L’ouverture des travaux des septièmes assises régionales sur le développement local a eu lieu, hier à Alger. Présidés par M. Mohamed Seghir Babès, président du Conseil national économique et social (CNES), les travaux de ces assises, qui constituent la fin de la deuxième étape de la Concertation nationale sur le développement local et les attentes des populations, ont regroupé les représentants de neuf wilayas du centre du pays, en présence d’un membre du panel des éminentes personnalités africaines.
Précisons que les septièmes assises régionales d’Alger sont marquées par la première séquence du processus de la Concertation nationale à laquelle un observateur étranger a tenu à assister.
Il s’agit de Julienne Donziel, chargée de l’évaluation et du suivi de la mise en œuvre du programme des recommandations dégagées par le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) sur l’Algérie.
Dans son allocution, M. Babès a affirmé, en s’adressant au membre du panel, que l’initiative des assises «est l’une des caractéristiques majeures des approches, des méthodologies qui est derrière le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP)».
Il ajoute : «Nous avons eu comme mission au Conseil national économique et social, chargés d’aligner cette mission au respect des orientations du Président de la République». «En organisant un espace d’écoute attentive de l’ensemble des secteurs au niveau des territoires, au niveau des communes et des wilayas», a-t-il dit. Le président du CNES a précisé que «dans cette septième assise, seconde étape que nous tenons avant d’aborder les assises nationales, il est apporté au plus haut point que la décision du Président de la République, même émise lors de la tenue du Conseil des ministres le 28 août 2011, consistant que les recommandations issues des assises nationales qui se tiennent dans le cadre de cette mission était automatiquement versées au plan national des réformes politiques».
Lancés en septembre dernier, les travaux de ces assises se dérouleront en présence des chefs de l’exécutif, des élus locaux et des représentants de la société civile des wilayas d’Alger, Blida, Chlef, Tipasa, Ain-Defla, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Médéa et Bouira. Les assises d’Alger, tout comme les six précédentes rencontres similaires tenues successivement depuis le13 novembre dernier, visent l’élaboration d’une plate-forme de recommandations à même d’adapter les politiques publiques du développement local aux préoc- cupations et aux attentes citoyen-nes. Précisons, encore une fois, que cette plate-forme de recommandations sera débattue et enrichie par les participants aux Assises nationales, prévues en décembre à Alger au titre de la troisième et dernière étape de la Concertation nationale.
Les travaux de cette rencontre se dérouleront en quatre ateliers. Dirigé par un membre du CNES, chaque atelier regroupera un ou plusieurs walis, des élus locaux et des membres de la société civile autour du thème principal de la Concertation nationale : le développement local et les attentes des populations.
Axé sur la stratégie et sur les politiques de développement local, le premier atelier constituera une occasion de proposer des solutions relatives à la gestion des projets industriels, la mise en œuvre des Programmes communaux de développement (PCD) et à l’optimisation des finances locales.
Quand au deuxième atelier, dont le thème est la réhabilitation des services publics et leur recentrage sur les besoins réels des citoyens, il dégagera, pour sa part, des recommandations portant sur l’amélioration des services de l’état civil et de la mise en œuvre des programmes d’aide et de solidarité sociale au niveau local.
Les participants au troisième atelier, axé sur la gouvernance locale, s’attelleront de leur côté à débattre les propositions visant le renforcement des relations wali-élus locaux et wali-administration centrale.
Enfin les thèmes du quatrième et dernier atelier sont localisés sur la création d’associations, le financement du mouvement associatif, et la relation de ce mouvement avec les autorités locale.
Pour rappel, les assises régionales ont été entamées le 13 novembre dernier. Elles ont vu l’organisation d’une série d’assises régionales qui ont regroupé les chefs de l’exécutif, des élus locaux et des représentants de la société civile des wilayas du Sud, des Hauts Plateaux, de l’est et de l’ouest du pays.
Précisons que les six précédentes assises régionales ont été organisées successivement à Ouargla, Béchar, Laghouat, Oran, Annaba et Bordj Bou-Arréridj.
Sihem Oubraham
3 questions à Mme Donziel, membre du MAEP
« La concertation sur le développement local en Algérie est une référence pour d’autres pays »
La réussite de la Concertation nationale sur le développement local en Algérie constituerait une référence dans la prise en charge des préoccupations socioéconomiques des populations dans d’autres pays, a affirmé Mme Julienne Donziel.
Que pensez-vous de la concertation sur le développement local que l’Algérie est en train de mener?
« Je suis très fière de cette initiative démocratique, car nous avons besoin de ça dans nos pays africains. Nous avons besoin d’entendre la voix de la base qui remonte au sommet, traduite sincèrement par des Africains très engagés. Des Africains qui ont à cœur le développement de leur pays et du continent par une démocratie participative. Cette concertation, à mon avis, permettra de répondre aux préoccupations socio- économiques du peuple. Je suis très contente d’être là. »
D’après vous, comment les pays, africains notamment, perçoivent cette concertation ?
