Ouverture du procès eni-sonatrach le 13 mai à Milan, un témoin nommé Chakib Khelil

Ouverture du procès eni-sonatrach le 13 mai à Milan, un témoin nommé Chakib Khelil

2014-chakib_khalil01_346765469.jpgL’affaire concerne des contrats douteux d’une valeur globale de 8 milliards d’euros, obtenus sur plusieurs années par Saipem.

Le procureur italien chargé de l’affaire Sonatrach 2 a estimé que le procès ENI-Sonatrach, pour corruption et fraude fiscale qui s’ouvre le 13 mai à Milan, en Italie, ne peut se dérouler sans la présence de témoins importants.Il a notamment convoqué Chakib Khelil, Farid Bejaoui et Réda Hemche.

Pour rappel, il s’agit de plusieurs contrats douteux d’une valeur globale de 8 milliards d’euros, obtenus sur plusieurs années par Saipem en Algérie. Saipem est un groupe italien de services parapétroliers, propriété, à hauteur de 42%, du géant pétrolier ENI… La presse italienne fait déjà état d’un lien établi par les enquêteurs, entre Pietro Varone, un des dirigeants de Saipem et Farid Bedjaoui, dans l’affaire des 200 millions d’euros de pots-de-vin qui auraient été versés à l’ex-ministre Chakib Khelil.

Ce nom, justement au centre de l’affaire, risque d’être cité à la barre, sans que personne ne réponde à l’appel du juge. L’ancien ministre devrait ignorer la convocation des juges italiens, dit-on dans les milieux de la presse italienne.

Le report du procès est donc envisageable. Au même titre d’ailleurs que celui de Sonatrach 1 à Alger, où un nombre important de témoins ne s’étaient pas présentés. Les avocats de la défense dont Khaled Bourayou et Mokrane Aït Larbi, ainsi que Abdelmadjid Silini, avaient réclamé la présence de 38 témoins, absents.

Le nom de Chakib Khelil planera tout au long du déroulement des deux procès.Et pour cause, bousculée par les révélations parues dans la presse italienne durant l’été 2013, la justice algérienne a fini par lancer un mandat d’amener international à l’endroit de Chakib Khelil.

Les magistrats italiens, Fabio De Pasquale et Sergio Spadaro promettent de mener leurs investigations jusqu’au bout pour faire la lumière sur ce scandale qui a été ressenti comme une catastrophe financière par les Italiens.

Le parquet de Milan avait déclenché une série d’enquêtes relatives à sept contrats concrétisés entre la filiale du group ENI, Saipem en Algérie, pour un montant de 8 milliards d’euros. Tous les soupçons s’orientent vers la personne de Farid Bedjaoui, considéré comme intermédiaire pour l’encaissement de pots-de-vin. Selon les rapports de l’ex-administrateur délégué à l’ENI, Paolo Scaroni, plusieurs rencontres entre Bedjaoui et Khelil ont eu lieu en France et en Italie autour de ces contrats.

Pour sa défense, l’ex-ministre invoquera un complot ourdi par ses adversaires politiques. Cela dit, il tentera, selon des informations de presse, d’empêcher la justice suisse de communiquer des informations sur ses comptes bancaires dans la Confédération helvétique.

Un rejet relatif à la demande de blocage de ces informations, lui a été clairement signifié le 14 janvier par le tribunal fédéral suisse. Par contre, ce dernier a bien identifié des virements sur le compte détenu conjointement avec son épouse, il en va de même pour les quatre autres comptes détenus par ses fils.

Donc, toute la problématique de cette affaire réside dans l’établissement d’une preuve formelle de l’implication, de l’ex-ministre dans l’affaire des pots-de-vin, du contrat de réalisation du gazoduc de Sardaigne, et de son rôle «prépondérant dans les montages corruptifs. Au vu des éléments recueillis par les enquêteurs, autant que par la presse des deux pays, il semble que durant son règne à la tête du secteur de l’énergie, l’ex-ministre avait toute l’impunité d’opérer ses manoeuvres frauduleuses orchestrées par ses deux hommes de mains à savoir, Farid Bedjaoui et Réda Hemche.

Les soupçons qui reposent sur lui font l’unanimité au sein de l’opinion publique des deux pays. Cependant, en vertu du principe de présomption d’innocence, tous les éléments de l’accusation à son encontre n’ont aucune valeur judiciaire. Ni sa proximité établie avec les principaux accusés, ni son séjour en Amérique considéré comme une cabale, ne constituent pour l’instant des arguments de poursuites. Il ne peut être cité qu’en qualité de témoin dans les différentes affaires.

Par conséquent, le tribunal considère que seul un accord entre Washington et Alger pourrait déboucher sur l’extradition de Chakib Khelil. En outre, la grande interrogation qui se profile, que ce soit du côté algérien comme du côté italien, serait de savoir si l’ex-ministre se rendra au procès du 13 mai à Milan.