Ouyahia à propos de la remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali «Nous n’accepterons jamais ça»

Ouyahia à propos de la remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali «Nous n’accepterons jamais ça»

Un nouveau foyer de tension important à nos frontières inquiète les plus hautes autorités de l’Etat.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a accordé jeudi dernier un entretien au Monde dans lequel il a abordé le problème du Mali et des Touareg. Celui qui a été médiateur de ce dossier par le passé, estime que «la situation est très, très préoccupante» car c’est «un foyer de tension important, à nos frontières, et qui a plusieurs dimensions». Il souligne qu’il y a un problème entre les Touareg et l’autorité centrale. Ouyahia se prononce pour une solution qui passe par le dialogue en ajoutant que l’Algérie n’acceptera jamais une remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali. Il aborde aussi le volet du terrorisme qui a pris les armes pour instaurer la charia et un Etat islamique au Mali. Ce qu’il condamne. Quel niveau de menace cela représente-t-il pour l’Algérie? Ouyahia est conscient que tout cela se passe à notre voisinage immédiat. Le tout se doublant d’une dimension terroriste car le Mouvement national de libération de l’Azawad s’est fait chasser des villes qu’il occupait par le groupe Ansar Eddine. Le Premier ministre profite de cette tribune pour décliner la doctrine du pays dans le combat contre le terrorisme. Il pense que cela passe par l’assèchement du soutien au sein de la population, la lutte implacable de l’Etat, avec toute la rigueur de sa loi et de sa force et une vigilance permanente. «Cette menace est une réalité que nous gérons chaque jour du nord au sud de notre territoire. Cela ne veut pas dire que le terrorisme est encore une démarche puissante en Algérie: il y a très peu de pays dans le monde qui ne soient pas en état de vigilance permanente», précise-t-il. La situation au Mali a d’ailleurs un lien avec le terrorisme ce qui pousse le Premier ministre à conseiller de redoubler de vigilance au Sud. Il rappelle qu’un attentat suicide a été commis le 3 mars, à Tamanrasset, contre une garnison de gendarmerie en précisant que cet attentat est le premier survenu dans cet espace du Sud profond. L’enchaînement des événements ne lui a pas échappé. Un mois après cet attentat, intervient «la situation tragique au Mali». «Cela montre qu’il y a un lien», conclut-il. Du point de vue de l’Algérie, le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali est de nature à conduire au rétablissement de l’ordre.



Dans ce contexte qu’advient-il du Centre d’état-major commun antiterroriste créé à Tamanrasset avec le Mali, le Niger et la Mauritanie? Selon Ouyahia, le Cemoc est toujours actif et il se réunira dans les prochains jours à Nouakchott. Mais il ne sait pas si le Mali y sera même s’il estime que la présence des militaires maliens dans ce cadre est impérative. «Qu’il y ait des putschistes au pouvoir ou le régime républicain, il y a une armée qui existe en tant qu’institution», assure-t-il. Le Premier ministre a été interrogé sur le rôle des pays occidentaux. Que répond-il? Que «chaque fois qu’un acteur étranger joue un rôle essentiel, c’est un dérapage programmé, immédiat ou six mois plus tard». Mais qu’il faut aider le Mali à faire face à ses problèmes de développement et à renforcer son armée.

Quelle leçon tire-t-il de la situation au Mali et des menaces de propagation qu’elle fait peser sur l’Algérie? Selon Ouyahia, il faut plus de rigueur dans la lutte contre le terrorisme et il faut qu’un terme soit mis au paiement des rançons. Il promet aussi de continuer à intensifier la coopération internationale pour maîtriser le terrorisme dans le Sahel. Enfin, Le Monde n’a pas pu s’empêcher d’évoquer la situation de la famille d’El Gueddafi dont les membres seront là tout le temps qu’ils le souhaitent étant entendu qu’ils ne se livrent à aucune hostilité ni subversion».