Ouvrage collectif coordonné par Allas Di Tlelli: “Katia Bengana, la lycéenne qui a nargué l’islamisme

Ouvrage collectif coordonné par Allas Di Tlelli: “Katia Bengana, la lycéenne qui a nargué l’islamisme

Ce livre consacré à la lycéenne assassinée à l’âge de 17 ans, le 28 février 1994, par les hordes islamistes dont elle refusait le diktat, aborde, entre autres, la portée politique, culturelle et sociologique de son combat.

Il se veut un hommage à Katia Bengana, mais pas seulement. L’ouvrage qui vient d’être consacré à cette lycéenne assassinée le 28 février 1994, par la horde des islamistes dont elle refusait le diktat se veut aussi, selon son auteur, “l’exhumation” d’une mémoire, pourtant récente, “des abysses d’une amnésie collective programmée, qui broie, l’un après l’autre, tous nos symboles”. “Katia Bengana, la lycéenne qui a nargué l’islamisme”, cet ouvrage collectif dirigé par Allas Di Tlelli, un romancier qui a été lauréat du prix Mouloud-Mammeri en 1993, explore les dimensions, à la fois politique, culturelle, intellectuelle, sociologique et civilisationnelle du combat de Katia Bengana, cette jeune adolescente qui, estime l’auteur, en acceptant de faire don de sa vie pour sa liberté alors qu’elle n’était âgée que de 17 ans, est devenue une héroïne puis symbole de résistance contre l’ordre religieux. “Cet ouvrage n’a pas pour but de stigmatiser, non plus l’ambition de cerner toute l’origine et le sens anthropologique, idéologique, historique et politique de la brutalité religieuse que sous-tend le voile arabo-musulman”, prévient l’auteur dans l’introduction de l’ouvrage.

C’est plutôt, soutient-il, une nécessité intrinsèque à la thématique principale qui est celle de l’évocation des repères et des évènements structurants de notre histoire récente et lointaine. Son ouvrage, Allas Di Tlelli l’entame avec la dernière confession faite par la jeune Katia à sa mère à la veille du lâche assassinat dont elle a été l’objet. “Plutôt mourir que porter ce hidjab. Si je suis obligée de garder une seule tenue toute ma vie, ce sera la robe kabyle, mais jamais ce voile importé d’ailleurs”, a été cette phrase qui résumait à la fois son combat et la cause de sa liquidation par les islamistes. Au fil du texte, l’auteur nous replonge, et c’est inévitable, dans l’univers de l’horreur islamiste des années 1990, puis fait revisiter au lecteur les origines historiques, religieuses et idéologiques du voile islamique, ses différentes sortes, leurs évolutions, les antagonismes qu’il a suscités entre les différentes tendances, les centres d’appui à l’apologie du voilement des femmes dans la propagande islamiste et, ainsi, son évolution jusqu’à devenir un étendard idéologique. L’auteur ne s’arrête pas au hidjab en tant que tel, mais va piocher plus profondément dans la culture qui l’entoure, et ce, en abordant les sujets toujours d’actualité de l’égalité des sexes, la place de la femme dans la société algérienne et dans les lois algériennes ainsi que les enjeux politiques et idéologiques sous-jacents.

Le reste du livre est articulé autour de témoignages, analyses et surtout une lecture transversale du combat de Katia Bengana, faite sous forme de contributions, par 56 auteurs, algériens et étrangers, venus du monde de la littérature, de la sociologie, des médias, de la culture. L’ouvrage est édité par les éditions de la Pensée.

Samir LESLOUS