédentes mais «d’un sommet et non des délégations» donc, il sera question de discussions franches entre les dirigeants.

Selon notre interlocuteur, cette réunion qui précédera la tripartite qui se tiendra en septembre prochain, intervient suite aux instructions du chef de l’Etat données lors du dernier Conseil des ministres tenu le 2 mai portant sur la valorisation de l’entreprise et avoir des entretiens avec les partenaires sociaux afin de discuter du «développement économique et social». Pour M.Merrakeche, il y a eu un choix pour une économie de marché, donc «on ne peut pas opté pour autre chose» a-t-il affirmé.

Dans ce cadre, il a qualifié la décision rendue publique suite au dernier Conseil des ministres, d’une nouvelle initiative que son organisation patronale n’a pas cessé de présenter ses proposition dans ce sens depuis notamment la dernière tripartite tenue le 2 décembre 2009.

A ce propos, il a ajouté qu’un débat clair a été ouvert dans ce cadre pour permettre à l’entreprise de jouer son rôle en Algérie et au niveau mondial et être «créatrice de richesses».

«La CAP veut des échéances»

Interrogé sur les revendications du patronat qui vont être soumises à Ouyahia en direct, M.Merrakeche expliquera que l’entreprise ne veut pas de «subventions» mais passer du jugement du pétrole au jugement de l’entreprise. Donc selon notre interlocuteur, il faut déjà commencer par régler «beaucoup de problèmes». Il est question, selon lui, de «la non-application de la réglementation et des lois, la bureaucratie et le système financier et bancaire non productif». A ce propos, il a ajouté : «il faut qu’il y est un véritable réveil» et que «cette alternative dépasse certains problèmes» car selon le président de la CAP, «l’hypothèque doit être inscrite dans la confiance». Dans ce cadre, il a déploré la préférence des pouvoirs publics de l’économie publique avant de conclure que cette fois-ci le patronat exige «des échéances» pour appliquer les décisions.

Ainsi, le patronat ne compte pas lâcher le Premier ministre avant d’avoir un engagement clair sur l’application des mesures en faveur de la PME donc du secteur privé. S’agissant de certaines mesures prises dans la LFC 2009, pour M.Merrakceh ce n’est pas cela l’important, donc, on ignore si le gouvernement va revenir sur certaines mesures. Il faut rappeler que depuis la promulgation de la LFC 2009, le gouvernement a compris que le partenaire étranger n’est pas chaud à donner de la valeur ajoutée à l’économie nationale et donc, il s’est dirigé vers le secteur public alors que le privé dénonce les différents obstacles bureaucratiques et financiers. En outre, le gouvernement a déjà annoncé l’octroi d’une part, des marchés publics aux PME mais cela n’est toujours pas concrétisé.

Lors du dernier Conseil des ministres, le Président Bouteflika a chargé le gouvernement de convier «rapidement» ses partenaires économiques et sociaux à une «concertation tripartite» exclusivement consacrée «aux voies» et moyens de «soutenir» le développement de l’entreprise et de promouvoir un «climat plus propice» à l’investissement et à l’activité économique. «Les conclusions de cette concertation… seront mises en œuvre au cours de cette année». Et avec la réunion du 28 mai, Ouyahia est passé à l’action alors qu’il ne voyait pas auparavant l’utilité d’une tripartite à l’heure actuelle.

Par Nacera Chenafi