Ouyahia et Saâdani ont apparemment trouvé un terrain d’entente. Ils sont d’accord pour charger l’opposition qu’ils estiment porteuse de chaos.
Les hostilités s’accentuent. La coalition a déclaré la guerre à l’opposition. Certes, les deux courants n’ont jamais fait la paix mais ces derniers jours les partis de la majorité doublent leurs accusations. Ils ne ratent aucune occasion pour tirer sur l’opposition. Même la Journée internationale de la femme a été détournée de sa raison d’être.
La coalition semblent être déterminée à régler ses comptes avec «sa bête noire» l’opposition. Les déclarations tombées en cascade l’illustrent clairement.
Le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia a emboîté le pas à son partenaire du FLN, Amar Saâdani. Les deux hommes politiques, qui ne cachent pas leur rivalité, ont apparemment trouvé un terrain d’entente. Ils sont unanimes et chargent l’opposition d’être responsable du chaos. Dans un message adressé lundi dernier aux militantes du parti, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, Ahmed Ouyahia s’est vivement attaqué aux forces de l’opposition qu’il accuse de surfer sur la crise que traverse le pays pour espérer prendre le pouvoir. «Certains, en Algérie, se réjouissent de la crise économique, espérant pouvoir cueillir le pouvoir au milieu du chaos, alors que leurs relais à l’extérieur se sont mis en mouvement pour présenter l’image d’une Algérie devenant un danger pour son environnement», a-t-il soutenu dans son message.

Le directeur de cabinet de la Présidence a estimé que «les nihilistes de l’intérieur oublient que leur peuple, dont les blessures sont encore vivaces, constate chaque jour le bilan sanglant du Printemps arabe, le bilan ruineux des égoïsmes politiciens dans les pays concernés, et le bilan destructeur du colonialisme nouveau». Décochant des flèches contre l’opposition, le SG adjoint du RND a estimé que face aux menaces, les constats ne suffisent pas. Selon lui, ces constats appellent à la mobilisation, à la détermination et à l’action. M.Ouyahia a même souligné les menaces qui pèsent sur le pays en citant la crise qui «nous atteint chaque jour davantage du fait de la chute des prix du pétrole».
Le SG du FLN s’amuse à dénigrer l’opposition. S’exprimant en marge de la réunion avec les mouhafedhs tenue jeudi dernier, le chef de file du parti n’a pas dérogé à la règle en consacrant une bonne partie de son discours à l’opposition. «L’opposition est faite d’alliances contre nature, entre des partis, dont des programmes et l’idéologie sont diamétralement opposés comme le RCD et le MSP», a-t-il déclaré en précisant toutefois que «leur stratégie consiste à rejeter systématiquement toutes les offres et les initiatives». Les réactions des deux grands partis s’expliquent par les dernières sorties des membres fondateurs de la Cltd. Il y a à peine une semaine, le RCD a mis en garde contre les troubles sociaux et la banqueroute financière. Dans un communiqué sanctionnant la réunion de son secrétariat national, tenue le 27 février dernier à Alger, le RCD a mis en garde contre les turbulences sociales.
«Le pays est sous la menace de troubles sociaux incontrôlables à cause du manque de ressources pour maintenir des transferts sociaux tirés exclusivement de la rente pétrolière et gazière, mais aussi à cause de la politique de répression contre les syndicats autonomes et l’intégration de l’Ugta, dans le giron du pouvoir», est-il relevé.
Le parti, membre influent de la Cltd, a également averti de «la banqueroute financière et une perte totale de la souveraineté», estimant qu’ «il n’est pas trop tard de mobiliser les citoyens afin d’imposer un autre cours aux évènements. Cela passe par l’ouverture d’une autre phase politique qui associe l’ensemble des forces vives du pays pour doter la nation d’institutions légitimes et crédibles», a-t-il conclu.
Le même jour, le président de Talaiou El Hourriyet, Ali Benflis, a consacré son discours, lors du rassemblement régional de son pays tenu à Chlef, au système politique et à l’impérieuse nécessité de sa refondation à travers une transition démocratique consensuelle, ordonnée et apaisée. «Le régime politique algérien est inclassable, sans équivalent parmi les régimes constitutionnels connus dans le monde», a-t-il vilipendé. Ces déclarations n’ont pas été du goût de la coalition qui riposte en force et énergiquement.