Ouyahia aborde les réformes et affirme : «L’Etat ne recule pas»

Ouyahia aborde les réformes et affirme : «L’Etat ne recule pas»

Ahmed Ouyahia est revenu hier sur plusieurs points relatifs à l’actualité nationale. S’exprimant à la clôture des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national du RND, Ouyahia a affirmé que son parti va s’associer à toute révision même profonde de la constitution, ainsi qu’à tout chantier d’amendement de lois régissant l’exercice politique.

Le RND est «disponible à apporter une contribution active à tout processus de réformes politiques visant à conforter la démocratie pluraliste et à consolider l’efficacité des institutions du pays». Interrogé sur la vision de son parti quant aux réformes envisagées, Ahmed Ouyahia a expliqué que le RND est contre «le régime parlementaire» et va faire des propositions au moment opportun. Tout en expliquant qu’aucun parti n’a été consulté à ce sujet, le secrétaire général du RND dira que sa formation se contente, jusque-là, «d’attendre». Pour lui, les réformes à venir sont un approfondissement des réformes déjà entamées, et qui n’ont rien à voir avec ce qui se passe dans le monde arabe. Précisant, à cet effet, qu’«il n’y pas de crise politique en Algérie». A une question sur ses ambitions présidentielles, Ouyahia a soigneusement évité de répondre à la question. Il a déclaré qu’il n’est pas du genre à mettre «la charrue avant les bœufs». Tout en abordant le développement qu’a connu le pays, depuis la venue du président Bouteflika, Ahmed Ouyahia notera que «le président de la République ne s’est pas fait élire pour être président à vie».

«Nahnah était utile avec sa barbe»

Concernant les déclarations qu’il avait tenues au sujet de l’Alliance présidentielle, l’orateur relèvera l’existence d’un certain égoïsme chez les différentes formations qui la compose.

Comme il a réitéré la grande considération qu’il voue à Mahfoud Nahnah, pour avoir participé à combattre «politiquement» le terrorisme. «Mahfoud Nahnah a bien servi le pays durant la période du terrorisme. Il était utile avec sa barbe, lui, on ne pouvait pas l’accuser d’être un éradicateur ou un agent des généraux» a-t-il soutenu. Ouyahia dit ne pas nier l’existence d’un courant «islamiste en Algérie» et a relevé que l’Alliance présidentielle n’a pas pour objectif de se regarder en chien de faïence avec les autres partis politiques. Abordant la levée de l’Etat d’urgence, Ouyahia estime que cette mesure n’a rien changé sur le plan des libertés, puisque, à la base, elle ne constituait pas une entrave. Et pour preuve, il cite les multiples rassemblements de protestations organisés à Alger. Quant à la faible mobilisation des Algérois par la CNCD qui a appelé à des marches pour le changement du système politique, il dira : «Vous voulez me pousser à être méchant, mais je ne vais pas l’être». Tout en réitérant le maintien de l’interdiction des marches à Alger, il dira que les citoyens voulant marcher pourraient le faire dans les 47 wilayas, à condition de déposer une demande préalable, conformément à la loi. «En 1991, vous avez vu à quelle situation nous ont mené les manifestations insurrectionnelles. Nous ne sommes pas des récidivistes» a-t-il soutenu.

«Certains cherchent des cadavres»

Au sujet des mesures à caractère social prises suite aux mouvements de protestation du mois de janvier passé, Ahmed Ouyahia dira que «l’Etat ne recule pas mais gère une situation». Il a estimé, dans le même cadre, que les sensibilités qui «voulaient brûler le pays cherchaient des cadavres». Et de se féliciter que «la gestion de ces événements s’est faite sans verser de sang». L’orateur, sans citer de noms, a affirmé que des lobbys ont exploité ces événements pour avoir ce qu’ils voulaient, notamment la suppression de la facturation et le payement par chèque. Ouyahia soutiendra, toutefois, que «l’Etat n’est pas faible» et ces mesures seront appliquées à terme. Concernant les mouvements de grève de ces derniers jours, il se demandera si «l’échec d’un ministre représente une

crise ?» laissant entendre, bien entendu, que la réponse était non. Relevant que les enseignants avaient déjà bénéficié d’augmentations de salaires, il dira que les autres travailleurs de la Fonction publique, auront, eux aussi, des revalorisations de leurs régimes indemnitaires. L’orateur s’est montré, néanmoins, prudent concernant le secteur économique public. «S’il n’y a pas de bon sens de la part des travailleurs du secteur public, ils risquent de tuer leurs entreprises» a-t-il estimé.

Par Aomar Fekrache