Le tribunal correctionnel de Larbaâ Nath Irathen (ex-Fort national), dans la région de Tizi Ouzou, a prononcé dimanche 12 décembre des peines de prison avec sursis contre quatre chrétiens poursuivis pour ouverture illégale d’un lieu de culte. Lors du procès qui s’est déroulé le 28 novembre dernier, le procureur avait requis un an de prison contre chacun des prévenus, soit le minimum de la peine prévue par la loi.
Abdenour Raid, Nacer Mokrani et Idir Haoudj, trois Algériens convertis au christianisme, ont écopé de 2 mois de prison avec sursis pour le chef d’inculpation « d’ouverture de lieu de culte sans autorisation de la Commission nationale des cultes autre que musulman». Yahou Mahmoud, poursuivi pour le même chef d’inculpation ainsi que celui d’avoir hébergé illégalement un pasteur français, a écopé de 3 mois de prison avec sursis ainsi que d’une amende 10 000 DA d’amende (72 euros). Les avocats de la défense ont décidé de faire appel de ce verdict, a appris DNA de l’entourage des avocats des quatre personnes.
Les prévenus, âgés entre 35 et 45 ans, étaient accusés d’avoir ouvert un lieu de culte protestant dans une localité proche de Larbaâ Nath Irathen sans avoir obtenu au préalable une autorisation. Un des quatre était également accusé d’avoir hébergé illégalement un pasteur français venu donner une conférence devant les membres de la communauté protestante établie dans cette région de Kabylie.
Tous étaient poursuivis sur la base de l’article 13 de la loi 03-06 de février 2006 lequel stipule qu’en Algérie l’exercice d’un culte musulman ou non musulman est soumis à une autorisation administrative.
Le procès de ces quatre protestants a connu trois reports successifs en août, le 26 septembre et, enfin, le 10 octobre. A chaque fois, le président du tribunal justifiait l’ajournement par l’absence au tribunal d’un ou de plusieurs témoins cités dans l’affaire.
Dans un entretien accordé à DNA le 28 novembre, Mustapha Krim, président d’EPA (Eglise protestante d’Algérie), appelait à la relaxe pure et simple des quatre personnes. « Je suis convaincu que le dossier des quatre chrétiens est vide, avait-il déclaré. Le fait que le procureur de la République demande dans son réquisitoire la peine minimale est la preuve que nos coreligionnaires sont innocents. Ils doivent être relaxés tout bonnement. Lors du procès, la défense a remarquablement joué son rôle. Elle a ainsi battu en brèche l’accusation qui ne se base sur aucun argument juridique, d’autant plus que la Constitution algérienne garantit la liberté de conscience. »
La condamnation des quatre chrétiens fait suite à divers autres procès intentés à des Algériens poursuivis pour avoir mangé durant le mois de ramadhan ou pour s’être convertis à la religion chrétienne
Le 8 novembre dernier, huit personnes avaient été relaxées par le tribunal correctionnel d’Akbou, dans la région de Béjaïa (250 km à l’est d’Alger). Dans la même localité, deux autres non jeûneurs avaient bénéficié d’une relaxe le 5 octobre à Ain El Hammam (ex-Michelet). Les 10 prévenus avaient été arrêtés par la police et inculpés par la justice pour s’être restaurés au cours du ramadan, mois sacré chez les musulmans.
La communauté chrétienne protestante n’est pas indemne de ces persécutions. En dépit des assurances des autorités algériennes quant au respect de la liberté de culte, plusieurs chrétiens ont été jugés et condamnés pour prosélytisme.