Ouverture, hier, de la réunion internationale sur le Sahel La lutte antiterroriste, par delà le sécuritaire

Ouverture, hier, de la réunion internationale sur le Sahel La lutte antiterroriste, par delà le sécuritaire

L’évolution de la situation dans la région du Sahel est de plus en plus préoccupante, notamment avec la prolifération des armes suite à la crise en Libye et le recours à la prise d’otages de ressortissants étrangers par les groupes terroristes.

C’est dans ce contexte sécuritaire de la région des pays du Sahel que les travaux de la première réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste au Sahel, institué dans le cadre du Forum global de la lutte contre le terrorisme (FGCT), ont débuté hier à Alger. A ce titre, Rezzag Bara, conseiller auprès du président de la République, a indiqué en marge de cette ouverture que ce «forum est destiné à mobiliser de manière approfondie les capacités de tous les Etats dans la lutte contre le terrorisme dans un cadre civil». Selon lui, l’objectif de cette rencontre consiste «à impliquer les services de justice, le financement du terrorisme, la sécurité frontalière, l’implication de la société civile et des communautés locales de l’ensemble des participants, dans cette action du FGCT». Dans ce contexte, il soulignera que «l’aspect militaire et sécuritaire dans la lutte contre le terrorisme n’est qu’un élément» et que «le plus important reste les questions de développement, de gouvernance et de capacités des Etats à répondre à cette menace», notamment avec «la situation de plus en plus préoccupante» qui prédomine dans la région du Sahel aggravée par la prolifération des armes suite au conflit libyen. C’est pourquoi Rezzag Bara appellera la communauté internationale à une prise de conscience collective pour faire face à la menace terroriste, estimant qu’«il s’agit de mettre en place des programmes concrets visant à développer les capacités des pays concernés par la lutte antiterroriste, et de la nécessité pour la communauté internationale de prendre conscience de l’ampleur de cette menace transnationale». Selon lui, «le Sahel doit être aujourd’hui une région d’intérêt central pour toute la communauté internationale lorsqu’il s’agit de la lutte contre le terrorisme transnational». Pour cela il plaidera pour la mobilisation de «l’ensemble des services concernés par la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans cette action, d’autant que le volet de la coopération militaire et sécuritaire n’est qu’un élément, certes le plus important, parmi tant d’autres, comme le développement, la gouvernance et le renforcement des capacités des Etats à répondre à cette menace et à son évolution».

«Les pays du Sahel assument les coûts les plus importants des activités terroristes»

Prenant la parole, Mme Sabine Nolke, directrice générale du Bureau principal de programme de sécurité internationale au ministère canadien des Affaires étrangères, fera savoir que son pays qui co-préside avec l’Algérie ce 1er forum global de la lutte contre le terrorisme, «s’intéresse de près à la sûreté et à la prospérité de la région du Sahel». Reconnaissant qu’en matière de terrorisme, même si tous ont conscience de ce problème et affichent leur volonté à y faire face, il n’en demeure pas moins que ce sont «ces Etats (du Sahel) qui sont en première ligne dans la lutte contre le terrorisme dans la région. Ils assument les coûts les plus importants des activités terroristes sur les plans humain et économique». Aussi, relevera-t-elle que les efforts et les capacités des pays membres du Forum «doivent être dirigés par les Etats du Sahel eux-mêmes et avoir une approche régionale pour porter leurs fruits». C’est d’ailleurs dans ce sens qu’elle soulignera que «les terroristes n’ont pas de frontières nationales», et donc «toute approche se limitant à la frontière d’un seul pays est vouée à l’échec».

«Le forum doit jouer un rôle de catalyseur»

L’ambassadeur américain Daniel Benjamin, prenant la parole à l’ouverture des travaux du FGCT, a appelé le groupe du travail Sahel du Forum global de la lutte contre le terrorisme à prendre en considération les expériences et les expertises des uns et des autres et à travailler en commun pour faire face à la menace terroriste dans la région. Il dira que même si «toutes les parties ne peuvent pas être toujours d’accord sur chaque question», il n’en demeure pas moins que tous s’accordent à reconnaître qu’«il y a des besoins et défis urgents qui ne sont pas adressés et que chaque pays ou organisation présents possède l’expertise unique d’apporter une contribution». Il indiquera à cet effet : «Nous savons que ce qui peut être adapté à un pays ne peut pas l’être à un autre. Mais nous pouvons apprendre beaucoup des uns et des autres alors que nous travaillons ensemble à bâtir la coopération et la capacité de faire face à la menace terroriste dans la région». En outre, le diplomate américain estimera que cette réunion du FGCT doit «jouer un rôle de catalyseur par rapport au nombre croissant des activités relatives à la lutte antiterroriste dans la région». D’autre part, il rappellera que ce Forum «a été lancé par la secrétaire d’Etat américaine et le ministre turc des Affaires étrangères, le 22 septembre à New York, et constitue une nouvelle plateforme informelle dans la lutte antiterroriste multilatérale pour identifier les besoins civils critiques en termes de lutte antiterroriste, mobiliser l’expertise et les ressources nécessaires pour faire face à ce genre de besoins et développer la coopération globale». C’est pourquoi il invitera les membres du FGTC à s’assurer de «la participation complète des gouvernements locaux clés et des instances et organismes régionaux et sous-régionaux depuis le début de son travail». Car selon lui, il s’agit d’«une étape critique pour bâtir un sentiment de propriété et de légitimité régionale nécessaires dans la région pour assurer le succès des groupes».

Dans cet ordre d’idées, il dira la satisfaction américaine quant aux «résultats concrets annoncés lors du lancement du FGTC».

Par ailleurs, s’agissant du paiement de rançons, Daniel Benjamin dira que son pays partage la position de l’Algérie pour ce qui est du principe de non- paiement de rançons lors de prise d’otages par les groupes terroristes, invitant les autres pays concernés par ce fléau à s’aligner sur cette position et à criminaliser les rançons.

Quant à Abdelaziz Sebaâ, dans sa lecture de l’allocution de Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, il soulignera l’importance de créer à travers les travaux de ce Forum «une dynamique et un élan qu’il s’agira de maintenir et de renforcer». Le chef de cabinet soulignera à ce propos que l’Algérie «ne ménagera aucun effort pour la réussite des travaux du groupe et au-delà du Forum global lui-même», plaidant ainsi pour un partenariat efficace entre les pays de la région et les partenaires extra-régionaux pour dégager un ensemble de principes qui régissent et structurent le partenariat recherché. Il mettra en exergue «l’indivisibilité de la sécurité et du développement, la complémentarité entre les différentes stratégies et approches pour le Sahel, ainsi que la primauté de l’appropriation qui stipule que les Etats de la région sont les premiers responsables de la sécurité individuelle et collective de leurs pays».

Par Lynda Naili Bourebrab