« Dans l’économie algérienne, il y a des points positifs et des points négatifs, mais l’année 2011 s’est caractérisée par une hausse du volume des investissements, en ce sens que l’espace économique des entreprises hors hydrocarbures s’est singulièrement affirmé par un montant de 1.000 milliards DA en matière d’investissement, soit l’équivalent de 17 milliards dollars » a notamment déclaré, hier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, au cours d’une conférence de presse organisée suite à la réunion tripartite gouvernement-UGTA-patronat.
La doctrine d‘Ouyahia (économique et sociale) repose sur la dynamisation de l‘entreprise et de son environnement en lui octroyant plus de ressources financières, mais également sur l‘amélioration du climat d‘affaires en Algérie afin d‘attirer le maximum d‘investisseurs en vertu de la règle de partage de capital (51% pour les opérateurs économiques algériens et 49% pour les partenaires étrangers). En effet, il envisage de booster les performances de l‘entreprise, que ce soit pour ce qui est « des nouveaux mécanismes de financement du capital et du leasing, des facilitations supplémentaires en matière d‘accès au foncier industriel, ou de la clause préférentielle de 25 % sur les marchés et commandes publics, mise en place en faveur des entreprises nationales ».
Il a notamment indiqué que le gouvernement cherche à donner un nouveau souffle à l‘investissement, tel que l‘a signifié le président de la République concernant notamment le volet de l‘agriculture (sécurité alimentaire).Lors de la réunion de la tripartite, l‘accent a été mis sur les facilitations relatives aux importations de biens et produits de première nécessité et l‘accord sur le rééchelonnement de la dette fiscale des entreprisses économiques, ainsi que la restructuration de la dette bancaire en facilitant l‘accès aux lignes de crédit et d‘investissement avec un délai de grâce d‘investissement de 3 à 5 années.Autrement dit, le gouvernement et les partenaires de la tripartite sont unanimes pour une participation du Trésor public à la bonification des crédits d‘investissement aux PME. Ainsi, les pouvoirs publics exhortent les banques à préserver le taux d‘intérêt de 5,5 % qu‘elles appliquent pour les crédits d‘investissement.
Aussi, le Trésor public s‘engage à prendre en charge une bonification de 2 % sur cet intérêt applicable aux crédits bancaires d‘investissement aux PME, selon les trois protagonistes. Pour le gouvernement, ce différé de trois années sur les crédits d‘investissement à long et moyen termes, à savoir 5 et 7 années, sachant que le Trésor public prendra en charge les intérêts de ces périodes de différé.A propos de l‘habitat, Ouyahia a indiqué que pas moins de 120.000 demandes en matière de logement social ont été dénombrées dans la seule wilaya d‘Alger, mais il a fustigé le lobby mercantiliste touchant à l‘économie nationale en dénonçant les méthodes frauduleuses et illicites.
Concernant la dépense publique, il a notamment affirmé que « la hausse de la dépense publique obéit à un souci, à savoir le risque d‘inflation. La dépense publique augmente car elle a un énorme volume d‘investissement public qui est de l‘ordre de 450 milliards DA par an, alors que tous les soutiens de l‘Etat à l‘entreprise économique publique et privée visent une bonification des crédits à l‘investissement». Cependant, il a mis l‘accent sur la nécessité de développer les régions de l‘intérieur du pays, notamment pour ce qui est du développement humain (hôpitaux, universités…).
Lutte implacable contre la fraude
Abordant la question de l‘opérateur économique Djezzy, il dira que la procédure d‘acquisition ou de rachat est en cours et le dossier est confié à un cabinet conseil. Relatant l‘épineuse question de la protection de la production nationale, Ouyahia a souligné que « l‘Etat ne veut pas retourner aux années 70, car l‘entreprise algérienne veut développer son marché suivant les règles universelles. Néanmoins, en ouvrant le marché national à l‘Union européenne et à la zone arabe de libre-échange, c‘est mettre nos entreprises en convalescence ».
« L‘économie informelle en Algérie résulte de plusieurs paramètres, tels que le non paiement des impôts et l‘absence du registre du commerce, mais la fraude existe également dans les containers sachant que des opérateurs économiques sont impliqués. Toutefois, il incombe à l‘Etat de lutter contre ce fléau avec la contribution collective » a-t-il dit précisé, ajoutant que « l‘Italie a une économie fonctionnant avec 50 % de commerce informel ». Explicitant la problématique de la micro entreprise, il estime que « 200. 000 jeunes universitaires sont recrutés dans 12.000 entreprises alors que le reste est dans les administrations économiques. Le micro crédit de l‘Ansej et de la CNAS a permis, depuis le début 2011, de traiter 15.000 dossiers tandis que 30.000 postes de travail sont à créer. « Les contrats d‘insertion professionnelle se sont traduits par 500.000 emplois et l‘objectif de générer 30.0 00 autres postes de travail. Donc, le microcrédit a connu un fort taux de réussite sachant que les PME ont un taux non remboursable de dettes aux crédits » a-t-il ajouté.Justifiant le déclin des mico entreprises, Ouyahia a montré que « même aux Etats-Unis d‘Amérique, plus grand pays capitaliste avec plus de 6 millions d‘entreprises, il y a 4 millions qui disparaissent ». Il poursuit cette argumentation en précisant « qu‘il n‘y pas un aveu d‘échec, mais juste la reconnaissance. Donc, il ne faut pas penser que l‘Algérie est dans le tableau noir, car le gouvernement travaille à améliorer le climat d‘affaires ».
Par ailleurs, il a dit que le rôle du gouvernement consiste à rassembler les partenaires sociaux et les organisations patronales. Concernant le Grand Sud qui a des avantages et des inconvénients, il a rappelé que les médecins spécialistes peuvent y exercer leur service civil pour une durée d‘une année (corps secoué par un mouvement de grève ayant engendré des revendications salariales des médecins résidents alors que d‘autres catégories socioprofessionnelles ont eu des rappels de six mois de régime indemnitaire), notamment dans les wilayas de Tamanrasset, Tindouf et Illizi.
Par : Amar Aouimer