La commission des comptes publics de la Chambre des communes britannique va sommer la HSBC Bank de fournir des éléments pour expliquer ses pratiques qui ont aidé certains de ses clients, notamment de riches industriels
et des personnalités politiques, à cacher des milliards de dollars pour leur éviter de payer des impôts.
Le géant bancaire HSBC étant d’origine britannique, des députés, membres de la commission des comptes publics de la Chambre des communes, ont annoncé lundi l’ouverture rapide d’une enquête sur les pratiques de cette banque, dont le siège est à Londres. “Les révélations concernant la HSBC démontrent une fois de plus l’opacité d’une industrie mondiale au service d’une élite nantie”, a déclaré Margaret Hodge, la présidente de la commission, à la BBC. Elle affirmé que “la commission des comptes publics va ouvrir d’urgence une enquête et demander à la HSBC de fournir des éléments — et si nécessaire lui ordonner de le faire”.
Il faut croire que les banquiers de HSBC Suisse ne reculaient devant rien pour satisfaire leur clientèle. Il s’avère qu’ils se sont rendus dans au moins 25 pays sur quatre continents pour rencontrer en toute discrétion et souvent dans l’illégalité leurs clients ayant placé des fonds non déclarés. Ce sont les nouvelles révélations entrant dans le cadre de l’opération SwissLeaks publiées hier par des médias suisses. Entre 2004 et 2005, les documents de SwissLeaks, soit les données volées à HSBC Suisse par l’ex-informaticien Hervé Falciani, montrent qu’il y a eu au moins 1 645 rendez-vous à l’étranger dans 25 pays avec des clients de la banque, écrivent mardi les journaux suisses Tages Anzeiger et Le Temps.
Ces banquiers, qui prenaient régulièrement l’avion pour voir leurs clients au bout du monde ou en Europe, étaient appelés des “Relations Managers”, ou RM. Ils étaient aux petits soins pour leurs clients ou futurs clients, qu’ils rencontraient dans des salons privés de grands hôtels, à Tel-Aviv ou à Paris, dans un piano bar d’Anvers, à l’aéroport de Pointe-Noire au Congo, ou dans “une résidence d’été de Copenhague”. Ces rendez-vous se déroulaient la plupart du temps dans des hôtels de luxe ou des restaurants gastronomiques.
Lorsqu’il s’agissait de simples visites de courtoisie, ces visites étaient légales. Mais lorsque le banquier en profitait pour faire des opérations, comme la récupération de nouveaux fonds et d’aides au contournement des impôts, ces visites étaient illégales. Cinq de ces
25 pays, à savoir les États-Unis, la France, l’Argentine, l’Espagne et la Belgique ont engagé des procédures judiciaires contre HSBC Suisse. Selon une fiche de SwissLeaks, un retraité, né en Turquie, a rencontré à Paris en janvier 2005 un RM. La note rédigée par ce chargé de clientèle indique que “le client voulait me voir pour discuter de la fermeture de deux comptes chez Barclays et UBS et le transfert chez nous. Au vu des portefeuilles, on pourra recevoir approximativement 1 million de dollars”. Ces banquiers profitaient aussi de ces visites pour proposer à leurs clients des solutions pour échapper à une taxe européenne sur les dépôts en Suisse détenus par des Européens, appelée ESD (European Savings directive), entrée en vigueur en 2005. Cet impôt frappe à hauteur de 15% au moins les intérêts de cette épargne européenne en Suisse. Tous ces voyages étaient illégaux car ces banquiers n’avaient pas de licence bancaire pour proposer leurs services dans ces pays.
M T./Agences