Ouverture du procès Salsabile, ce matin, à Oran: L’assassin présumé encourt la peine de mort

Ouverture du procès Salsabile, ce matin, à Oran: L’assassin présumé encourt la peine de mort

Mohamed Nadir

Ouverture du procès Salsabile, ce matin, à Oran: L’assassin présumé encourt la peine de mort

Ce matin, en ouverture de sa troisième session ordinaire, le Tribunal criminel de première instance, près la cour d’Oran doit examiner le dossier de la petite Salsabile dont le viol et l’assassinat ont réveillé, dans la mémoire collective algérienne, d’anciennes blessures liées aux affaires Soundous, Chaïma, Brahim, Naoufel, Nihal…, tous des enfants kidnappés et tués depuis près d’une dizaine d’années.

La découverte du corps de Salsabile, jeté dans un sac de plastique à quelques mètres du domicile familial, le 19 août 2018, a failli provoquer des troubles dans la rue oranaise lorsque des citoyens, révoltés par cet énième atteinte à l’enfance, ont appelé à l’organisation d’une marche populaire pour dénoncer la situation mais, aussi, pour remettre sur le tapis l’exigence de l’application de la peine de mort contre les assassins d’enfants. A la télévision, dans les journaux comme à travers les réseaux sociaux, des dizaines d’Algériens, bouleversés, ont exprimé leur vœu de voir, le ou les assassins de Salsabile, condamnés à mort.

Une affaire bouclée en un mois

Face à cette ébullition, police et justice se sont mobilisées pour identifier le ou les coupables afin qu’ils soient jugés dans les plus brefs délais. C’est ainsi que moins de 24 heures après la découverte du corps de la victime, le procureur de la République près la cour d’Oran, Tebboub Hamza, animait une conférence de presse pour annoncer l’inculpation de deux personnes : K. Aziz, 18 ans, voisin de la victime, accusé de meurtre avec prémédication et attentat à la pudeur sur mineure de moins de 16 ans, et C. Mohamed, 30 ans, poursuivi de complicité. Selon l’acte d’accusation, Aziz serait passé aux aveux, reconnaissant avoir attiré chez lui la petite Salsabile, la matinée du samedi 18 août, alors qu’elle se trouvait chez l’un des épiciers du quartier, et avoir abusé d’elle avant de l’étrangler. Mohamed aurait, lui, aidé à transporter la dépouille de la victime, à bord de sa camionnette, du domicile de Aziz jusqu’au lieu où le corps a été découvert. Et alors que l’enrôlement des procès nécessite des mois de procédures, celui de Salsabile a été inscrit au rôle de la présente session, trente jours à peine, après la perpétration du crime. C’est dire si les autorités avaient à cœur de calmer la rue et de prévenir toute manifestation qui aurait pu altérer le déroulement de la rentrée sociale.

L’impact émotionnel

Aujourd’hui, cette affaire qui a bouleversé l’Algérie et continue de faire parler, dans les chaumières, sera débattue dans une enceinte de justice où seuls les faits et les preuves matérielles sont pris en considération. Les inculpés donneront leurs versions, les témoins apporteront leurs éclairages, l’accusation exposera les éléments à charge et les avocats de la défense tenteront de plaider la cause leurs clients. Les trois magistrats et quatre jurés populaires devront délibérer et rendre leur décision, en fonction des débats qui se seront déroulés dans la salle d’audience, loin de toute considération émotionnelle. C’est là toute la difficulté d’un procès qui va juger les présumés assassins de la petite Salsabile et non pas de l’ensemble des enfants kidnappés et assassinés.