Accuser ceux que l’on aime présenter comme des « conservateurs » d’être à l’origine de la fuite des sujets du baccalauréat session mai 2016- comme l’a fait le secrétaire général du RND- est de l’avis des observateurs un acte grave.
Habituellement, les Algériens qui défendent les constantes de la Nation, à savoir la religion, la langue et la culture sont présentés comme « conservateurs » et les « non-conservateurs » sont ceux qui ne trouvent d’inconvénient de permettre à la langue française d’être au sommet et ce au détriment de la langue officielle du pays. Autrement dit, ceux résidant en Algérie mais qui sont sensibles à ce qui se passe de l’autre côté de la méditerranée, c’est-à-dire en France.
Ahmed Ouyahia, fraîchement plébiscité à la tête du secrétariat général du RND ne s’est pas empêché de pointer du doigt lors d’une conférence ,animée dimanche, des « caprices idéologiques », imputant implicitement la responsabilité des fuites aux parties ayant critiqué les « réformes pédagogiques » initiées par Nouria Benghebrit.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a quant à lui maîtrisé ses mots en soulignant qu’« il y a ceux qui veulent porter atteinte aux réformes de l’école, mais le gouvernement poursuivra ses réformes », en défiant de larges pans de la société qui critiquent le travail de Benghebrit qui semble insensible à l’honneur des Algériens en « violant » leurs constantes et fondements.
Sans autant attendre les résultats des enquêtes ordonnées par le ministre de la Justice, Tayeb Louh, le secrétaire général de la deuxième force politique du pays s’est précipitamment mis à porter des jugements contre des parties qui pourraient être innocentes dans cette affaire.
Pour rappel, les services de la Gendarmerie nationale (GN) ont appréhendé plus de 50 personnes soupçonnées d’être derrière les fuites de sujets, dont 10 ont été présentées devant le procureur de la République.
A l’heure qu’il est, il n’a pas été établi si les mis en cause sont « conservateurs », ou « pro-occidentaux » ou appartenant à une nouvelle idéologie…Tout simplement, parce que l’enquête est toujours en cours et les résultats ne sont pas encore communiqués par les autorités compétentes.
De ce fait, le jugement porté par Ouyahia risque d’avoir des conséquences néfastes, étant donné qu’il vise une large partie d’Algériens, dont la condamnation n’est pas confirmée par les autorités compétentes.
S’il était de droit de la catégorie de gens attaquée par Ouyahia et Sellal de s’opposer aux orientations de Benghebrit, lorsque celle-ci viole les constantes de la Nation, il ne serait de droit de quiconque, de l’avis des observateurs, d’imputer la responsabilité de la fuite des sujets du BAC aux Algériens qui n’ont d’autre tort que d’être hostiles aux « réformes de Benghebrit».
