Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, reconnaît, en filigrane, l’échec de son département dans la gestion du dossier relatif aux permanences durant les fêtes religieuses, notamment l’Aïd. Il tombe ainsi dans une autre contradiction, car c’est luimême qui avait affirmé auparavant que le nombre des commerçants n’ayant pas assuré la permanence durant l’Aïd-el-Fitr passé était «insignifiant».
Le premier responsable du secteur de commerce qui avait soutenu, il y a de cela deux mois ou presque, que 90 % des commerçants ont assuré la permanence durant les deux jours de l’Aïd écoulé, se «rétracte» en quelque sorte pour dire que certaines wilayas, comme la capitale, ont fait l’exception.
En effet, même si Benbada soutient toujours que les mesures prises par son département ont porté leurs fruits, il n’en demeure pas moins que ce dernier reconnaît que les services de son ministère n’ont pas fait leur travail. «Il est vrai que l’opération n’a pas réussi au niveau de certaines wilayas, comme Alger.
Mais, il faut savoir que cette même opération a réussi dans plusieurs autres wilayas», a indiqué Mustapha Benbada hier lors d’un point de presse animé en marge d’une rencontre d’évaluation avec les directeurs de wilayas du Commerce tenue à la Safex ( Alger).
Le ministre, qui parle de 350 commerçants sanctionnés, laisse-entendre en outre que plusieurs autres commerçants ne l’ont pas été car, a-t-il expliqué, «ceux-ci n’ont pas été avisés à temps».
«On ne peut pas sanctionner un commerçant qu’on n’a pas avisé à temps pour qu’il prenne ses dispositions. C’est la faute aux agents auxquels on a confié cette tâche», poursuit-il, en faisant remarquer que les commerçants n’ont pas le droit de trouver de prétextes dans ce sens pour l’Aïd-el-Kebir puisque les préparatifs ont commencé depuis un bon moment déjà.
Cela étant, le ministre du Commerce qui qualifie l’ouverture des permanences durant l’Aïd de simple «expérience» fait un autre aveu qui confirme, si besoin est, que celui-ci a du mal à maîtriser ce «dossier». Il faut rappeler dans ce sens qu’un texte de loi a été amendé rien que pour obliger les commerçants à s’y conformer.
Mais, Benbada donne l’air de ne pas vouloir appliquer cette dernière, car il revient encore à la charge pour dire que l’Aïdel- Kebir qui sera célébré dans les tout prochains jours sera une autre «station» pour voir si les efforts des directeurs de wilayas seront suivis d’effets. «C’est une autre expérience», a-t-il encore martelé.
ENTRE EXPLICATIONS CONFUSES ET FUITE EN AVANT
S’agissant du contrôle des prix, Mustapha Benbada s’en lave les mains, dans ce cas là aussi, en précisant que ceux-ci ne sont pas réglementés pour que son ministère fasse son travail. «Nous avons constaté 2% d’infractions liées au nonrespect des prix réglementés», a-t-il indiqué.
Le ministre décoche ainsi des flèches à l’encontre de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui déplore le «laisser-aller» de la tutelle concernant cette question, en précisant que «c’est à cette organisation de faire son travail de sensibilisation avec les commerçants».
Continuant sur la même lancée, le ministre estime aussi qu’on ne peut mettre un terme à la flambée des prix qu’à travers un véritable lancement de la machine de production. Interrogé sur le phénomène lié à la vente anarchique des moutons, Benbada jette, là encore, la balle aux ministères de l’Agriculture et celui de l’Intérieur.
«Le ministère de l’Agriculture est censé faire un travail sur le plan sanitaire et celui de l’Intérieur doit, par l’intermédiaire des walis et des responsables locaux, réserver des emplacements spécifiques pour la vente de ces bêtes», a-t-il expliqué, en précisant que son département ne peut pas intervenir par rapport aux prix pour la simple raison, a-t-il enchaîné, que ceux-ci ne sont pas «plafonnés» ou «réglementés».
Quant au marché informel, le conférencier s’est dit satisfait des «avancées» réalisées en la matière. «Nous avons éradiqué 826 sur un total de 1368 marchés parallèles. Nous avons aussi réservé 12 milliards de dinars pour la réalisation de 861 marchés couverts, dont 327 seront construits par Batimetal», s’est-il réjoui. Sur un autre chapitre, le premier responsable de secteur du commerce a qualifié la facture des importations estimée à 28 milliards de dollars d’«insignifiante » compte tenu de la marchandise importée.
«Les importations des véhicules utilitaires sont estimées, à elles seules, à 4 milliards de dollars. C’est dans l’optique de réduire ces importations d’ailleurs que s’inscrit le projet de Loi de finances 2014 adopté récemment par le Conseil des ministres», ajoute-il.
Et de poursuivre : «Si l’on compare la valeur de nos importations à celles de la Turquie estimées à 200 milliards, l’on trouvera que les nôtres sont insignifiantes ». En revanche, le ministre a fait savoir que des groupes de travail ont été installés pour enquêter sur d’éventuelles infractions liées aux règles de change.
Soufiane Dadi