« Elle revêt un intérêt particulier. Nous, pays africains, avons besoin de ce genre d’exercice pour partager et faire sortir ce que nous avons dans nos entrailles. Je parle surtout des populations de la base dont la voix n’est pas toujours entendue au sommet. Chaque pays a besoin de pratiquer ce type d’exercice. En allant plus loin, je pense qu’on aurait pu éviter pas mal de situations si certains pays africains, sans citer les noms, avaient procédé à cet exercice.
La concertation en Algérie rejoint ce que nous faisons au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP). Evidemment, les pays qui sont engagés dans ce processus d’évaluation, à l’image de l’Algérie, sont conscients du bénéfice possible. Certains pays voisins de l’Algérie auraient pu, peut-être, profiter de ce qui se passe en Algérie.»
La réussite de cet exercice pourrait donc constituer une référence dans la prise en charge des préoccupations socioéconomiques des populations dans d’autres pays
« Evidemment que si cet exercice réussit en Algérie, cela peut l’être aussi dans d’autres pays. Le tout est de réussir à atteindre les résultats souhaités. Nous avons entendu la base, nous sommes actuellement dans l’étape de synthèse de toutes les préoccupations de la base (populations) et de transposition en recommandations très pointues. Ces recommandations, selon la volonté du Chef de l’Etat, vont être transmises au gouvernement qui va les mettre en œuvre. C’est donc sa mise en œuvre qui va déterminer la réussite de la concertation en Algérie. A partir du moment où les populations vont ressentir les retombées de cet exercice, largement démocratique, c’est là où nous pourrons parler de réussite et que cette réussite pourra inspirer d’autres pays. Les deux conditions nécessaires à la réussite de la concertation en Algérie sont réunies : la volonté politique et les moyens financiers. Maintenant, il faudra attendre qu’on traduise tout cela en actes. »
La participation citoyenne pour contourner la bureaucratie
lAprès avoir sillonné plusieurs régions de l’Algérie profonde dans le cadre de la concertation sur le développement local, l’équipe du Conseil national économique et social (CNES) conduite par son président M. Mohamed Seghir Babès aborde une étape cruciale avec la tenue hier à Alger des assises régionales. Cette rencontre s’est vue assigner la tâche d’élaborer une plate-forme de recommandations devant être débattue lors des assises nationales prévues en décembre dans la capitale. La démarche consistant à sortir des bureaux pour aller sur le terrain et être à l’écoute des citoyens, recueillir l’avis des élus, des associations et autres acteurs, le choix du CNES, institution consultative représentative de la société civile organisée et en charge de l’évaluation de la mise en œuvre des politiques publiques qui s’est vue confier par le Président de la République la mission de mener le travail de concertation sur le dossier du développement local, autant d’éléments qui renseignent sur la volonté des autorités du pays d’opérer une rupture systémique dans la stratégie de développement local, en particulier sous l’angle de la prise en charge des attentes des citoyens. A l’évidence, l’initiative du Chef de l’Etat s’imposait au vu de l’état des lieux faisant ressortir des résultats en deçà de ce qu’on était en droit d’espérer compte tenu des moyens colossaux mobilisés par les pouvoirs publics pour impulser un développement local durable induisant une réelle prise en charge des préoccupations des citoyens au plan de l’emploi, du logement, de la santé, de l’éducation, etc. La couverture par les différents médias, notamment la télévision, des rencontres de concertation dans différentes régions du pays ont permis de constater la forte participation des acteurs de la société civile et le niveau élevé des débats caractérisés par le franc-parler et l’absence de tabous. La somme des propositions formulées comme solutions aux problèmes qui se posent tenant compte des réalités locales est jugée hautement appréciable sous l’angle de la pertinence et de la faisabilité même si un gros travail d’évaluation pour dégager les recommandations à présenter au Chef de l’Etat pour être mises en œuvre reste à faire lors des prochaines rencontres. Les débats ont mis en évidence aussi que malgré les avancées de la démocratie qui a permis l’émergence d’élus d’obédience plurielle il y a beaucoup à faire pour que la pratique démocratique, les principes d’équité et de transparence apparaissent réellement comme la norme au sein de nos collectivités locales.
Aussi la décision de repositionner la participation citoyenne dans cette nouvelle démarche de définition de la feuille de route en matière de développement local suscite-t-elle aujourd’hui un grand espoir chez les citoyens en butte à l’obstacle tenace de la bureaucratie.
La concrétisation des recommandations issues de la concertation revêtira toute sa portée s’il constitue le signal pour l’avènement d’une nouvelle ère pour la démocratie participative.
M. Brahim