Les élections de 2012 seront-elles libres, transparentes et équitables ?
Les réformes politiques changeront-elles la configuration du paysage politique ?
Maintenant que le calendrier du vote des textes de loi inscrits dans le cadre des réformes politiques est fixé, place aux interrogations.
Ces dernières deviennent de plus en plus audibles à l’approche des échéances électorales de 2012.
Ces réformes auront-elles les effets escomptés par le pouvoir ou confirmeront-elles les craintes de l’opposition?
Les textes de loi adoptés changeront-ils quelque chose à la situation politique du pays? La scène politique sera-t-elle reconfigurée après l’adoption de tous les textes? Les médias lourds seront-ils ouverts à toutes les sensibilités?
Les élections de 2012 seront-elles libres, transparentes et équitables? Les réponses à toutes ces questions sont négatives et la liste de ceux qui y croient se rétrécit de plus en plus. Preuve en est, même le MSP, membre de l’alliance présidentielle, a dénoncé les velléités de faire avorter ces réformes, appelant le chef de l’Etat à les retirer du Parlement afin de les soumettre à référendum.
Du côté du gouvernement, l’optimisme est sans commune mesure. Les ministres qui ont élaboré les textes concernés ont tous estimé, chacun en ce qui le concerne, que les lois des réformes constituent une avancée dans la consécration de la démocratie et la garantie d’une liberté plus large aux Algériens. Or, l’opposition appréhende les choses autrement.
« La question n’a jamais été affaire d’absence ou d’insuffisance de textes», a estimé le député de Bouira, Ali Brahimi, dans une déclaration à L’Expression.
Notre interlocuteur argue que le Code électoral qui a été voté reste très largement ouvert sur la fraude.
Un avis que partagent plusieurs partis politiques, dont le PT et AHD54, qui soupçonnent que le terrain de la fraude commence à être balisé pour les échéances de 2012. Ces échéances seront-elles libres, transparentes et équitables?
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, l’a confirmé à plusieurs reprises, affirmant que toutes les garanties pour des élections transparentes sont contenues dans la loi électorale, adoptée le 2 novembre dernier à l’APN. Or, la disposition qui garantit l’égalité des chances des candidats aux législatives, proposée dans le cadre des consultations politiques, a été supprimée du Code électoral.
Il s’agit de l’ex-article 93 qui obligeait les ministres désireux de se présenter à la députation de démissionner de leur poste trois mois avant les échéances.
Les partis estiment donc, qu’aucune garantie sérieuse n’est donnée pour la transparence des élections.
Le RCD et AHD54 ont demandé une large surveillance internationale des législatives, la présentant pour ce qui concerne le RCD, comme une condition préalable pour y prendre part.
Même l’accès aux médias publics, notamment la télévision, aux partis politiques n’est pas garanti pour le moment. Certaines formations n’ont pas manqué de vilipender l’Entv pour le boycott de leurs activités alors que d’autres déclinent tout simplement ses invitations. A travers la loi sur l’information, qui sera adoptée ce 14 décembre à l’APN, les journalistes, les politiques et les députés ont perçu une volonté du pouvoir d’ouvrir, sous le sceau du contrôle, l’information. Ces derniers estiment que la nouvelle loi est une régression par rapport à celle de 1990 laquelle verrouille le champ plus qu’elle ne l’ouvre.
Le représentant du gouvernement a défendu le contraire, allant jusqu’à annoncer une émission spéciale qui sera consacrée aux activités partisanes. Mais il appartient au temps d’apporter les véritables réponses à tout ce questionnement.